En Bref : Un métier sérieux

Le cinéma de Thomas Lilti a offert au cours de trois films un éclairage sur le milieu de la médecine, des études (Hippocrate, Première année) à la pratique en rase campagne (Médecin de campagne). Avec Un métier sérieux, les stéthoscopes sont abandonnés au profit de la craie de professeurs d’un collège. Si le casting de cette comédie dramatique séduit, on s’interroge sur l’intérêt d’un tel film à une époque où l’Éducation nationale traverse une période de crise sans précédent.

Des travaux assourdissants et une fenêtre qui ne peut être fermée : voilà le problème que rencontre Benjamin (Vincent Lacoste), professeur de mathématiques remplaçant dans un collège, lorsqu’il gagne sa classe. Peut-être que Thomas Lilti nous éclairera sur les nombreuses difficultés dans le monde de l’Éducation nationale avec ce film, des classes surchargées à une violence protéiforme et insidieuse, sans jamais perdre de vue les manques de moyens attribués par le gouvernement. Absolument pas ! Un métier sérieux se déroule dans une collège « normal », avec des enseignants qui rencontrent des problèmes « classiques », pour une œuvre qui interroge alors « personne ». Un tel film peut être diffusé dans les bureaux du Ministère de l’Éducation Nationale sans froisser le moindre technocrate. Tout va très bien, Madame la Marquise. Certes, il y a, encore heureux, des établissements qui ne sont pas en état d’asphyxie, qui ne rencontrent pas de tragiques problèmes de harcèlement scolaire, où les élèves, peu ou prou concernés par les cours, ne font pas de véritables vagues, mais quel est l’intérêt de réaliser un long-métrage aussi gentillet en 2023 ? D’autant plus que Thomas Lilti a, par le passé, montré les difficultés du milieu de la médecine.

Fondamentalement, le cinéaste réunit une belle troupe d’acteurs, convaincante. Il y a d’abord le charismatique Vincent Lacoste, notre porte d’entrée dans ce collège, François Cluzet qui apporte une figure d’expérience et d’autorité naturelle, Adèle Exarchopoulos à l’aisance et l’énergie bluffantes pour se glisser dans un rôle-métier, Louise Bourgoin avec le personnage le plus délicat et fragile, un sympathique duo de profs de sport avec Lucie Zhang et Théo Navarro-Mussy, et c’est probablement William Lebghil qui convainc le moins sur le versant purement éducatif en prof d’anglais – car autrement, il joue la carte du personnage un peu clown avec succès. Le film connaît bien un état de crise vis-à-vis d’un élève – qui apporte un soupçon de débats, de questionnement, pour vite rentrer dans le rang –, de petits accros sur le plan personnel de chacun, mais hormis un point intéressant et peu développé qui relie l’enseignement en classe aux tutoriels YouTube, Un Métier sérieux se montre déconnecté de l’époque. Le film ne s’engage jamais sur une problématique : c’est une sorte de guimauve, dont l’aspect inoffensif témoigne au contraire d’un grand danger, celui de croire que jusqu’ici, tout va bien.

2 étoiles

Un Métier sérieux de Thomas Lilti, en salle depuis le 13 septembre 2023, avec Vincent Lacoste, François Cluzet, Adèle Exarchopoulos, Louise Bourgoin.

Affiche du film Un métier sérieux

 

Photos du film Copyright Les Films du Parc – Denis Manin

Article rédigé par Dom

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