Critique : Fast & Furious Hobbs & Shaw

La saga Fast & Furious se décline en spin-off pour conserver deux figures, Luke Hobbs joué par Dwayne Johnson et Deckard Shaw, campé par Jason Statham. Un projet séduisant sur le papier puisque ce sont ces deux personnages qui font le sel de The Fate of the Furious dans lequel Vin Diesel expose toutes ses faiblesses d’acteur. Hélas, David Leitch livre un film d’action raté en long et en large, la faute à un scénario bâclé mais aussi une incapacité à donner du style à cette confrontation avec des terroristes totalement surannée.

Lent & besogneux

Hobbs et Shaw ne peuvent pas se saquer, et dans Fast & Furious : Hobbs & Shaw, ces durs à cuire seront pourtant contraints de collaborer afin de sauver le monde, ce qui inclus la sœur de Shaw, Hattie (Vanessa Kirby), membre du MI6 recherchée pour vol d’un virus effroyable alors qu’elle n’a fait que le protéger en se l’injectant dans la main. Hattie est pourchassée par une organisation terroriste portée sur les avancées technologiques, voyant l’être humain 2.0 comme un Terminator. Leur meilleur prototype et représentant est le coriace et récalcitrant Brixton (Idris Elba), avec sa combinaison pare-balle – on notera qu’aucun personnage ne cherchera à lui tirer une balle dans le crâne, ce qui aurait permis de gagner de précieuses minutes – et son programme lui permettant d’analyser et d’éviter les coups à venir lors des combats à mains nues. Mais avant que ce quatuor soit assemblé afin de nous offrir moult pirouettes, coups de latte et coups de volants insensés, le film de David Leitch pose à nouveau le décor : d’un côté il y a le californien Hobbs qui mène ses missions de mercenaire tout en s’occupant de sa fille, de l’autre le britannique Shaw qui accomplit son sale boulot en passant par la case prison afin de rendre visite à sa mère, jouée par Helen Mirren. Et avant sont introduits les personnages interprétés par Vanessa Kirby et Idris Elba, le tout, pour confronter et unir ensuite des forces ne voulant pas s’associer. Le buddy movie fun et délirant peut alors débuter après quelques démonstrations de force loin d’être impressionnantes, hormis la chute depuis un immeuble en plein centre de Londres. Malheureusement, jamais la sauce ne prendra.

Fast & Furious : Hobbs & Shaw est un patient souffrant de nombreux maux. Il y a déjà un vrai manque de synergie entre le réalisateur David Leitch – cascadeur qui compte à son actif à la réalisation John Wick, Atomic Blonde ou encore Deadpool 2 – et les scènes pondues par les scénaristes Chris Morgan – attaché à tous les Fast & Furious depuis Tokyo Drift – et Drew Pearce, parmi les scénaristes de l’excellent Mission Impossible : Rogue Nation. Les effets comiques et dialogues qui tournent au puéril battle entre Johnson et Statham ne fonctionnent que très rarement et le film en vient même à suivre une logique aberrante avec son sérieux de plomb qui débouche toujours sur des phases ou le second degré n’offre pas de contraste mais plutôt une rupture dissonante, enfin, si le film parvenait à ses fins dans ses enjeux dramatiques. De la grisaille britannique à la luxuriance de la Polynésie en passant par Tchernobyl, Fast & Furious : Hobbs & Shaw déploie un programme de tabassages et de courses-poursuites sans saveur. Alors que Atomic Blonde concrétise partiellement ses intentions, ce spin-off ne peut compter que sur deux ou trois séquences pour nous sortir d’une terrible torpeur. Rien ne sert d’enchaîner les séquences d’action sans avoir le sens du spectacle. Le film est aussi générique que la bande originale de Tyler Bates, infect bouillon de notes et percussions accompagnant toutefois à la perfection la platitude des images qui défilent.

Avec le talent de Dwayne Johnson et de Jason Statham, dont le potentiel a été clairement affirmé dans The Fate of the Furious, David Leitch rate le film cool de l’été 2019. Vanessa Kirby parvient à tirer son épingle de ce triste jeu tandis qu’Idris Elba hérite d’un rôle tout à fait inconséquent et unidimensionnel. Affreusement long et puant sur certains aspects – une scène au cours du générique de fin étale sans vergogne la fin de la série Game of Thrones, qui s’est achevée au mois de mai –, Fast & Furious : Hobbs & Shaw tient de ces blockbusters à la fois minables et gentillets. Une boursouflure supplémentaire sur la désolante route débutée en 2001 avec Fast & Furious de Rob Cohen. Il est peut-être temps de couper le moteur ?

2 étoiles

 

Fast & Furious : Hobbs & Shaw

Film américain
Réalisateur : David Leitch
Avec : Dwayne Johnson, Jason Statham, Vanessa Kirby, Idris Elba, Cliff Curtis, Eddie Marsan, Helen Mirren, Ryan Reynolds
Titre original : Fast & Furious presents : Hobbs & Shaw
Scénario de : Chris Morgan, Drew Pearce
Durée : 136 min
Genre : Action, Aventure
Date de sortie en France : 7 août 2019
Distributeur : Universal Pictures France

 

Article rédigé par Dom

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