Critique : Free State of Jones

Le discret Gary Ross, qui n’était pas passé derrière les caméras depuis le premier Hunger Games en 2012, se penche sur un épisode méconnu de la guerre de Sécession en portant sur grand écran la vie de Newton Knight, un déserteur parmi les confédérés qui se dressa en figure de proue de la rébellion et du militantisme pour l’égalité des droits dans le Mississippi. Une fresque historique réussie bien que parfois confuse.

Au nom de l’égalité

Sans maîtriser l’histoire des Etats-Unis, il faut probablement avoir vu Lincoln de Steven Spielberg mais aussi Loving de Jeff Nichols – passé par Cannes et qui sortira seulement le 15 février 2017 – pour ne pas perdre pied devant Free State of Jones. Sans mentionner le britannique 12 years a Slave, le cinéma américain regarde enfin les sombres moments de son histoire en se penchant sur l’esclavagisme. Le film de Gary Ross débute en 1862 pour suivre Newton Knight, un fermier du Mississippi qui déserte le front à la mort de son neveu et qui découvre alors les injustices qui se déroulent loin des combats, la taxation colossale des fermes pour nourrir et vêtir les troupes. Mais c’est surtout l’abandon d’un combat qui ne lui appartient pas, un combat qui envoie les pauvres se faire massacrer tandis que les riches officient dans leurs plantations. Le fugitif, contraint d’abandonner femme et enfant après avoir protégé une ferme voisine fusil en main, se réfugie parmi un groupuscule d’esclaves en cavale, au cœur d’un marais. Esclaves noirs et déserteurs blancs vont former une communauté et se rebeller contre la Confédération : mais l’Union ne leur prêtera pas main forte. Ils déclarent alors leur indépendance comme l’état libre de Jones.

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Free States of Jones se poursuit au-delà de la guerre de Sécession, car malgré le XIIIème amendement, l’esclavagisme a perduré dans certains états du Sud, et ce n’est pas non plus la constitution qui peut se montrer capable d’annihiler le racisme. Bannir le terme « nègre », se battre pour une égalité sans distinction et le droit de jouir de ses terres, tel est le combat que mène Newton Knight aux côtés de sa nouvelle compagne, Rachel (Gugu Mbatha-Raw), une ancienne servante. Au-delà du droit de vote et des exactions du Ku Klux Kan, le film se projette plus de 80 années plus tard au cours d’un procès impliquant un descendant de Knight, qui soulève un alors autre droit violé, celui du mariage interracial. Un point auquel se consacre entièrement Loving de Jeff Nichols avec Joel Edgerton et Ruth Negga. Voilà pourquoi le film de Gary Ross peut conduire à la confusion, dans sa tentative de dresser à la fois le portrait de Newton Knight tout en traitant de la condition des personnes de couleur jusqu’aux années 1950. D’autant que le film montre un rythme inégal malgré un montage plutôt sensé et fluide, trouvant son énergie dans des scènes de batailles très violentes, de l’ouverture sur le front à un guet-apens envers les confédérés qui tourne au massacre absolu. Au centre de cette fresque historique au sujet fondamentalement passionnant et révoltant, Matthew McConaughey fascine toujours autant, habité, dégageant en orateur et leader une aisance qui lui semble tout à fait naturelle. A ses côtés, Mahershala Ali dans le rôle de Moses, un esclave évadé qui ne retrouvera sa femme et son fils qu’à la fin de la guerre, offre un visage d’insoumis et militant assez marquant.

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Au terme de ses 139 minutes, Free State of Jones quitte la dynastie Knight humblement, concluant sa tâche historique sans jamais avoir adopté un caractère purement pédagogique. Bien qu’imparfait, le biopic que livre Gary Ross se montre au-dessus du lot, autant par son approche que son sujet valorisant l’égalité et la liberté de tous. Un peu académique, certes, mais avec beaucoup de cœur.

3.5 étoiles

 

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Free State of Jones

Film américain
Réalisateur : Gary Ross
Avec : Matthew McConaughey, Gugu Mbatha-Raw, Mahershala Ali, Keri Russell, Christopher Berry, Sean Bridgers
Scénario de : Leonard Hartman, Gary Ross
Durée : 139 min
Genre : Biopic, Drame, Guerre
Date de sortie en France : 14 septembre 2016
Distributeur : Metropolitan FilmExport

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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