Critique : La Malédiction l’origine

Si le nom de David S. Goyer est attaché à quelques films ahurissants en tant que co-scénariste – au hasard, The Dark Knight (2008) de Christopher Nolan ou bien Dark City (1998) d’Alex Proyas –, en tant que producteur, sa filmographie se montre moins reluisante. Après avoir déterré la licence Hellraiser en 2022, voilà qu’il s’attaque à la saga La Malédiction, lancée par Richard Donner en 1976. Ce préquel, baptisé La Malédiction : l’origine entend revenir sur la naissance du mal, celle de Damien. Autant y aller franco, ce premier long métrage d’Arkasha Stevenson tient de la purge sans intérêt.

Somnolence démoniaque

Chapeau bas au premier trailer du film, alléchant bien qu’après coup, fort trompeur : avec la musique lugubre de Fever Ray, les plans du film, tous en marche arrière, laissaient présager une œuvre horrifique particulièrement dérangeante. Au final, une fois dans la salle, au bout de vingt minutes, on souhaiterait aussi revenir en arrière, choisir un autre film, n’importe lequel, même de Philippe Lacheau. Dans cette volonté hollywoodienne de vouloir tout raconter, d’éclairer toute zone d’ombre, La Malédiction : l’origine veut nous montrer d’où vient ce gamin peu recommandable, antéchrist découvert en 1976 et qui, succès oblige, est revenu nous harceler dans une série de films n’égalant jamais l’œuvre d’origine. Ici, Margaret Daino (Nell Tiger Free), jeune femme ingénue, est expédiée à Rome en 1974 pour servir l’Eglise et venir en aide à des orphelins. Témoin d’événements étranges, elle est contactée par un prêtre pour obtenir le dossier d’une fille particulière, Carlita (Nicole Sorace). L’Eglise, en déperdition, serait sur le point de mettre au monde l’antéchrist afin de ramener la jeunesse vers la foi. D’emblée, le film s’avère peu séduisant par son esthétique à la nostalgie biaisée, ce cinéma numérique singeant maladroitement une patte rétro – alors que le premier trailer assumait pleinement son côté numérique ! –, et, au fur et à mesure que Margaret s’enfonce, très lentement, dans sa nouvelle vie, nous voyons émerger deux autres films, L’Exorciste (1973) de William Friedkin et Rosemary’s Baby (1968) de Roman Polanski. En matière de fainéantise scénaristique, nous tenons un champion du genre.

Un autel en feu dans La Malédiction : l'origine

Faut-il être original pour séduire ? Non, évidemment, le cinéma ne cesse de nous raconter les mêmes histoires, d’aborder les mêmes thématiques, et ce qui fait la différence se trouve dans le style, l’émotion, la mise en scène, la créativité qui découle de l’objet scénario, base de travail sans guère de saveur en lui-même. Là encore, La Malédiction : l’origine se montre d’une pauvreté désespérante. Avare en scènes d’horreur, toutes vues et revues des dizaines de fois, le film d’Arkasha Stevenson n’instaure aucune ambiance, en plus de se montrer particulièrement douloureux sur le plan rythmique. Arrive un temps où l’on pense à l’immondice Suspiria (2018) de Lucas Guadagnino, supplice comptabilisant 30 minutes de plus. D’aucuns saluent la thématique du corps de la femme et son droit à l’avortement : il y a des sujets importants qui méritent d’autres traitements que celui proposé par ce préquel lénifiant, multipliant les incohérences et astuces narratives éculées. Espérons que la saga retombe dans l’oubli pour 666 années, minimum.

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Affiche française de La Malédition : l'origine

La Malédiction : l’origine

Film américain
Réalisatrice : Arkasha Stevenson
Avec : Nell Tiger Free, Ralph Ineson, Sonia Braga, Maria Caballero, Bill Nighy, Tawfeek Barhom, Nicole Sorace
Titre original : The First Omen
Scénario de : Tim Smith, Arkasha Stevenson, Keith Thomas
Durée : 119 min
Genre : Epouvante, Horreur
Date de sortie en France : 10 avril 2024
Distributeur : The Walt Disney Company France

 

Photos du film Copyright 2024 20th Century Studios. All Rights Reserved.

Article rédigé par Dom

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