Critique : Les Filles vont bien

Premier long-métrage d’Itsaso Arana – qui joue notamment dans le très beau Eva en août (2020) de Jonás Trueba –, Les Filles vont bien nous conduit à suivre les répétitions d’une pièce de théâtre avec quatre comédiennes et une metteuse en scène. Un film atypique dans sa simplicité et touchant par sa douceur cultivée avec minutie.

Conte de faits

A leur arrivée sur leur lieu de villégiature et de répétitions, la troupe d’artistes, composée de quatre comédiennes, Bárbara Lennie, Irene Escolar, Itziar Manero, Helena Ezquerro et enfin, Itsaso Arana en metteuse en scène, font face à un portail qu’elles ne peuvent pas ouvrir. Il faudra attendre l’arrivée d’une enfant pour débloquer la situation. C’est l’unique scène où ces femmes se retrouveront face à un problème dans ce film ! Les Filles vont bien est bel et bien l’état d’esprit de ce long-métrage, comédie légère dans laquelle un groupe de femmes se retrouve à l’abri de toute situation conflictuelle, même lorsqu’il s’agit d’amour ou de relations plus éphémères. Tout repose autour du dialogue et de la sincérité des échanges. Construit sur le principe de la mise en abyme de la pièce qui s’élabore sous nos yeux, chaque actrice y conserve son propre prénom. Il n’y a pas de volonté de complexifier le récit à un moment donné, mais peut-être de rapprocher toutes ces actrices, tout en plaçant le spectateur aussi au plus près d’elles. La sobre mise en scène d’Itsaso Anara passe d’un visage à l’autre, balaie l’espace au gré des déplacements, et compose un espace parfois ambigu, qui ne dit pas s’il tient du réel ou du jeu.

Les actrices répètent dans Les Filles vont bien

Jouant avec les symboles du conte, les robes de princesse étant de sortie tout comme le fameux crapaud à embrasser, Les Filles vont bien explore des faits, des étapes de la vie. Ces femmes s’expriment sur la mort comme l’amour, et les points de vue et expériences qui se révèlent jusqu’au cœur de la nuit dessinent des portraits authentiques, touchants. Sans entrer dans le cinéma existentialiste, car la légèreté domine en permanence. Et même lorsqu’une présence masculine vient déséquilibrer l’hégémonie féminine en vigueur ici, Itsaso Arana conserve la même tonalité, le même état d’esprit : un mouvement serein vers la création, sous le sceau d’une bienveillance infinie, sororité idyllique. D’aucuns pourront reprocher au film de se refuser à tout conflit ou véritable obstacle, à tout changement de trajectoire dans cette paisible intrigue : oui, il n’y a pas de jeu avec les émotions du spectateur, simplement un dispositif réjouissant par sa sincérité, sorte de havre de paix estival qui tient, par sa nature, quasiment de l’anomalie. Les filles vont bien, et l’espace d’une heure et demie, nous aussi.

3.5 étoiles

 

Affiche du film Les Filles vont bien

Les Filles vont bien

Film espagnol
Réalisatrice : Itsaso Arana
Avec : Bárbara Lennie, Irene Escolar, Itziar Manero, Helena Ezquerro, Itsaso Arana
Titre original : Las chicas están bien
Scénario de : Itsaso Arana
Durée : 85 min
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie en France : 29 novembre 2023
Distributeur : Arizona Distribution

 

Photos du film Copyright Arizona Distribution

Article rédigé par Dom

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