Critique du film Chappie

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Bien que Chappie se distingue du raté Elysium, le précédent long métrage de Neill Blomkamp, cette relative réussite (ou relatif échec, selon l’humeur) prouve que le réalisateur sud-africain ne joue toujours pas dans la cour des grands. Critique de ce singulier film de science-fiction.

Suite au regrettable Elysium, film de science-fiction criblé d’incohérences scénaristiques, Neill Blomkamp retourne à ses sources en développant un projet initié au travers de son premier court métrage. Retour à Johannesburg donc, non plus pour évoquer l’apartheid mais la robotique dans un film d’anticipation dans lequel le groupe de musique Die Antwoord tient la tête d’affiche, aux côtés de Sharlto Copley, offrant sa voix et sa gestuelle au robot Chappie en motion capture. Proche des problématiques du remake dispensable de RoboCop sorti l’an passé, Chappie place la sécurité de la population de Johannesburg dans les mains de droïdes de police surpuissants, et surtout, autonomes. Aucune polémique puisque les robots inviolables de Tetra Vaal, conçus par Deon Wilson (Dev Patel), ont permis une nette baisse de la criminalité. Il faudra aller chercher le mal chez un autre ingénieur, Vincent (Hugh Jackman), ayant développé un autre projet de protection robotisée, mais piloté à distance par un homme, l’Orignal – dont l’aspect rappelle l’ED 209 du premier Robocop. Passionné par l’intelligence artificielle, Deon développe un système qui, en théorie, dépasserait les capacités intellectuelles humaines au travers d’une évolution similaire mais accélérée propre à l’Homme. Son prototype de test, baptisé Chappie, tombe entre les mains de gangsters qui comptent sur cette machine afin de réaliser des braquages.

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Si par leur univers visuel, on pouvait s’attendre à voir les fondateurs du groupe sud-africain Die Antwoord apparaître au cinéma, nous n’attendions pas une présence aussi conséquente pour ce premier film. Des rôles taillés sur mesure puisqu’ils y conservent leurs noms de scènes, ainsi que l’iconographie propre au groupe. Leur présence rapproche alors Chappie de certains films d’action des années 80 et 90, avec des bad guys extravagants, campés sans mal par le duo Yolandi/Ninja, fanas de Neill Blomkamp – pour la petite histoire, le caractère épouvantable de Ninja sur le plateau a conduit à des modifications du scénario et la fin de toute relation cordiale entre les deux hommes. A trop jouer avec l’image de Die Antwoord, Chappie tend à tourner à plusieurs reprises à la vidéo promotionnelle de luxe. Hormis les compositions accompagnant l’action, toutes les musiques du film sont piochées dans leur répertoire tandis que Ninja nourrit son image de truculent gangster. Difficile de ne pas ressentir à plusieurs reprises une rupture avec l’autre versant du film, axé sur la robotique, même pour un amateur du groupe. Chappie engage d’ailleurs d’intéressantes réflexions sur les robots, héritant des grandes œuvres du 7ème art, de Blade Runner à Wall-E, sans oublier le méconnu mais superbe Robot & Frank, dernier grand film en date explorant la relation entre l’homme et ces machines qui gagnent notre quotidien. Hélas, le scénario est à nouveau truffé d’incohérences, certes moins aberrantes que dans Elysium, mais qui montrent encore le manque de finesse de l’auteur, pourtant épaulé à nouveau par Terri Tatchell (District 9). Même constat en terme de mise en scène, qui, bien qu’offrant quelques séquences d’action réussies, présente un sur-découpage naturellement déplaisant. Il y a donc dans Chappie deux univers dont le mariage épineux desserre l’ensemble, tirant vers la série B un long métrage qui, par sa capacité à sonder l’être et la conscience, à chercher l’humanité chez la machine et l’inhumanité chez l’homme, à questionner la mortalité, aurait pu marquer durablement l’univers de la science-fiction. Si avec cet étrange film d’anticipation, loin d’être antipathique, Neill Blomkamp et Sharlto Copley posent un regard touchant et éloquent sur la robotique, le grand film qui habitait le cœur du récit est manqué – et cela ne laisse guère de place pour espérer une réussite avec Alien 5, qui devrait être réalisé par Blomkamp.

3 étoiles

 

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Chappie

Film américain, mexicain
Réalisateur : Neill Blomkamp
Avec : Sharlto Copley, Dev Patel, Yo-landi Visser, Ninja, Hugh Jackman, Jose Pablo Cantillo, Sigourney Weaver
Scénario de :
Durée : 120 min
Genre : Science-fiction, Action
Date de sortie en France : 4 mars 2015
Distributeur : Sony Pictures Releasing France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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2 commentaires

  1. Que fera t’il du prochain Alien? On ne trouve nulle part dans sa filmographie la dimension visionnaire du Ridley Scott de l’époque…

  2. Je pense que tout dépend des scénaristes en premier lieu mais je suis de moins en moins satisfait par sa mise en scène aussi.

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