Critique : Vincent doit mourir

Le premier long-métrage de Stéphan Castang, dévoilé lors de la Semaine de la Critique 2023, place Karim Leklou dans une situation épineuse : des personnes s’en prennent à lui aussi subitement que sauvagement, sans raison particulière. Vincent doit mourir donne dans le thriller fantastique joliment référencé et fort plaisant.

Frappadingue

S’appuyant sur une société de plus en plus gangrenée par la haine et la violence, auxquelles on peut trouver des sources, des raisons pour lesquelles elles s’expriment sous diverses formes, des agressions aux émeutes, le film de Stéphan Castang, écrit par Mathieu Naert, confronte un graphiste à une violence sans logique. Lorsqu’elle explose sans raison, sans le moindre avertissement, la violence se montre d’autant plus effroyable. À son poste de travail, Vincent (Karim Leklou) est frappé soudainement par le stagiaire de la boite à l’aide d’un ordinateur portable. Burn-out du jeune homme confronté au monde du travail ? Vengeance d’un tiers ? Difficile à dire. Lorsque le lendemain, le comptable l’attaque sauvagement avec un stylo, l’incident récent prend une autre dimension. Sondant une société de plus en plus cloisonnée comme le montre le joli générique, où tout le monde passe de plus en plus de temps à œuvrer derrière des écrans, que ce soit dans le monde professionnel que sentimental, Vincent doit mourir pousse un homme ordinaire à sortir de sa case, d’opter pour la fuite pour survivre à l’inexplicable. Déjanté et flippant dans ses nombreux accès de violence, le film évoque à plusieurs reprises le cinéma de zombies, celui de George A. Romero évidemment, en convoquant aussi John Carpenter et son célèbre Invasion Los Angeles (1988) – film où un certain accessoire aurait raison de la logique narrative ici, mais c’est un détail à mettre de côté –, notamment lors d’un combat inattendu avec des gosses !

Vimala Pons et Karim Leklou dans Vincent doit mourir

Malgré la situation dramatique pour Vincent, le film ne manque pas d’humour, embrassant l’aspect absurde inhérent, nourri aussi par les tentatives de compréhension empirique du protagoniste. Il y a par exemple cette scène géniale au poste de police où agresseur et victime racontent un événement qu’ils ne peuvent pas expliquer, ou encore une séance cocasse chez un psy. Dans sa fuite en province, le film change de dynamique, tout en conservant l’aspect aléatoire et explosif de ses confrontations : et Vincent est contraint de répondre afin de sauver sa peau. Dessinant alors un arc narratif plus vaste, le film cherche une solution au travers d’une rencontre qui, à son tour, permet au film d’étoffer sa palette de couleurs. Vimala Pons débarque dans le récit dans le rôle d’une serveuse au tempérament bien trempé, mais aussi dotée d’une forte empathie. En duo, Vincent doit mourir se porte alors sur une logique de dompter la violence, de rechercher un moyen de la contenir à défaut de pouvoir l’éliminer. Toujours, l’empirisme donne lieu à des scènes inattendues, et si le cap final emprunte des sentiers battus, ce thriller fantastique évite de nombreux écueils narratifs où toute zone d’ombre doit s’évanouir avant le générique. Avec son concept détonant, sa photographie soignée et ses interprètes attachants, Vincent doit mourir s’inscrit dans le mouvement amorcé il y a quelques semaines avec Le Règne animal de Thomas Cailley, un souffle nouveau pour le cinéma de genre français.

Bonus : à découvrir, Panthéon Discount, excellent court-métrage réalisé par Stéphan Castang.

3.5 étoiles

 

Affiche du film Vincent doit mourir

Vincent doit mourir

Film français, belge
Réalisateur : Stéphan Castang
Avec : Karim Leklou, Vimala Pons, François Chattot, Karoline Rose Sun
Scénario de : Mathieu Naert
Durée : 115 min
Genre : Thriller, Fantastique
Date de sortie en France : 15 novembre 2023
Distributeur : Capricci Films

 

Photos du film Copyright Capricci Films

Article rédigé par Dom

Partagez cet article avec vos amis ou votre communauté :

Twitter Facebook Google Plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Comments links could be nofollow free.

 

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Avant de publier un commentaire, vous devez lire et approuver notre politique de confidentialité.