En Bref : Le Procès Goldman

Présenté en ouverture de la Quinzaine des cinéastes – anciennement Quinzaine des réalisateurs – lors du Festival de Cannes 2023, Le Procès Goldman de Cédric Kahn revient sur le second procès aux assises de Pierre Goldman, braqueur condamné à la prison à perpétuité pour meurtres lors de l’attaque d’une pharmacie. Alors qu’il admet tous les braquages qu’on lui impute, il réfute catégoriquement celui qui ferait de lui un meurtrier. Un film de procès rigoureux, sans fioriture et prenant.

Combien d’hommes condamnés à la prison à vie oseraient se débarrasser de leur avocat à quelques jours d’un ultime procès crucial ? Pierre Goldman, campé par un impressionnant Arieh Worthalter, tient de ceux-là. Mais Maitre Kiejman – Arthur Harari, également impliqué dans l’autre film de procès du cru Cannes 2023, Anatomie d’une chute –, refuse d’abandonner son fantasque client, véritable personnage capable de vociférer et de haranguer depuis le box des accusés, avec une vraie maîtrise du verbe comme du geste, faisant de ce procès une sorte de spectacle, hélas tragique. Cédric Kahn avoue prendre quelques libertés avec la réalité, mais qu’importe, ce qu’il nous offre ici, c’est une place de juré, dans un huis clos où les témoignages, souvent contradictoires, sont les seuls éléments pour établir le fait primordial : sommes-nous face à un meurtrier ? Les braquages, il ne les réfute pas, et son passé, qu’il aimerait ne pas dévoiler pour simplement affronter ce qu’on lui reproche, dessine un destin singulier, mais qui ne pourrait en aucun cas faire de lui le coupable idéal.

Au cœur de ce procès, il y a les problématiques du racisme et de l’antisémitisme. Des éléments qui peuvent être renversés : et si Goldman se positionnait comme la victime d’une machination du simple fait d’être juif ? Pourtant, malgré l’impartialité que recherche Cédric Kahn, qui se prive de musique, et nous prive de temporalité – impossible de déterminer le nombre de jours qui s’écoulent au palais de justice –, nous penchons en la faveur de Goldman, comme ces jeunes présents, et qui le soutiennent quand il dénonce le comportement des forces de l’ordre avec véhémence – du moins, certains policiers, car il fait preuve d’un profond respect devant le commissaire. Détaillant l’itinéraire d’un enfant loin d’être gâté, Le Procès Goldman secoue par le tempérament de l’accusé, personnage qui semble tout droit sorti d’un roman, capable de réactions incongrues mais avec une certaine classe, et ce, sans jamais passer la ligne rouge. Une succession d’interrogations, de détails et d’incidents, jusqu’à une plaidoirie déterminante. Ainsi s’affirme la justice.

3.5 étoiles

Le Procès Goldman de Cédric Kahn, en salle depuis le 27 septembre, avec Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphan Guérin-Tillié, Nicolas Briançon

Affiche Le Procès Goldman

 

Photos du film Copyright Moonshaker

Article rédigé par Dom

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