Test Blu-ray : Sans Filtre

Fiche Technique :

Sans Filtre (2022) réalisé par Ruben Östlund
Avec : Harris Dickinson, Charlbi Dean, Vicki Berlin, Dolly De Leon, Woody Harrelson, Zlatko Buric, Iris Berben, Jean-Christophe Folly
Titre original : Triangle of Sadness
Durée : 157 min
Genre : Comédie
Blu-ray testé : Edition française – Région B
Pistes Audio : Anglais Dolby Atmos (Dolby TrueHd) 7.1, Français DTS-HD Master audio 5.1 & 2.0
Sous-titres : Français, Français pour sourds et malentendants
Format d’image : 2.35:1
Codec : MPEG-4 AVC
Résolution : 1080p
Editeur : M6 Vidéo

Synopsis :

Après la Fashion Week, Carl et Yaya, couple de mannequins et influenceurs, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Tandis que l’équipage est aux petits soins avec les vacanciers, le capitaine refuse de sortir de sa cabine alors que le fameux dîner de gala approche. Les événements prennent une tournure inattendue et les rapports de force s’inversent lorsqu’une tempête se lève et met en danger le confort des passagers.

Le film :

Retrouvez la découverte du film au Festival de Cannes 2022.

Avec Sans Filtre, Ruben Östlund entre dans le club privé des cinéastes ayant remporté deux fois la Palme d’Or au Festival de Cannes. Si cette nouvelle satire se montre moins frappante que The Square (2017), elle affiche suffisamment de perspicacité et de férocité pour atteindre sa cible, jusqu’à rire jaune de certaines situations. Cette comédie, découpée en trois parties, feint de s’attaquer au milieu de la mode et des influenceurs en nous présentant son jeune couple formé par Yaya (la regrettée Charlbi Dean) et Carl (Harris Dickinson), pour mieux nous entraîner sur la fracture entre les classes sociales au cours d’une luxueuse croisière qui tourne à la catastrophe absolue – avec une scène d’anthologie lors du repas du commandant, un Woody Harrelson porté sur la bouteille et le communisme. Encore plus que dans le microcosme de l’art contemporain, avec pour toile de fond le rôle que doit tenir un père dans son précédent long métrage, Ruben Östlund déballe, non sans cynisme, l’étendue de la fatuité des ultra-riches dans un bal des vanités qui conduira Abigail (Dolly De Leon), en charge des toilettes du yacht, à trouver une nouvelle position hiérarchique. Tantôt subtil, tantôt à la lisière de l’immaturité, l’humour habitant le film s’étend sur tous les tableaux.

Au-delà de l’examen d’une société à la dérive et de la place qu’y tient la femme, il y a au centre du film le couple comme moteur social et professionnel : Yaya et Carl sont jeunes et beaux, rencontrent un succès qu’ils savent éphémère et si l’on peut questionner les sentiments qui les lient – et c’est après tout une conversation qui les occupera dans la première partie –, ils sont conscients de s’apporter des bénéfices mutuels. Mais dans un cadre de survie, leur relation s’effondre : la beauté plastique de Yaya ne représente plus rien dans un système où se nourrir et dormir à l’abri sont les priorités. Souvent désopilant, le film présente quelques séquences qui auraient pu donner une autre dynamique générale en se montrant plus courtes, tout comme une fin « semi-ouverte » où le cinéaste nous laisse en suspens lors d’une situation critique. Qu’importe, puisque cette odyssée drôle et chaotique au plus près des plus riches réussit à souligner les travers d’une neo-bourgeoisie répugnante sans jouer sur de purs archétypes ni de gros sabots. Un monde qui ne tourne plus rond attend une grande révolution…

Le Blu-ray

– Image :

Tourné avec des caméras Red mais aussi en Alexa, Sans filtre présente une image numérique soignée avec quelques disparités volontaires, comme lors de la première scène de casting de mannequins ou encore son unique plan infrarouge retenu dans le montage final – les scènes coupées permettent de découvrir le reste. La photographie se montre contrastée dans les ambiances tamisées ainsi que les scènes nocturnes pour tempérer les hautes lumières sur les scènes de jour, avec un aspect plus naturel. Les différents environnement se montre très détaillés, avec un piqué ciselant. On touche parfois aux limites du format dans des plans très larges avec des hautes lumières gommant certains détails dans la profondeur d’image (lampe torche sur un visage ou éclairage au feu), ainsi que de rares traces de rémanences dans les zones les plus sombres d’une séquence dans une chambre d’hôtel. Sur l’ensemble du film, c’est un transfert de très grande qualité.

– Son :

Seule la piste en VO est testée.
Avec sa piste en Dolby TrueHD 7.1 qui permet de solliciter pleinement les installations prévues pour le Dolby Atmos, Sans filtre joue dans la catégorie des films au mixage les plus modernes, dans une optique de finesse en accord avec l’action. Le sound design se veut discret, avec des emphases qui jouent un rôle au cours de certaines situations, comme l’essuie-glace d’un taxi ou une désagréable mouche lors d’un bain de soleil. Les musiques extra diégétiques sont rares et positionnées subtilement. Court détail mais très intéressant : un glissement d’un univers vers l’autre, lorsque le personnel du bateau s’affaire à nettoyer et qu’une employée lance « New Noise » du groupe de punk hardcore suédois Refused. Le morceau glissera de ses oreilles à une position extradiégétique où le chant et les guitares se déchaîneront sur l’installation. Une séquence qui fait suite à la plus animée en matière d’acoustique, la tempête traversée par la croisière qui ne s’amuse plus tout à fait… Le canal des voix se montre cristallin en toute situation. En somme, une piste irréprochable.
On notera la présence de sous-titres destinés aux sourds et malentendants.