Critique : La Rivière

Entre sécheresses et inondations, le dérèglement climatique frappe déjà la France. La Rivière de Dominique Marchais dresse un état des lieux déplorable des cours d’eau, en partant d’un gave, torrent pyrénéen en voie d’assèchement, à moins que ces citoyens qui s’activent parviennent à changer la donne.

Source d’espoir

Faisant preuve d’une grande sobriété, La Rivière se prive de musique, si ce n’est celle de la nature, de ces cours d’eau, cette petite mélodie qui nous protège du tumulte citadin. Dominique Marchais va remonter en amont pour rencontrer des individus qui agissent sur un point particulier, nous éclairant sur les dangers des politiques actuelles – ou de l’absence d’une politique efficace –, mais aussi sur les motifs qui permettent d’espérer une limite dans les dégâts, à défaut de pouvoir retrouver la richesse des cours d’eau d’antan, avec toute leur biodiversité. Cela commence par la collecte de déchets, pour éviter la diffusion de microplastiques, puis les éléments qui ont fait disparaître le saumon. Au fil des rencontres et des discours, de témoignages sur une nature défigurée aux actions entreprises et à poursuivre, des problématiques sont soulevées, nous ramenant à une forme de greenwashing étatique. Les barrages hydroélectriques peuvent-ils être classés comme une énergie verte, du simple fait que leur installation nuit aux cycles naturels ? Au même titre qu’un échange avec des jeunes mène aux enjeux du CO2, principale préoccupation dans les débats (stériles ?) des différentes COP : les émanations de gaz à effets de serre ne sont qu’une partie d’un problème global, liée à la surproduction, la surconsommation, etc.

S’enrichissant en remontant vers la montagne, où l’on constate inévitablement la fonte vertigineuse des glaciers, La Rivière embrasse un engagement citoyen salvateur, qui démontre aussi qu’il faut être sur place pour prendre les décisions les plus sages et adaptées. Evidemment, la centralisation des pouvoirs à Paris n’est pas la seule explication à la catastrophe : le manque d’action pour le climat, ou du moins, des actions contrebalancées par une politique plus généreuse envers les industries les plus polluantes, ou des projets aberrants – comme les mégabassines, détournement et gaspillage monumental d’eau – procède de l’emprise des lobbys et d’un dédain pour le vivant. Sans appel aux armes, cette excursion invite indirectement à agir localement, véritable moyen de contrer sa propre anxiété face à un avenir plus qu’incertain. On aimerait toutefois qu’à Matignon et dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, ce documentaire face son chemin pour peut-être, miraculeusement, changer les priorités d’élus sans aucune considération écologique. L’espoir fait vivre, et sa source se dévoile naturellement ici.

Photos du film Copyright Météore Films