Cannes 2022 dernière ligne droite

Mardi 24 mai, le Festival de Cannes a célébré son 75ème anniversaire en réunissant 75 personnalités du cinéma sur la scène du Grand Théâtre Lumière, avant de projeter le nouveau film de Louis Garrel, L’Innocent – que l’on découvrira le lendemain matin, faute d’être convié au défilé. En salle de conférence de presse, les cinéastes enchaînent les interventions sur le thème « Quel est l’avenir du cinéma ? » Ne serait-il pas plus pertinent de les interroger sur l’avenir de la planète ? D’autant plus avec certains cinéastes dont l’œuvre n’aborde jamais l’écologie. Mais restons concentrés sur les films découverts et non les rendez-vous manqués, à quelques pas de la remise des prix.

Louis Garrel est un acteur et cinéaste qui a de l’esprit et de l’humour. Il le prouve à nouveau avec L’Innocent, où son champ comique s’étend sur les territoires de la romance et du polar. Cette intrigue installée à Lyon conte le quotidien troublé d’Abel (Louis Garrel), lorsque sa mère Sylvie (Anouk Grinberg), qui organise des stages de théâtre en prison, décide de se marier avec Michel (Roschdy Zem), bientôt en liberté conditionnelle. Abel va suivre les moindres faits et gestes de son nouveau beau-père, qui n’est pas le premier ex-détenu à entrer dans la vie de sa maman. Avec son amie Clémence (Noémie Merlant), ils se retrouveront embarqués dans une affaire plutôt délicate. Dans cette comédie qui joue moins sur un versant absurde que L’Homme fidèle, Louis Garrel apporte un soin particulier à l’écriture de ses personnages, et grâce à une direction d’acteurs exemplaire, chaque séquence apporte son lot de plaisirs ou d’émotion, avec en tête Noémie Merlant et Roschdy Zem. Assumant pleinement ses actes, L’Innocent ne dérape jamais, même lorsqu’il est de temps de voir un destin basculer, pour le meilleur et pour le pire.

Au Théâtre Croisette, il était possible de découvrir une véritable perle, qualifiée de fantaisie musicale par son auteur, le cinéaste portugais João Pedro Rodrigues. Fogo-Fatuo (Feu Follet) est une comédie queer et écolo, qui voit un héritier de la famille royale renoncer à sa noble et flegmatique vie pour s’engager parmi les sapeurs-pompiers. Débordant de créativité, ce film qui culmine à 66 minutes possède la capacité de toujours surprendre le spectateur, comme lorsque ce prince se lève de table pour réciter le fameux discours de Greta Thunberg face à ses parents. A la caserne des pompiers, le film prend une autre dimension : on y chante, danse, et il y a du phallus à tout va ! Une œuvre des plus réjouissantes, non seulement par sa façon originale d’évoquer l’écologie mais aussi par sa position progressiste.

L’après-midi, Saeed Roustaee, qui a fait sensation en 2021 avec le thriller La Loi de Téhéran, découvre la compétition officielle avec Leila’s Brothers, une œuvre à la durée qui peut effrayer en fin de festival avec 2H47 au compteur. Cette fois, malgré une impressionnante scène de foule lors de la fermeture forcée d’une usine provoquant la révolte des employés, l’agitation se déroulera dans l’intimité d’une famille, déchirée par des soucis financiers alors que le patriarche s’apprête à dilapider 40 pièces d’or pour faire bonne figure au mariage d’un neveu et devenir le parrain de la tribu. Des pièces si précieuses pour une famille modeste, frappée par le chômage. Dense sur ses thématiques sociales et politiques, Leila’s Brothers captive par les déchirements de cette famille où seule la sœur, Leila (Taraneh Allidousti), tente un coup pour assurer un avenir à ses frères. La mise en scène se met au service de la dramaturgie alors qu’on est épaté par les joutes verbales et disputes qui se suivent ici. Avec de tels comédiens, un récit familial aussi puissant, ce long métrage a toutes les chances de se retrouver au palmarès. Pour récompenser ses comédiens, ou bien décrocher un Grand Prix, voire la plus grande des récompenses ?

Mercredi soir, la 60ème Semaine de la Critique refermait déjà ses portes, pour couronner La Jauria du Grand Prix – consultez le palmarès complet sur le site de la Semaine de la Critique. A la médiathèque Noailles se tenait une belle fête de clôture dans un magnifique jardin, animée par un DJ set. Parmi les équipes de films, on pouvait croiser Ariane Labed ou encore Lucien Jean-Baptiste et savourer de sympathiques cocktails. Alors qu’il reste peu de films de la compétition à découvrir, mais pas des moindres, comme le nouveau Hirokazu Kore-Eda, Broker, Close de Lukas Dhont ou encore Showing up de Kelly Reichardt, je repense toujours à la première vague : EO de Jerzy Skolimowski et Les Huit montagnes de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen ont laissé de si fortes impressions. Est-il de même dans l’esprit des membres du jury ?

Rendez-vous samedi 28 mai à partir de 20h30 sur France Télévisions pour le palmarès de la compétition officielle.

Article rédigé par Dom

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