Cannes 2015 : film unique

Cannes 2015, jour 5. Par un triste concours de circonstances, de choix peu judicieux et d’une touche de malédiction, un seul film a été découvert, Mon Roi de Maïwenn. Heureusement, la soirée s’est montrée plus clémente avec la Chambre Noire Belvedere et le show de Yelle ainsi que la garden party de l’AFPF. Egalement abordé, l’exploitation de l’Oculus Rift par Holodia.

Il y a des jours où rien ne va, et malgré un courageux réveil matinal pour découvrir Mon Roi à 8:30 au Grand Théâtre Lumière, aucun autre film ne sera découvert en ce jour. Tout a basculé avec un détail, un simple flyer au niveau des casiers de presse : un documentaire sur David Lynch est présenté à 14:00 au marché du film, palais K. 14:00, c’est aussi l’heure de la projection de Vers l’autre rive de Kiyoshi Kurosawa, mais entre Lynch et le réalisateur japonais, je n’ai pas à réfléchir, je décide de changer mon programme initial. Les séances du marché du film ne sont pas toujours accessibles à la presse, mais aucune indication ni contact sur le flyer ne peut me fournir d’indication. Puisque le flyer était dans nos quartiers, je suis assez confiant. Grave erreur : à l’entrée, la personne représentant le film me dit qu’aucun badge presse ne peut entrer dans la salle – argument ô combien stupide puisque certains festivaliers sont munis de plusieurs badges. Impossible de négocier, et impossible de revenir vers le Kurosawa qui débute déjà. Une alternative, rejoindre le Marriott pour Green Room à 14:30. File assez conséquente qui se solde par un échec.

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Mais retour sur Mon Roi de Maïwenn. Ouverture sur des monts enneigés, une skieuse à l’arrêt, Tony. Soudain, elle s’élance à toute vitesse. Elle double son fils qui l’appelle. La charge dramatique est là : rupture des ligaments, longue rééducation à suivre. Il faudra travailler sur le genou, un travail aussi physique que psychologique, car Tony est aussi blessée au plus profond de son être par un homme. Son homme, son roi, Giorgio (Vincent Cassel), un séducteur à la répartie infaillible, habitué à sortir avec des mannequins mais qui dit « avoir fait le tour. » La rencontre a lieu dans une boite de nuit, dans une séquence sublime, où le temps semble suspendu sous fond d’une musique électronique entraînante et sensuelle. Tony, de son vrai prénom Marie-Antoinette, est jouée par une Emmanuelle Bercot stupéfiante. Stupéfiante au centre de rééducation où elle sympathise avec des jeunes d’origines diverses, bluffante dans sa relation amoureuse et insidieuse avec Giorgio. Maïwenn a gagné en maturité depuis Polisse et son prix du jury. Sans perdre son style, sa mise en scène est devenue plus élégante, l’image est plus travaillée, des raccords sons font leur apparition. On rit souvent grâce à Giorgio, cet homme en noir, restaurateur opulent qui a décidé de se ranger, d’avoir un gosse, de mener une vraie vie d’adulte alors qu’il se comporte toujours en grand gamin. Mais les disputes éclatent, la présence d’une ex envahissante gangrène leur passion, et même la venue au monde d’un garçon ne parvient pas à stabiliser cette relation. Mon Roi est vibrant, sensible et drôle. Fougueux et colérique. Beau et ironique. Il y a de la vie dans ce long métrage, de la vie et de l’amour, avec ses hauts et ses bas, comme le tracé d’un électrocardiogramme. Pour le Prix d’interprétation féminine, Emmanuelle Bercot s’empare d’une sérieuse option. A noter également le talent comique insoupçonné de Louis Garrel dans le rôle du frère de Tony, un registre dans lequel on aimerait le voir désormais dans un premier rôle.

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Suite à un petit tour au marché du film, je rejoins une connaissance sur le stand de la région PACA sur la Pantiero afin de tester l’Oculus Rift exploité pour le cinéma en prise de vue réelle. Un projet novateur des sociétés Holodia, pour la partie technique avec le casque, et Clap & Zap production, pour la prise de vue réelle, le scénario et la mise en scène. Le concept a été baptisé « Immerciné. » Le film d’une minute place le spectateur dans une salle de cinéma, dans laquelle on peut donc regarder partout en tournant la tête. Sur l’écran, un gangster s’énerve pistolet en main, quand soudain, je me retrouve projeté au cœur de la scène, sur le toit d’un hôtel cannois. Les acteurs continuent de parler, de m’adresser la parole. On construit sa propre scène car on décide du cadre. Très vite, la nouvelle cible, c’est moi. J’ai beau me détourner du pistolet pointé en ma direction, la balle part et le générique de fin débute, de retour dans la salle de cinéma virtuelle. Ainsi pourrait être révolutionné le cinéma, en faisant du spectateur un participant à la mise en scène, un acteur et un témoin. Les sociétés recherchent des financements afin de développer ce projet vraiment alléchant.

La malédiction continue avec la projection du nouveau film de Jaco Van Dormael à la Quinzaine, Le Nouveau Testament. J’arrive comme une fleur 45 minutes avant la séance, je n’avais jamais vu une file pareille cette année devant le Marriott. Nouvel échec, mais en compagnie de chouettes camarades cette fois. Il n’y a plus qu’à se résoudre à profiter de la soirée et de la nuit à venir. Direction la Chambre Noire Belvedere.

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Entre les deux DJ sets d’Aline Afanokoué, Yelle donne un petit show énergique aux basses sur-vitaminées. Côté bar, on apprécie la rapidité des serveurs pour nous concocter de délicieux cocktails alors que des mini-hot dogs sont offerts aux invités. Parmi eux, il y a le défenseur du PSG Gregory van der Wiel, qui se permet deux jours à Cannes alors que le PSG a le titre du championnat en poche. Le défenseur hollandais devrait conserver le maillot parisien pour la prochaine saison.

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La nuit tombée, direction la Villa Caravelle pour une garden party organiseé par l’AFPF, l’Association Française des Producteurs de Films. Avec Antoine Corte, lorsque nous arrivons, le buffet est déjà méchamment entamé alors que les verres manquent au bar. Je me retrouve avec un Pastis Perrier en main, car la seule source d’eau actuelle se trouve dans la piscine où quelques invités piqueront une tête. Bref, la boisson est peu plaisante, mais peu importe, je retrouve un groupe d’australiennes et d’australiens avec lesquels j’ai fait connaissance la veille, au Silencio. Le cadre charmant et l’ambiance musicale modérée permettent d’agrandir son carnet d’adresses, de la production jusqu’aux comédiens. Au bout de la nuit, retour sur la croisette pour quelques heures de sommeil avec l’espoir d’une journée plus réussie en salle.

Le plan parfait du lendemain :
Cemerty of Splendour de Weerasethakul, le rattrapage de Carol de Todd Haynes, Les Cowboys de Bidegain. Question soirée, aucune idée, mais recharger les batteries en milieu de course semble une idée judicieuse.

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Article rédigé par Dom

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