Critique : The Nest

Deuxième long métrage de Sean Durkin, presque dix ans après le très réussi et oppressant Martha Marcy May Marlene, The Nest n’est pas passé inaperçu en festival : au Festival américain de Deauville 2020, il remporte le Grand Prix, le Prix de la Critique et le Prix Révélation. Pourtant, ce drame intimiste se montre bien en-dessous de son précédent long métrage, malgré une confrontation intéressante entre Carrie Coon et Jude Law.

Foyer déliquescent

Tout comme dans Martha Marcy May Marlene, Sean Durkin s’affirme au travers d’un rythme lent, qui laisse infuser des plans aux couleurs travaillées, engendrant une atmosphère étrange à partir de moments parfois anodins. On découvre Rory O’Hara (Jude Law) décrochant son téléphone, mais la façon d’interrompre la conversation, de nous montrer ce père de famille de loin, au travers d’une fenêtre, établit déjà un élément dysfonctionnel. Car c’est de l’implosion familiale, par la faute du père, que traite The Nest. Rory va imposer à sa femme Allison (Carrie Coon) et leurs deux enfants un nouveau déménagement, cette fois en quittant les Etats-Unis pour qu’il retrouve son Angleterre natale, où il n’a pourtant aucune famille. Allison abandonne ses chevaux avec la promesse de retrouver son activité équestre sur le vieux continent, tandis que les enfants se feront rapidement de nouveaux camarades. Les O’Hara investissent une immense ferme dans le Surrey, louée pour un an avec option d’achat : la folie des grandeurs pour ce courtier qui compte réaliser des transactions mirobolantes dès son installation.

En dehors du couple, où la souffrance sourde d’Allison face à un mari aussi matérialiste, frivole et fanfaron devient de plus en plus apparente, The Nest manque de se densifier, survolant ce qui les entoure, des enfants au métier même de Rory. Le rapport à la nature d’Allison, et notamment avec son nouvel équidé, se restreint à l’allégorie. Il y a dans le travail de Sean Durkin une volonté de dénoncer une figure maritale et paternelle fondamentalement repoussante, un certain prototype du parfait capitaliste des années 2000 – le film se déroule au début des années 1980 –, mais dont l’ascension se retrouve plus qu’en péril. Le mal dans la figure du mâle, risquant la vie de sa propre famille, comme le montrait le dérangeant Mise à mort du cerf sacré de Yorgos Lanthimos. Sauf qu’ici, même dans ses scènes les plus tendues, The Nest reste dans les clous, effleurant des coups d’éclat. Timoré et obnubilé par son propos mêlant féminisme et nécessité de vivre modestement, plus proche du « réel », ce long métrage permet à Carrie Coon et à Jude Law d’échanger brillamment dans cette relation ambivalente. Malgré l’apport des comédiens et une atmosphère loin d’être déplaisante, The Nest se positionne comme une chronique relativement anecdotique, surtout à la suite d’un premier long métrage qui semble plus prégnant.

3 étoiles

 

The Nest

Film canadien, britannique
Réalisateur : Sean Durkin
Avec : Carrie Coon, Jude Law, Charlie Shotwell, Oona Roche, Adeel Akhtar, Michael Culkin, Anne Reid
Scénario de : Sean Durkin
Durée :
Genre : Drame, Thriller
Date de sortie en France : 9 février 2021 sur Canal Play
Distributeur : Canal+ Distribution

 

Article rédigé par Dom

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