Fidèle à l’épouvante, James Wan livre avec Conjuring : les dossiers Warren une œuvre axée sur un couple d’enquêteur paranormaux. Bien que débarrassé de certains défauts d’Insidious, ce nouveau long métrage s’avère particulièrement fade car sans originalité.
Le démon du déjà-vu
Portant le fameux label « inspiré de faits réels », The Conjuring nous amène à découvrir une affaire très spéciale d’Ed et Lorraine Warren, dont le travail sur les phénomènes surnaturels a déjà été abordé au cinéma avec Amityville. Dans leur domicile, ils collectionnent les objets des missions accomplies comme de véritables trophées qu’il ne faut toucher sous aucun prétexte – sait-on jamais, des doigts bien gras peuvent ramener une entité démoniaque dans notre monde ! Le duo, joué par Patrick Wilson et Vera Farmiga, n’est pas sans rappeler les cultes agents du FBI Fox Mulder et Dana Scully – la structure gouvernementale en moins, la vie de famille en plus. Mais quelque chose cloche ici dans le jeu de Wilson, dont la détermination forcée prête à sourire et semble ouvrir la porte à un second degré pourtant inexistant dans le récit et son traitement. Heureusement, le reste du casting campe sans mal leurs personnages, victimes d’un esprit sorti de son sommeil. Comme toute entité de l’au-delà qui se respecte, celle-ci a le sens du spectacle pour offrir des moments de terreur allant crescendo à la famille Perron avant de s’attaquer aux Warren, appelés à l’aide. On passe du pied tiré d’une enfant au lit aux spectaculaires lévitations et spasmes démoniaques. Un itinéraire foncièrement sans aucune originalité, le problème majeur de ce film.
On peut saluer le travail de James Wan pour ne pas avoir répété certaines erreurs affectant son précédent long métrage, Insidious. Travaillant ici une atmosphère oppressante, Wan joue avec le spectateur avec un suspense malicieux, qui trouve sa source dans le hors champ, dans l’attente de voir quelque chose apparaître – apparaître, et non surgir, car le jump scare est exploité modérément. Porter son regard sur une simple boite à musique devient synonyme d’anxiété tandis qu’un sous-sol se transforme en antre de l’horreur. Avec des effets classiques et maîtrisés, Conjuring : les dossiers Warren répond parfaitement au cahier des charges du film d’exorcisme mais ne parvient à aucun moment à se singulariser des films du genre. Le scénario, des frères Hayes, qui comptent à leur palmarès des films comme Whiteout ou encore le remake de La Maison de cire, suit une trajectoire tellement balisée que l’enquête et les attaques deviennent rébarbatives avant d’atteindre la moitié du film. Les scènes d’effroi et de panique, de défense et d’exorcisme ont été vues des dizaines de fois, presque à l’identique. Sous le poids du déjà-vu, l’angoisse implose, cédant place à l’indolence. Au fond, Conjuring : les dossiers Warren offre le potentiel d’une sympathique série TV horrifique – malgré le jeu médiocre de Patrick Wilson –, où l’on retrouverait à chaque épisode le couple enquêtant sur un nouveau phénomène paranormal. En l’état, ce long métrage s’avère comme la part de gâteau en trop à la fin d’un copieux dîner : écœurant.
Conjuring : les dossiers Warren
Film américain
Réalisateur : James Wan
Avec : Vera Farmiga, Patrick Wilson, Lili Taylor, Ron Livingston, Joey King, Mackenzie Foy
Titre original : The Conjuring
Scénario de : Chad Hayes, Carey Hayes
Durée : 112 min
Genre : Epouvante, Horreur, Thriller
Date de sortie en France : 21 août 2013
Distributeur : Warner Bros. France
Bande Annonce (VOST) :
Je ne serais pas si dur… Certe sans doute déjà vu, classique mais c’est bien fait, c’est efficace et ça reste assez intriguant au final… 2/4