En Bref : Les Feuilles mortes

Récompensé de l’Ours d’argent du Meilleur réalisateur pour son précédent long-métrage, L’Autre côté de l’espoir (2017), le réalisateur finlandais Aki Kaurismäki reçoit le Prix du jury au Festival de Cannes 2023 avec Les Feuilles mortes. Retour à des figures solitaires, plus éloignées des problématiques migratoires mais jamais de la misère, pour une œuvre qui manque terriblement de mordant et d’audace.

Aki Kaurismäki, c’est un style reconnaissable parmi des centaines, héritant de tics de cinéastes qu’il célèbre inlassablement, de Chaplin à Bresson en passant par Ozu, avec une photographie picturale et marquée. Des tableaux que l’on parcoure depuis le début des années 1980, avec une certaine constance dans la force des récits. Conservant toujours le même cap, Kaurismäki touche à la duplication de son propre cinéma. L’histoire de deux âmes solitaires, sous fond de guerre en Ukraine à chaque fois qu’une radio s’éveille. Ansa (Alma Pöysti) perd son emploi dans un supermarché car elle offre aux démunis des produits périmés, et se permet d’en glisser parfois un dans son sac. Holappa (Jussi Vatanen) perd aussi son emploi sur les chantiers, non par bonté mais à cause de son alcoolisme. Une rencontre, des obstacles, et Kaurismäki s’appuie sur une partition qu’il maîtrise à la perfection.

Faisant toujours preuve de la même humanité, chantre scandinave de l’espoir pour les démunis, le réalisateur finlandais ne trouve plus la douce magie de ses précédents films, et encore moins de certaines de ses plus belles œuvres, comme Ariel (1988), J’ai engagé un tueur (1991) ou plus récemment L’homme sans passé (2001). Malgré ses 81 minutes, ce nouveau long-métrage ne possède guère de dynamique, et l’aspect baroque qu’il cultive avec des atmosphères feutrées et décalées, souligne désormais une forme d’enlisement. Ces scènes de bar, ces scènes d’injustice et ces scènes où l’amour se montre timoré empruntent un chemin balisé à outrance. Il n’y a rien de mal à toujours mettre en avant les mêmes thématiques, les mêmes obsessions, mais Les Feuilles mortes s’inscrit comme une œuvre mineure dans une filmographie aussi dense que monolithique sur le plan formel.

2.5 étoiles

Les Feuilles mortes d’Aki Kaurismäki, en salle depuis le 20 septembre 2023, avec Alma Pöysti, Jussi Vatanen, Janne Hyytiäinen.

Affiche du film Les Feuilles mortes

 

Photos du film Copyright Sputnik

Article rédigé par Dom

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