En Bref : Àma Gloria

Pour son premier long-métrage en solo, Marie Amachoukeli – récompensée de la Caméra d’Or en 2014 pour Party Girl, co-écrit et co-réalisé avec Claire Burger et Samuel Theis –, plonge dans son enfance : l’histoire de la petite Cléo et de sa nourrice originaire du Cap-Vert vient de sa propre expérience.

Curieusement, la scène d’ouverture du film, où Cléo (Louise Mauroy-Panzani) se trouve chez l’ophtalmologiste en compagnie de Gloria (Ilça Moreno Zego), sa nourrice, imposera çà et là un climat anxiogène, notamment quand l’enfant se trouvera éloignée de cette femme qui représente bien plus qu’une nourrice : c’est une véritable mère de substitution. Une mère de substitution éloignée de ses propres enfants, mais qui devra retourner sur ses terres natales, laissant Cléo dans une grande détresse. Il faut dire que sa mère est décédée, et que son père, joué par Arnaud Rebotini – musicien de la scène électronique –, est très peu présent. Mais il sera décidé que Cléo passe ses vacances là-bas, sur l’archipel.

La question de la proximité entre ces deux êtres – et donc, quelque part, la vue – est au cœur du film, qui reste à hauteur d’enfant, bien souvent au plus près de ses comédiennes. Si bien que lorsque l’on s’éloigne des plans serrés, que le cadre embrasse plus d’espace, il se produit quelque chose d’inquiétant : et s’il arrivait malheur à Cléo ? Marie Amachoukeli conditionne le spectateur dans un petit accident dans un parc au début du film, mais c’est avant tout la tendresse et l’amour qui irriguent cette vision de l’enfance. Désillusions et contrariétés font aussi partie de ce parcours, presque initiatique. Si en France, Cléo a toute l’attention de Gloria, au Cap-Vert, cette femme qui devient grand-mère a de nombreuses préoccupations. Concentré sur une dimension émotionnelle, Àma Gloria évite tout discours social ou politique. On pourra avant tout s’interroger sur l’intérêt de séquences d’animation peu séduisantes qui entremêlent un récit doux et sincère, pour un long-métrage qui ne pourrait exister sans l’alchimie absolue entre une enfant et une adulte d’horizons différents. Et peut-être que le message de la cinéaste se loge dans ce constat : l’amour dépasse aussi bien les liens du sang que les frontières.

3 étoiles

Àma Gloria de Marie Amachoukeli, en salle depuis le 30 août 2023, avec Louise Mauroy-Panzani, Ilça Moreno Zego, Arnaud Rebotini.

Affiche du film Àma Gloria

 

Photos du film Copyright Pyramide Distribution

Article rédigé par Dom

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