Critique : Dune deuxième partie

Le destin de Paul Atréides prend de l’ampleur avec Dune : deuxième partie de Denis Villeneuve. Avec un univers et des enjeux installés, ce second opus, qui débute à un moment critique, déploie son aventure avec retentissement. Un blockbuster puissant, à la résonance vertigineuse en cette période de guerres.

Un prophète

Communément, dans les sagas de science-fiction hollywoodiennes, plusieurs années séparent la narration de chaque film. Ici, nous démarrons exactement là où nous avions laissé les protagonistes : Paul Atréides (Timothée Chalamet) et Lady Jessica Atréides (Rebecca Ferguson) vont découvrir le mode de vie Fremen alors que les Harkonnen, qui ont passé un pacte sournois avec l’empereur, reprennent leurs quartiers sur Arrakis. Denis Villeneuve, qui a écarté certains personnages pour fluidifier la narration du précédent opus peut avancer sur trois tableaux : le combat contre les Harkonnen afin de libérer le peuple Fremen (et venger les Atréides), l’influence des Bene Gesserit dans les desseins de l’univers, et donc le contrôle de ce dernier au travers d’un élu – nous revenons alors à Paul. Un véritable prophète mais qui craint d’embrasser son destin, aux conséquences potentiellement funestes sur Arrakis. Précisons pour les curieuses et curieux qu’il est plutôt indispensable de voir le premier film avant de plonger dans ce nouveau long métrage à la direction artistique toujours aussi soignée et précise, conservant cet aspect « rigoureux et froid » notamment dans le design de ses vaisseaux, mais qui saisit par son jeu sur les échelles, que ce soit lorsque les soldats sont alignés en bataillons ou que les gigantesques vers des sables font trembler la salle. À propos du son, Hans Zimmer poursuit également son travail en marquant l’univers de chaque clan. La musique, poussée au paroxysme du mixage, est encore un élément clé, sorte de catalyseur capable d’écraser ou de libérer le spectateur au gré de cette odyssée qui, par moments, se précipite sur certains épisodes toujours dans un souci de fluidité – la durée du film atteint les 146 minutes.

Austin Butler et Léa Seydoux dans Dune deuxième partie

Doté de quelques séquences d’action tendues par les rapports de force déséquilibrés, Dune : deuxième partie trouve l’équilibre idéal entre scènes musclées et développement de sa dramaturgie. Si Timothée Chamalet se montre encore plus convaincant, sa partenaire de jeu Zendaya dans le rôle de Chani s’avère peu expressive malgré une présence plus grande à l’écran. On découvre enfin l’Empereur, campé par Christopher Walken, et sa fille, la princesse Irulan, interprétée par Florence Pugh, qui jouent tous deux, à distance dans un premier temps, un rôle clé dans l’avenir d’Arrakis. Tout comme le terrible Feyd-Rautha Harkonnen (Austin Butler), appelé à remplacer Rabban (Dave Bautista), dépassé par les attaques menées sur les moissonneuses de la si précieuse épice. Là où le film trouve une dimension différente par rapport à Dune en 2021 se trouve dans notre quotidien. Dune : deuxième partie arrive en salle dans un monde où les conflits armés sont de retour, à nos portes. Les massacres commis par les Harkonnen, ces scènes de fuite du peuple Fremen au cœur du chaos font autant écho à la guerre en Ukraine qu’au génocide qui se déroule à Gaza. Sur un autre versant, celui d’une écologie en péril par des décisions politiques de plus en plus absurdes, le film se montre encore plus alarmant. Rares sont les œuvres de cette envergure à refléter autant les périls qui nous frappent à l’échelle mondiale.

Trois vers des sables attaquent des soldats dans Dune deuxième partie

Dans une réalité qui semble vouée à subir les idéaux nauséabonds et lubies de tyrans indéboulonnables (ou bien sur le retour), le film apparaît comme une échappatoire salvatrice. Il y a la possibilité d’un changement, d’une révolution, mais dont les conséquents effets ne sont qu’évalués par le prisme du rêve prémonitoire. Quelles que soient les prochaines étapes, Paul Atréides constitue une sorte de héros absolu, aussi efficace comme guerrier dans des opérations isolées que des batailles de grande envergure, et ce, sans s’apparenter au surhomme : ses failles sont nombreuses. C’est aussi un fin stratège, exploitant ses armes au moment où l’adversaire, imbu de sa puissance, expose ses faiblesses. Avec ce deuxième opus au caractère titanesque, Denis Villeneuve ne construit pas ce qu’il y a de plus excitant en matière de blockbuster mais une œuvre aussi vigoureuse qu’esseulée : que reste-t-il du cinéma à grand spectacle américain ?

4 étoiles

 

Affiche de Dune deuxième partie

Dune : deuxième partie

Film américain
Réalisateur : Denis Villeneuve
Avec : Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Zendaya, Javier Bardem, Josh Brolin, Austin Butler, Dave Bautista, Florence Pugh, Christopher Walken, Léa Seydoux, Stellan Skarsgård, Charlotte Rampling, Souheila Yacoub
Titre original : Dune: Part Two
Scénario de : Denis Villeneuve, Jon Spaihts, d’après un roman de Frank Herbert
Durée : 146 min
Genre : Science-fiction, Aventure, Drame, Action
Date de sortie en France : 28 février 2024
Distributeur : Warner Bros. France

 

Photos du film Copyright 2023 Warner Bros. Entertainment Inc.

Article rédigé par Dom

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