Critique : Gardiens de la Galaxie 3

32e long métrage de la saga Marvel, Les Gardiens de la Galaxie 3 trouve James Gun aux commandes pour une ultime fois. Et cette fois encore, la bande de Star-Lord répond présent pour relever le niveau à la suite d’une salve de films dont on aurait pu se passer.

Rocket science

Si le dernier film consacré aux Gardiens de la galaxie remonte à 2017, nous les avions retrouvés pour quelques scènes dans l’immonde Thor : love and thunder (2022) de Taika Waititi. Disney et Marvel Studios peinent à convaincre depuis la phase 4, marquant le début de la Saga du Multivers, et ce, même lorsqu’ils font appel à des cinéastes de renom, comme Chloé Zao pour l’interminable et niais Les Eternels (2021) ou encore Sam Raimi à la rescousse sur Doctor Strange in the multiverse of madness (2022). Ce troisième film des gardiens arrive au cœur d’un univers à la dérive, qui ne sait plus vraiment quoi raconter, ni comment, confiant de fédérer sur la simple base de ses personnages avec une écriture au rabais, sinon catastrophique. Or, il se produit quelque chose de rassurant dès les premières minutes des Gardiens de la Galaxie 3 : l’émotion sera en son cœur, en construisant son récit sur un personnage de la bande, Rocket – à la voix toujours prêtée par Bradley Cooper, mais aussi Sean Gunn lorsqu’il est plus jeune. Tout le film s’articule sur son passé ainsi que son vil créateur. Sur un Creep acoustique de Radiohead, la mélancolie s’installe dans les quartiers de Knowhere, QG du groupe qui sera rapidement attaqué par Adam Warlock (Will Poulter), avec pour cible Rocket. Grièvement blessé, le raton-laveur anthropomorphe ne pourra pas être soigné sans récupérer des éléments auprès de ses créateurs. Les gardiens se mettent en route pour sauver leur ami.

Ainsi, toute cette troisième aventure se construit autour de ce Rocket inerte, mais dont nous explorons le sombre passé aux côtés de son créateur, le Maître de l’évolution joué par Chukwudi Iwuji, un être terrible qui mène des expériences sur des animaux dans le but de créer une société parfaite. Nous sommes probablement face au film Marvel le plus émouvant de toute la saga, et si les Gardiens sont connus pour leur humour et leur second degré, ce film se montre moins efficace sur ce point. Notamment dans l’exploitation répétitive du caractère singulier de Drax (Dave Bautista), mais aussi en exploitant Mantis (Pom Klementieff), arrivée dans Les Gardiens de la Galaxie 2, de façon assez superficielle. Certaines situations font mouche évidemment, mais des traits grossiers affectent de nombreuses scènes légères. Au cours de cette mission qui s’étend sur 2 h 30 – la plus longue de la trilogie, mais plus fluide que le précédent opus – on découvre des lieux aussi incroyables que les costumes de certains personnages – comme les forces de sécurité de l’Orgosphère – ainsi que certains personnages eux-mêmes, comme les habitants de la Contre-Terre. Une véritable parade fantastique aux effets spéciaux séduisants, avec des séquences d’actions prenantes et parfois très impressionnantes, comme une confrontation dans un couloir où tout le monde déploie ses talents, y compris le désormais colossal Groot – toujours le plus grand rôle de Vin Diesel. Peter Quill (Chris Pratt), meneur de la bande, reste évidemment un élément primordial, par son amitié avec Rocket, mais aussi sa relation perdue avec Gamora (Zoe Saldana), revenue d’entre les morts, et qui sera l’autre arc narratif du film.

Dans sa structure, peu de place à la surprise dans Les Gardiens de la Galaxie 3. James Gunn conserve une ligne classique, avec les ingrédients principaux d’une recette toujours efficace et plaisante, à l’image de sa belle bande originale qui alterne entre rock et metal des années 1970 aux années 1990 – 2000 – on va de Heart et Alice Cooper à Florence + the machine en passant par Faith no more et les Beastie Boys. Outre la célébration d’une solidarité indéfectible parmi ces super-héros, le film pose des enjeux certes simplistes sur l’antispécisme (et l’eugénisme) avec son anti-héros méprisant toute forme de vie dans ses délires de mégalomane. Au travers des affects de Rocket et Peter Quill, nous voilà face à un séduisant divertissement, impressionnant sur le plan visuel et maniant la mélancolie et l’humour – certes fluctuant – comme on le voit rarement dans cette saga. Prochain rendez-vous avec The Marvels le 23 novembre 2023, confié à Nia DaCosta – derrière le dernier Candyman (2021).

Photos du film 2022 MARVEL / Walt Disney Company