Critique : A Cure for life

Près de quinze ans après son intéressant remake de The Ring, Gore Verbinski revient au thriller horrifique avec A Cure for life. Un film à la fois ambitieux et maladroit, qui renoue avec une certaine tradition du genre mais s’avère trop long pour satisfaire pleinement.

Anguille sous roche

Un air chantonné d’une voix enfantine. Des buildings noirs, impersonnels, presque effrayants. Dès son introduction, A Cure for life instaure un malaise qui n’est pas sans rappeler la première scène de Rosemary’s Baby de Roman Polanski. Mais le sujet est tout autre, ici, le monde de la finance se télescope avec le mode de vie étrange d’un sanatorium proche de l’asile psychiatrique, lui-même rappelant Shutter Island (et d’ailleurs, touché par des défauts communs au film de Scorsese). C’est l’histoire de Lockhart, un jeune loup de la finance campé brillamment par Dane DeHaan, envoyé en Suisse afin de sortir du sanatorium Pembroke (Harry Groener), le directeur de la société où il travaille afin de procéder à une fusion. Un jeune homme qui a suivi les traces de son père, qui s’est suicidé sous yeux alors qu’il était encore haut comme trois pommes, en se jetant d’un pont. Et l’eau sera partout dans ce film : dans le château isolé dans les Alpes suisses, l’eau est célébrée pour ses vertus médicinales mais l’on comprend rapidement qu’il y a (littéralement) anguille sous roche.

A Cure for life développe une singulière atmosphère. Le film, qui prend place de nos jours, pourrait se dérouler dans les années 1950 : au sanatorium, les téléphones mobiles ne sont d’aucune utilité, et tout nous ramène au passé, des vêtements du personnel à une photographie ayant banni toute couleur chaude, le film se déroulant dans des teintes d’un vert pâle inquiétant si ce n’est pas le gris qui envahit l’image. A la façon d’un enquêteur, Lockhart fouine, touche à tout, rencontre Volmer (Jason Isaacs), l’énigmatique directeur de l’établissement, établissement portant sa propre légende : incendié il y a deux siècles par des villageois en colère contre un baron incestueux qui aurait utilisé des paysans pour d’étranges expériences. Parmi la population vieillissante des patients, une seule jeune femme, qui, contrairement aux autres, n’a pas le droit d’approcher l’eau : Hannah (Mia Goth). Suite à un accident lui mettant la jambe droite dans le plâtre, Lockhart va devenir aussi un patient, partagé entre sa mission et les réminiscences de la mort de son père.

Il y a des séquences horrifiques et fantastiques absolument remarquables dans ce long métrage, du plongeon anxiogène dans une cuve ramenant à la condition du fœtus à une altercation dans un bar en passant par une scène sur le siège du dentiste des plus atroces. Toutefois, A Cure for life peine à s’envoler par son rythme et sa longueur, son système narratif ressemble à des déambulations dans des couloirs ponctuées d’explications plombantes qui ne font guère avancer le récit, récit qui ne capitalise pas sur ses mystères, faciles à discerner – restent alors le pourquoi et le comment. Le même défaut touchait le précédent film de Gore Verbinski, Lone Ranger, naissance d’un héros, séduisant film d’aventure trop long, à la narration parfois balourde, également scénarisé par Justin Haythe. Ici, le film aurait pu être fluidifié facilement par des coupes, et certains choix scénaristiques simples auraient pu épaissir les mystères pour atteindre un final grandiose. Là, le dernier acte se partage entre une résolution pleine de sens et de philosophie et une confrontation presque guignolesque. Formellement très soigné – bien que le découpage pourrait être encore plus fin –, avec des comédiens séduisants et une propension à nous conduire dans des situations cauchemardesques, le nouveau Gore Verbinski se positionne comme une œuvre difforme. Unissant l’horreur de la cupidité au niveau industriel avec la quête d’absolution et d’immortalité, A Cure for life reste, malgré ses défauts, une proposition de film fantastique à la lisière du film d’horreur pur assez plaisante.

3 étoiles

 

A Cure for life

Film américain, allemand
Réalisateur : Gore Verbinski
Avec : Dane DeHaan, Mia Goth, Jason Isaacs, Harry Groener, Celia Imri, Ivo Nandi
Titre original : A Cure for Wellness
Scénario de : Justin Haythe, Gore Verbinski
Durée : 146 min
Genre : Thriller, Fantastique, Horreur
Date de sortie en France : 15 février 2017
Distributeur : Twentieth Century Fox

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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