District 9 avait été la bonne surprise à la fin de l’été 2009. Neill Blomkamp revient avec un budget bien plus conséquent pour nous livrer un nouveau récit de science-fiction fortement ancré dans un contexte socio-politique. Une surprise, encore, mais cette fois, dans le mauvais sens du terme.
Dystopie malade
En 2154, les inégalités sociales ont continué de se creuser fatalement : plus aucune place pour les classes moyennes. Les pauvres vivent sur Terre, devenue un vaste bidonville gangrené par la surpopulation et la maladie – premier paradoxe du film –, tandis que les classes les plus aisées habitent un microcosme paradisiaque en orbite autour du globe, Elysium. Blomkamp poursuit donc son chemin dans la science-fiction portée sur des problématiques sociales, seulement dans ce nouveau long métrage, il cumule les incohérences et cultive un manichéisme qui ruinent toute l’ambition du film. Multipliant par trois le budget de 30 millions de dollars nécessaire à la production de District 9, Blomkamp peut développer la même direction artistique avec aisance. L’esthétique empruntant à l’univers cyberpunk, dans un cadre partagé par la crasse et l’aridité des bidonvilles et la technologie de pointe offrant une place à une nature luxuriante dans l’espace, impressionne souvent. Mais les qualités plastiques ne peuvent palier à la sottise narrative, et à un univers finalement trop étendu et riche pour Blomkamp. Le problème majeur est simple à cerner : les éléments narratifs qui fonctionnaient à l’échelle réduite d’une ville – ou d’un pays – de District 9 ne peuvent plus être exploités dans un tel récit.
Difficile alors pour le sud-africain de nous faire adhérer à sa vision pessimiste du futur, dans laquelle Max Da Costa – Matt Damon, dans un rôle physique mais finalement toujours proche de l’américain moyen –, doit kidnapper son ancien boss afin de pouvoir se soigner de radiations mortelles. Là haut, sur Elysium, les riches ne vieillissent pas et ne meurent pas, des « medbox » leur permettent de soigner tous les maux – si ce n’est des dommages au cerveau, créant d’autres contradictions dans la logique du film. Une quête du Saint Graal qui s’appuie aussi sur le besoin de soigner la leucémie de l’enfant de la fille qu’il aime depuis la plus tendre enfance – exposition du film et flashbacks naïfs. Equipé partiellement d’un exosquelette, Da Costa se confronte au terrible agent Kruger – Sharlto Copley, dont la transformation s’avère épatante – ainsi que ses hommes. Musclées, avec quelques effets de style appréciables, les scènes d’action lassent rapidement à cause d’une caméra bien trop agitée et un montage épileptique. On fera l’impasse sur les plus grands archétypes de cette histoire, John Carlyle (William Fichtner) et Delacourt (Jodie Foster) ainsi que des seconds rôles sans intérêt autour du protagoniste.
Avec sa bande originale surfant sur la lourdeur des morceaux de Hans Zimmer, Elysium ne tient plus d’un projet original comme peut l’être District 9. L’auteur Blomkamp se fond dans la masse dans un processus où il expose toutes ses faiblesses de scénariste – et dans une certaine mesure, de metteur en scène –, concentrant tenants et aboutissants dans le domaine de l’informatique avec une candeur stupéfiante. Abandonnant les enjeux politiques et sociaux en chemin pour tomber dans un affrontement basique entre le bien et le mal, le film se conclut dans une naïveté qui n’étonne pas. Malgré son potentiel sur le papier, Elysium n’effleure même pas la cheville d’un Metropolis, aux thématiques similaires. Certes, on n’égale pas Fritz Lang, mais le recyclage d’idées ne devrait jamais emporter dans son déroulement d’étranges aberrations.
Elysium
Film américain
Réalisateur : Neill Blomkamp
Avec : Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley, William Fichtner, Alice Braga
Scénario de : Neill Blomkamp
Durée : 109 min
Genre : Science-fiction, Action, Drame
Date de sortie en France : 14 août 2013
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Bande Annonce (VOST) :
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