En Bref : Bernadette

Premier long-métrage de Léa Domenach, Bernadette se veut une comédie librement inspirée par la vie de la femme de celui qui mangeait des pommes, faisait de belles déclarations sur notre maison qui brûle et ne connaissait pas le nom des joueurs de l’équipe de France de football – une anecdote qui sera d’ailleurs platement représentée dans le film. Si Catherine Deneuve se glisse parfaitement dans ce rôle de Première dame, sans recherche de correspondance physique, on reste perplexe face à ce portrait de femme sans direction véritablement affirmée.

Partir d’une figure historique et jouer avec son destin est un exercice délicat. Du côté des femmes, on peut citer Sofia Coppola avec Kirsten Dunst dans Marie-Antoinette (2006) ou bien plus récemment Marie Kreutzer avec Vicky Krieps dans Corsage (2022) – Elisabeth d’Autriche. Deux œuvres admirables sur le plan purement artistique, un point qui nous rapproche du téléfilm dans le cas de Bernadette, qui débute joyeusement, avec une chorale qui reviendra çà et là. On sait très bien que le projet servira en partie à vérifier le dicton que derrière chaque grand homme se cache une femme, et si nous avons la chance d’avoir une souveraine du cinéma français dans le rôle-titre (et qui montre sans nul doute un rayonnement bien supérieur à son modèle), Michel Vuillermoz peine à convaincre en Jacques Chirac malgré la recherche physique appliquée. L’acteur lui ressemble, mais sans saisir son essence, ce qui plonge dans la plupart de ses séquences dans le pastiche incongru. Sa marionnette des regrettés Guignols de l’info aurait été plus marquante. Alors qu’en Nicolas Sarkozy, Laurent Stocker, principalement relooké au niveau capillaire, se montre des plus convaincants, sans abuser sur la gestuelle typique. Mais peut-être que le nettoyeur des cités au Kärcher est plus facile à interpréter ? Aspiré par la figure de Jacques Chirac, le film construit son portrait par le prisme de son regard – ces scènes si répétitives où le président tente de stopper à distance sa femme dans ses diverses actions publiques et politiques.

Dans ses grandes lignes, Bernadette dessine une trajectoire pourtant passionnante de l’histoire de la Ve République, mais l’aspect politique se montre trop timoré, même lorsque l’on est à nouveau saisi avec effroi de la présence du Front national au second tour de la présidentielle de 2002 – événement prédit ici de façon maladroite par Bernadette Chirac, bis repetita de la scène de conseil sur la dissolution de l’Assemblée nationale. L’autre aspect, intimiste, avec le versant purement familial, notamment Laurence Chirac (Waud Wyler), qui rejoint la sphère publique et l’opération des Pièces jaunes est relaté sans supplément d’énergie ou d’émotion. Récit d’une prise d’indépendance difficile d’une femme pour les siens, qui n’aura jamais lâché son mari malgré ses nombreux travers, Bernadette n’offre pas d’éclairage nouveau de sa figure centrale : au contraire, il conforte une certaine vision que nous avions d’elle. Dans une séquence au début du film, son directeur de cabinet joué par Denis Podalydès lui annonce qu’elle est vue par le personnel de l’Elysée comme une femme austère et revêche. Ce sont hélas deux adjectifs qui conviennent parfaitement pour ce long-métrage !

2 étoiles

Bernadette de Léa Domenach, en salle depuis le 4 octobre 2023, avec Catherine Deneuve, Michel Vuillermoz, Denis Podalydès.

Affiche du film Bernadette

 

Photos du film Copyright Warner Bros. France

Article rédigé par Dom

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