Critique : La Panthère des neiges

Présenté à Cannes 2021 dans la section « Le Cinéma pour le climat », La Panthère des neiges constitue un singulier et sublime voyage aux contours naturellement écologiques. Sur les plateaux tibétains, c’est une faune extraordinaire qui s’offre à notre regard tout comme une réflexion sur notre condition.

Extase de l’observation

Bien que le titre du film soit identique à celui de l’ouvrage de Sylvain Tesson, récompensé du Prix Renaudot en 2019, La Panthère des neiges de Marie Amiguet et Vincent Munier ne constitue pas une adaptation mais en quelque sorte une aventure alternative, menée par Sylvain Tesson et Vincent Munier. Tourné au cours de plusieurs voyages représentant des mois de vie dans des conditions extrêmes, ce documentaire est autant une quête de l’invisible qu’une reconquête d’une condition humaine disparue. Dans sa splendeur, dans son immensité, ce long métrage se déroule avec un intimisme singulier : les échanges y sont chuchotés, les réflexions sont savamment égrenées. Au fil des jours qui s’écoulent et des affûts pour repérer le mystérieux félin, La Panthère des neiges provoque une rupture absolue avec notre société. Cet espace que l’on explore, où la présence humaine est si rare, impressionne autant qu’il touche, car à l’heure de la sixième extinction, on imagine difficilement comment ce microcosme tibétain pourrait échapper aux conséquences de nos modes vie.

L’art du champ et du contrechamp « en temps réel » côtoie aussi l’art de l’invisible, d’accompagner sans être vu, ni exister : non seulement les protagonistes doivent se montrer des plus discrets, que ce soit pour être au plus près de yaks que pour remonter sur les traces de la panthère des neiges, mais les deux autres membres de l’équipe, Marie Amiguet et Léo-Pol Jacquot, ne se dévoilent jamais. En résulte une véritable forme de magie : nous sommes au plus près de ses deux hommes, au plus près de ce qu’ils observent, mais rien ne laisse transparaître l’existence d’une équipe de tournage, certes réduite, si ce n’est le dessin d’un enfant. Le spectateur devient alors un observateur omniscient, avec le rare trouble provoqué par de rares regards caméra, et le trouble bien plus profond de ces animaux qui semblent parfois nous observer au travers de l’objectif. Avec sa bande originale minimaliste de Warren Ellis et Nick Cave, La Panthère des neiges dévoile son voyage rude et éblouissant avec une tonalité unique. Contemplatif et pénétrant, ce documentaire d’une grande humilité constitue une précieuse évasion de notre prison sociétale, comme une bouffée d’oxygène qui inviterait à tout plaquer.

4 étoiles

Et pour en savoir un peu plus, voici une interview de Marie Amiguet et Vincent Munier aux Arcs Film Festival 2021 :



 

La Panthère des neiges

Film français
Réalisateurs : Marie Amiguet, Vincent Munier
Avec : Sylvain Tesson, Vincent Munier
Scénario de : Marie Amiguet, Vincent Munier
Durée : 92 min
Genre : Documentaire
Date de sortie en France : 15 décembre 2021
Distributeur : Haut et Court

 

Photos du film Copyright Haut et Court

Article rédigé par Dom

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