[Critique] L’Apollonide – souvenirs de la maison close (Bertrand Bonello)

Mise à jour du 08/12/16 : chronique à mettre à la poubelle. Explications.

A l’heure des débats stériles sur la prostitution, de la probable pénalisation des clients, des tergiversations sur la réouverture des maisons closes, un cinéaste décide, après la série Maison Close produite par Canal +, de capturer l’ambiance d’un bordel au début du XXe siècle. Avec L’Apollonide – souvenirs de la maison close, Bertrand Bonello nous convie à suivre le morne quotidien d’une douzaine de prostituées et de leur maquerelle. Une belle peinture qui manque cruellement de mordant.

Bordel décrépi

L’entrée à l’Apollonide est douloureuse, la faute à une direction d’acteur minable. Tout sonne faux dans un premier segment écrasant de néantise, à en croire que le film militerait contre la réouverture des maisons closes. Si c’est ainsi, eh bien signons sur le champ une pétition pour ne plus jamais ouïr de ces infâmes lieux où le commerce du corps a été vaincu par l’atonie ! Fort heureusement, le cinéaste se ressaisit alors qu’il introduit une nouvelle fille, Pauline (Iliana Zabeth), qui permet de découvrir les mœurs et l’organisation de la maison, où chaque fille garde espoir d’amasser suffisamment d’argent pour régler leur dette envers Marie-France (Noémie Lvovksy), la maquerelle. Mais l’activité est calibrée à l’avantage de la patronne, et le seul espoir de libération passe par le rachat d’un client. Chétif dans sa narration, L’Apollonide compense sur l’esthétique. Le travail sur la photographie, les décors et costumes est à saluer ; Bertrand Bonello compose des tableaux, et ce n’est pas étonnant de voir un client dont le plaisir passe initialement par la contemplation du sexe de sa belle de nuit, qui évoque le célèbre tableau de Gustave Courbet, L’Origine du Monde.

Cette fresque d’intérieur, rarement lascive, parvient à instaurer une atmosphère aussi singulière que fragile, une langueur d’un autre temps, toujours menacée par les défauts affectant le film, à savoir en premier lieu, son absence quasi-complète de caractérisation. Bertrand Bonello préfère un rôle d’explorateur discret des lieux, observant parfois toutes les filles au même instant grâce au montage parallèle, à celui d’un dramaturge. Il y avait pourtant matière à réaliser un grand film d’époque et même d’exploiter des pistes originales, comme l’anachronisme musical, trop rare ici pour charmer comme dans le Marie-Antoinette de Sofia Coppola. Le partage de l’intimité des prostituées s’arrête à la surface de leur tendre chair, à mille lieues du portrait saisissant que dressait Bonello dans Le Pornographe. Une seule fille, poursuivie par un étrange rêve qui sera répété jusqu’à sa concrétisation à l’écran, voit son personnage se développer, évoluer, de façon tragique : Madeleine (Alice Barnole). Défigurée au couteau par un client, elle devient la curiosité de la maison, sous son voile cachant un rictus monstrueux. Mais l’on revient toujours avec mollesse aux autres filles, à leurs clients, aux effluves de leurs étreintes jusqu’à percuter la condition actuelle des prostituées et quitter cet Apollonide peu affriolant dans un état dubitatif. « Ca pue le sperme et le champagne ici », déclare sans entrain l’une des douze putains ; la seule odeur émanant de ce film pictural, est pourtant celle du chloroforme.

 

L’Apollonide – souvenirs de la maison close (Bertrand Bonello)

Film français
Réalisateur : Bertrand Bonello
Avec : Adèle Haenel, Hafsia Herzi, Jasmine Trinca, Céline Sallette, Noémie Lvovksy, Xavier Beauvois, Iliana Zabeth
Scénario de : Bertrand Bonello
Durée : 122 min
Genre : Drame
Date de sortie en France : 21 septembre 2011
Distributeur : Haut et Court

Bande Annonce :

Article rédigé par Dom

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Un commentaire

  1. Oui une impression de raté aussi, comme trop copié de la série de Canal Plus.

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