En Bref : Les Algues vertes

Désastre écologique et social, Les Algues vertes revient sur un scandale révélée par la journaliste Inès Léraud. Adaptée de la bande dessinée qu’elle a co-signé avec Pierre Van Hove, Les Algues vertes – l’histoire interdite, ce long-métrage de Pierre Jolivet tombe dans la case du film-enquête sans argument cinématographique.

Comme toute affaire impliquant les pouvoirs publics, Les Algues vertes présente un sujet révoltant, où l’omerta dévaste une région et provoque des morts : au nom de l’agro-industrie mondialisée et du tourisme, il est indispensable d’étouffer ou de défigurer le pire. Céline Sallette, qui tient littéralement le film sur ses épaules, interprète donc la journaliste à l’origine des révélations sur la toxicité des algues vertes ayant envahi le paysage breton, algues responsables de plusieurs victimes animales et humaines. Lorsque la jeune femme s’installe avec sa compagne en Bretagne, elle se heurte à l’animosité des agriculteurs locaux, même si quelques mains vont se tendre vers elle, jusqu’à ce qu’on lui demande d’arrêter sa chronique. Le message qui s’impose d’en haut : il faut arrêter de dénoncer les dérives de notre agriculture.

À l’inverse d’un Dark Waters (2019) de Todd Haynes, dans lequel Mark Ruffalo enquête sur des géants de la chimie, Les Algues vertes propose une mise en scène et un montage d’une platitude déconcertante. Du découpage des dialogues aux choix des cadres en extérieur – on bénéficie de la nature de la Bretagne, mais sans la sublimer –, tout nous rapproche d’un téléfilm, sans envergure, ni ambition. Sans Céline Sallette, le film s’effondrerait à mi-chemin. Pourtant, en adaptant un roman graphique, Pierre Jolivet dispose d’une approche artistique, d’un choix de couleurs, de cadres, et même d’idées de montage. Il est important que de telles affaires rayonnent au maximum, donc au-delà du domaine de l’information, mais quand une œuvre se montre aussi chétive, on peut difficilement la recommander et imaginer un impact pour prolonger le mouvement initial. Si Les Algues vertes salue bien le courage d’une journaliste qui enquête malgré les nombreux obstacles et dangers lorsque le mal gangrène une industrie jusqu’aux sommets de l’Etat, le geste confine à la médiocrité.

2 étoiles

Les Algues vertes de Pierre Jolivet, en salle depuis le 12 juillet 2023, avec Céline Sallette, Nina Meurisse, Julie Ferrier, Jonathan Lambert.

Affiche du film Les Algues vertes

 

Photos du film Copyright Haut et Court

Article rédigé par Dom

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6 commentaires

  1. J’ai vu le film et ne partage pas du tout l’analyse de Dom.
    Sobriété n’est pas synonyme de platitude.
    Le sujet est suffisamment grave pour qu’on n’ait pas besoin d’en rajouter.
    Écoutez un prélude de Bach: ce ne sont que quelques notes, qui suffisent à créer un chef d’oeuvre.

  2. Superbe film, excellente enquête… démontant toutes les fourberies, les mensonges des grands groupes et lobbies qui nous gouvernent…
    Évidemment certains commentaires défavorables au film proviennent de gens qui profitent de ce système ou de journalistes parisiens qui feraient bien parfois de sortir de la capitale!

  3. Les Algues vertes, un film courageux et formidable qui mériterait une Palme d’or, surtout quand on voit à qui elle fut parfois accordée !
    Ce film, remarquablement incarné et réalisé, sera un jour le témoin d’un monde gangrèné par le fric et la complicité du pouvoir politique.
    Savez-vous que tout a été fait ici en Bretagne pour que le réalisateur ne puisse pas filmer certains sites où se sont déroulés des drames?
    Allez voir ce film, peut-être que certain(e)s comprendront enfin pourquoi ils vont un jour crever la bouche ouverte. MAIS CETTE FOIS CI, NUL NE POURRA DIRE « JE NE SAVAIS PAS ».

  4. 2 étoiles….hébé…vu comment cet article « descend » ce film, on comprend bien que l’auteur ne se sent pas concerné par le phénomène des algues vertes. Peut-être même lui a-t-on « graissé la patte » à lui aussi…
    Il est certain que le film est dérangeant. Les pouvoirs publics ne donnent pas là leur meilleure image hélas…

  5. Très beau film , difficile d’être lanceur d’alerte de nos jours.
    Un grand bravo . Je vous recommande la BD  » les Algues vertes.

  6. @Fenoy : oui il peut y avoir du génie en toute simplicité, que l’on parle d’un compositeur de musique classique ou d’un guitariste de blues – B.B. King par exemple. Et tant mieux si vous décelé cette force dans ce film.

    @Loïg : oui, j’ai effectivement lu que l’équipe a rencontré des difficultés pour les lieux de tournage. Ce qui est systématique lorsque le sujet traité concerne la politique et/ou de puissants lobbys.

    @Sosso : je suis sensible à tout ce qui concerne l’écologie – si vous explorez d’autres chroniques sur le site, vous le constaterez – et personne ne me graisse la patte. C’est un avis sur l’oeuvre de Jolivet, pas sur l’affaire en elle-même.

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