Cannes 2015 : sur trois sélections

Retour sur de bons rails pour la sixième journée du Festival de Cannes 2015 avec trois films de sélections différentes. Oui, trois films ! Cemetery of Splendour, Carol et Les Cowboys. La nuit s’est passée à la cool au Petit Majestic. Allez hop.

CEMETERYOFSPLENDOUR3

Il y a des films qui laissent une telle impression qu’il est difficile de ne pas voir les séances suivantes parasitées par ce dernier. Sans crier au chef d’oeuvre non plus, certaines expérience contemplatives et spirituelles se développent bien au-delà de la projection. C’est le cas avec Cemetery of Splendour (Un Certain Regard) du thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, sorte de balade contemplative au cœur d’une armée du sommeil, expérience troublante qui relie les esprits et les époques au travers d’une bénévole dans un hôpital militaire de fortune, Jen. Avec sa jambe droite plus courte que la gauche, Jen se déplace lentement avec des béquilles, et le rythme du film se cale sur sa cadence, sur ses gestes attentionnés auprès du soldat Itt, frappé de cette mystérieuse maladie du sommeil qui donne des crises de narcolepsie aux troupes. Elle se lie d’amitié avec une médium, qui permet aux familles de communiquer avec l’être cher au pays des songes, et ses pouvoirs iront encore plus loin. Le nouveau long métrage de Weerasethakul est une sorte de pommade spirituelle, une invitation à la détente, à retrouver son énergie vitale face à un monde en évolution permanente, où la forêt peut se dresser sur un ancien château, et où la forêt peut s’évanouir pour toute autre chose. Lors de la première nuit en compagnie de ces personnages se consacrant à l’aide d’autrui, un phénomène fantastique se produit, à l’aide de néons installés auprès des lits et d’une attention à l’ambiance sonore typique du cinéaste. On peut se perdre dans ce récit où les mondes s’emboîtent, se perdre dans un plaisir méditatif des plus réjouissants. Si pour ma part, le film n’égale pas la puissance de Tropical Malady, Cemetery of Splendour constitue la plus belle découverte du jour.

carol-cannes2015

A peine quarante minutes plus tard, je suis en salle du soixantième pour rattraper Carol (Sélection Officielle), manqué la veille. Ce nouveau Todd Haynes qui se déroule en 1952 s’attaque à l’amour impossible entre deux femmes de générations et de milieux sociaux différents, Therese (Rooney Maray) et Carol (Cate Blanchett). La première est une vendeuse dans une boutique de jouet. L’autre une bourgeoise qui cherche un cadeau de Noël pour sa fille. Une poupée, qui n’est plus disponible, alors ce sera un train miniature. Mais la vraie poupée du film, elle l’a trouvé, c’est Therese avec son tein ivoire, ses petits yeux brillants et sa coiffure impeccable. Et dès le premier regard une chose se produit, mais leur amour passera par la fuite. En instance de divorce avec son mari, l’homosexualité – ou la bisexualité – de Carol lui coûterait la garde de son enfant qu’elle aime tant. Direction Chicago par la route, d’hôtels en motels afin de donner une chance à la passion. Souvent figé dans son élégance rétro, Carol brille par quelques scènes au cadre foudroyant de beauté et d’expressivité. Mais il manque un élément pour rendre la dynamique valable, cristalliser l’amour impossible qui se soldera par une prise de décision, une émancipation radicale. Peut-être que le film mériterait d’être revu sans les images d’Apichatpong en tête, mais en l’état, il constitue pour moi une vraie déception.

Les-Cowboys-cannes-2015

Thomas Bidegain, on le connaît pour son travail de scénariste avec Jacques Audiard. Avec Les Cowboys (à la Quinzaine des réalisateurs) il passe pour la première fois derrière les caméras pour un œuvre au scénario ultra casse-gueule, la disparition d’une jeune fille sous fond de djihadisme, bouleversant entièrement la cellule familiale sur de longues années. Il y a le père, joué par François Damien, chanteur de music country, qui la cherche chaque jour, chaque semaine, voyageant entre la France et la Belgique. Sa fille Kelly est partie avec un certain Ahmed, elle a envoyé une lettre demandant aux siens de la laisser tranquille, mais son père ne peut s’y résoudre. Quelques années plus tard, ce sera son frère qui continuera cette quête, au Pakistan, où il rencontrera un business man joué par John C. Reilly – qui relance tout le récit brillamment. Souvent sur le fil, le film s’en sort avec honneur pour traiter de l’embrigadement avec des vases communicants où les âmes semblent s’échanger, une perte pour un sauvetage, une volonté de retrouver face à une volonté de vivre autrement, loin des fondements familiaux. Ambitieux mais pas entièrement réussi, Les Cowboys trouve toute sa magie cinématographique par ses paysages et sa bande originale magnifique.
Suite à la projection, j’ai la chance d’échanger quelques mots avec John C. Reilly, de parler un peu de Frangins malgré eux et de Will Ferrell, mais aussi de sa présence dans trois films à Cannes. Un acteur classe et sympathique.

Photos des équipes :

Apichatpong Weerasethakul au micro

Apichatpong Weerasethakul au micro


Les Cowboys sur scène

Les Cowboys sur scène

Le matin, je m’étais rendu aux bureaux de Disney au Carlton afin de négocier une invitation pour la soirée sur la plage du film Vice Versa. Un échec qui se solde par une belle et brève rencontre. En quittant l’hôtel par les salons du rez-de-chaussée, je croise Cate Blanchett, non maquillée mais déjà d’une élégance folle pour un milieu de matinée. Entourée de son staff, nous n’échangeons qu’un simple mais marquant regard. C’est donc au Petit Majestic que je me rends la nuit tombée. J’y retrouve une partie de l’équipe de Vodkaster et celle de Trois Yaourts. On discute film, football et boulot. Vers trois heures, certains décident d’aller au Baron. Moi, c’est le lit qui m’appelle.

Le plan parfait du lendemain :
La loi du marché, Louder than bombs, Sicario et pour le reste, de la pure improvisation !

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Article rédigé par Dom

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