Critique : Je vous souhaite d’être follement aimée

Dans le nouveau film d’Ounie Lecomte, une kinésithérapeute quitte Paris avec son fils dans le but de retrouver sa mère biologique. Un drame filial porté par deux émouvantes actrices, Céline Sallette et Anne Benoit.

Mère et paix

Derrière le beau titre Je vous souhaite d’être follement aimée se cache plus qu’une quête pour retrouver sa mère, car il est aussi question de se (re)construire, de combler les vides, comprendre les liens du sang pour trouver la paix intérieure. Tout débute par un refus. A peine arrivée à Dunkerque où elle va effectuer un remplacement dans un cabinet de soins, Elisa (Céline Sallette) est informée que sa mère biologique a été retrouvée mais qu’elle nie tout en bloc. Il n’y aura pas de rencontre sans effort. En parallèle, on découvre Annette (Anne Benoit), employée dans une école et bénévole dans un refuge pour animaux, une femme qui semble avoir laissé la vie lui filer entre les doigts pour continuer à vivre avec sa mère. Ecole où se trouve scolarisé Noé (Elyes Aguis), l’enfant d’Elisa qui, par ses traits physiques, s’interroge aussi sur son identité. Ounie Lecomte ne laisse planer aucun mystère sur les liens de parenté entre Elisa et Annette pour que le spectateur soit témoin du miracle de la contingence : une chute d’Annette la conduira vers la kinésithérapie, assurée par Elisa. Les gestes d’Elisa, alors anodins envers ses autres patients, se chargent de sens, créant enfin un lien entre une fille et sa mère, comme cette scène touchante où Elisa fait craquer la colonne vertébrale d’Annette, repliée en position foetale. Un dialogue s’installe aussi, notamment grâce à Noé qu’Annette a tout de suite apprécié dès son arrivée à l’école. Malgré les séances et l’enquête que mène Elisa, les deux femmes continuent d’ignorer leur lien de parenté.

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Il y a dans ce drame filial une certaine finesse d’écriture : c’est au travers du quotidien des personnages que nous sont révélés leurs sentiments ainsi que les informations concernant leur passé. Les questions autour de Noé, qui troublent Elisa, tentant d’intérioriser cela, trouvent leurs réponses dans le flux de la narration, jamais sans s’accaparer le récit divisé entre Elisa et Annette, les deux pôles fragiles de cette œuvre à l’élégance simple – les scènes dans le cabinet se déroulent comme dans une sorte de cocon, un espace de réconfort, et une lumière douce a été privilégiée pour tout le film. Dans Je vous souhaite d’être follement aimée, Céline Sallette continue de s’affirmer comme l’une des meilleures actrices françaises de sa génération. Subtiles, les émotions passent par des intonations, des regards, une rythmique précise dans la gestuelle. Face à elle, Anne Benoit se montre également émouvante dans le rôle de cette femme qui a choisi d’abandonner son enfant à la naissance, et qui, dans cette action, semble avoir abandonnée une part de sa propre vie. Capable de basculer, le récit de ce long métrage maintient le cap de la reconstruction sans s’égarer dans le pathos ni dans une conclusion facile. Assez remarquable tant il est difficile de traiter des fractures entre les êtres.

3.5 étoiles

 

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Je vous souhaite d’être follement aimée

Film français
Réalisatrice : Ounie Lecomte
Avec : Céline Sallette, Anne Benoit, Elyes Aguis, Louis-Do de Lencquesaing, Catherine Mouchet
Scénario de : , Agnès de Sacy
Durée : 100 mn
Genre : Drame
Date de sortie en France : 6 janvier 2016
Distributeur : Diaphana Distribution

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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