Critique : Indiana Jones et le Cadran de la Destinée

Harrison Ford retrouve le costume du célèbre aventurier pour un cinquième et probablement ultime épisode. Si Steven Spielberg n’est pas à la réalisation mais à la production d’Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, il semble que le personnage, créé par George Lucas, soit arrivé entre de bonnes mains avec James Mangold aux commandes.

Retraite active

En 2008, Indiana Jones découvrait dans Indiana Jones et le Royaume de Cristal les fonds verts, les petits hommes verts, mais aussi la parade pour survivre à une attaque nucléaire – se planquer dans un frigo ! Un épisode catastrophique, malgré quelques séquences efficaces ça et là, qui compte sans nul doute parmi les rares films ratés dans la filmographie de Steven Spielberg. Remonter en selle pour une cinquième aventure n’augurait rien de réjouissant, et si les diverses bandes-annonces ont divisé au fil des mois – notamment autour des effets numériques ainsi que du rajeunissement de Ford –, force est de constater que ce cadran de la destinée offre un coup de fouet plaisant, respectant la saga et sa figure iconique. Le film s’ouvre sur une séquence palpitante à la fin de la Seconde Guerre mondiale : Indiana Jones et son ami Basil Shaw (Toby Jones) se retrouvent à affronter des nazis qui battent en retraite avec une vaste et précieuse cargaison d’œuvres d’art et d’antiquités en tout genre. Dont la moitié du fameux cadran du titre, création d’Archimède qui, si l’on croit sa légende, pourrait permettre des voyages temporels. Dans cette scène de nuit riche en action, le premier point qui interpelle, c’est le phénomène de rajeunissement assez impressionnant du visage d’Harrison Ford. Certes, cela lui donne des expressions qui manquent de naturel, la peau est trop lisse pour sembler « humaine » et même le regard manque souvent d’un certain éclat… d’une âme ! Si cela ouvre toujours la porte du débat à l’heure où l’I.A. pourrait remplacer de nombreux postes dans le milieu, des scénaristes jusqu’aux comédiens, il faut souligner qu’ici, la technologie est employée uniquement au service du récit. Evidemment, il y a 20 ans, un acteur plus jeune aurait été pris pour cette longue séquence d’ouverture – comme dans Indiana Jones et la dernière croisade (1989) –, mais pourquoi se priver aujourd’hui du physique de l’acteur iconique ? D’autant que nous l’avons déjà vu à cette époque du récit en la personne d’Harrison Ford.

Été 69. L’homme vient de marcher sur la Lune, et New York s’apprête à célébrer ses astronautes, sous fond de mouvements contestataires contre la guerre du Vietnam. Effervescence totale alors que notre cher Indy donne ses derniers cours d’archéologie : l’heure de la retraite a sonné. Mais le voilà rattrapé par l’appel de l’aventure, avec sa nièce Helena, surnommée Wombat (Phoebe Waller-Bridge), qui le sollicite sur le cadran de la destinée. Seulement, le Dr. Voller (Mads Mikkelsen), affronté en 1944, compte bien réunir les deux pièces grâce à notre héros, afin de remonter le fil du temps et corriger la trajectoire de la défaite des nazis. Ainsi, c’est sur cet élément simple mais efficace que se déroule cette cinquième sortie, toujours rythmée par la bande originale et le thème emblématique de John Williams. Sur terre, sur mer et dans les airs, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée compose une grande aventure, en limitant les excès propres à l’époque dans l’action – et qui ont toutefois jalonné la saga, surtout dans les épisodes 2 et 4. Désormais, difficile de travailler sans effets numériques ni incrustations : si certains gros plans jurent quelque peu, il faut souligner que chacune de ces séquences bénéficie d’une lisibilité des plus appréciables, tout en se montrant prenantes et dynamiques. Mangold respecte un découpage qui hérite de celui de Spielberg. De plus, lui et ses scénaristes ont écrit des personnages secondaires qui ont de la consistance, comme Wombat, parfaitement campée par Phoebe Waller-Bridge, mais aussi le jeune Teddy (Ethann Isidor). De précieux alliés dans cette quête face à Voller, un antagoniste de caractère, même si ses hommes de main se limitent aux stéréotypes des brutes nazies. Par contre, on saluera toujours la saga à ne jamais prendre de pincettes : certains personnages peuvent être abattus froidement, accentuant alors le sens du danger.

Alors que tous les épisodes de la saga oscillent autour des 120 minutes, cet épisode s’étend sur 154 minutes : une durée qui se ressent parfois dans le cœur du film, qui ne tient pas la cadence de la scène d’introduction. Mais de New York à la Sicile en passant par le Maroc, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée se montre généreux, tout comme Harrison Ford, loin d’être usé à cheval ou derrière le volant d’un tuk-tuk. De l’exploration, de l’action, des retrouvailles, et des péripéties qui débouchent sur un ultime chapitre des plus excitants – on ne dévoilera rien d’autre ici. Sans atteindre la force des épisodes des années 1980, le film de James Mangold investit un espace perdu ces dernières années par la majorité des superproductions américaines, un espace où l’émerveillement et la surprise sont au rendez-vous. Sans abuser de la carte nostalgique, si ce sont bel et bien des adieux qui se jouent ici, ils se montrent des plus satisfaisants.

3.5 étoiles

 

Indiana Jones et le Cadran de la Destinée

Film américain
Réalisateur : James Mangold
Avec : Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, Ethann Isidore, Mads Mikkelsen, Toby Jones, John Rhys-Davies, Antonio Banderas, Boyd Holbrook, Shaunette Renée Wilson, Karen Allen
Titre original : Indiana Jones and the Dial of Destiny
Scénario de : Jez Butterworth, John-Henry Butterworth, David Koepp, James Mangold
Durée : 154 min
Genre : Aventure, Action
Date de sortie en France : 28 juin 2023
Distributeur : The Walt Disney Company France

 

Photos du film Copyright 2022 Lucasfilm Ltd. & TM. All Rights Reserved.

Article rédigé par Dom

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