Critique : Bronx

Non, malgré le titre de son nouveau long métrage, Olivier Marchal n’a pas tourné dans le célèbre quartier new-yorkais puisque c’est à Marseille que se déroule Bronx. Sur fond de rivalité entre membres de la BRI et de la BRB, avec son lot de corruption, le cinéaste livre un polar solide sur le plan technique mais si peu attrayant sur le plan narratif.

Bouillon de magouilles

L’ouverture du film se montre déjà éculée : une scène choc pour un retour en arrière trois semaines auparavant. A l’arrivée d’un nouveau directeur interrégional interprété par Jean Reno, des membres de la BRB et de la BRI jouent le bras de fer lorsqu’un règlement de compte entre malfrats montre des signes de corruption parmi les rangs des forces de l’ordre. D’emblée, Olivier Marchal présente une bonne dizaines de personnages sans réelle contextualisation, hormis la première scène avec Willy Kapellian (Stanislas Merhar). Lorsqu’un des auteurs du massacre est tué par un policier dans d’étranges circonstances, la tension grimpe pour Richard Vronski (Lannick Gautry) et ses hommes, alors que la guerre des clans ne fait que débuter. Par sa photographie, sa mise en scène, et le sérieux dans les divers pôles artistiques, Bronx montre certaines qualités formelles, bien qu’une scène de fusillade nocturne en noir et blanc, qui aurait pu être un sommet d’action du film, tourne à l’exercice brouillon et difficilement lisible. Marchal est un cinéaste qui sait filmer ce type de néo-polar sous influence américaine, mais qui en contrepartie montre aussi ses muscles avec des dialogues parfois au ras des pâquerettes – mais ici, on joue les durs, c’est le Bronx !

Avec sa multitude de personnages et l’enchevêtrement narratif pourtant axé sur des éléments communs au genre – rivalité entre clans de malfaiteurs et corruption des forces de police –, Bronx n’arrive jamais à stimuler autour des agissements de ses protagonistes. Des personnages qui peinent à prendre de l’ampleur malgré un soin apporté pour densifier certaines figures, montrer le côté humain sous le gilet pare-balles – au risque d’être parfois à la lisière du ridicule ou en flirtant avec l’incohérence. On voit la volonté de livrer une œuvre dense sur un univers où la frontière entre le bien et le mal, l’ordre et la criminalité, devient poreuse. Mais plus les minutes défilent et moins le film se montre capable de trouver de la profondeur, la faute aux soucis narratifs évoqués, et peut-être un casting peu judicieux – les têtes d’affiche que sont Jean Reno et Gérard Lanvin sont de simples personnages accessoires, de même pour Dani en marraine du crime organisé. Difficile de ressentir quoi que ce soit pour toute cette galerie au fur et à mesure que les pions tombent sur l’échiquier : lors des derniers coups, le grand final touche alors à l’anecdotique. Un adjectif qui sied parfaitement pour qualifier ce polar auquel on ne croit guère.

2.5 étoiles

 

Bronx

Film français
Réalisateur : Olivier Marchal
Avec : Lannick Gautry, Stanislas Merhar, Kaaris, Jean Reno, David Belle, Patrick Catalifo, Moussa Maaskri, Catherine Marchal, Erika Sainte, Ambre Piétri, Barbara Opsomer, Dani, Gérard Lanvin
Scénario de : Olivier Marchal
Durée : 116 min
Genre : Policer, Action, Drame
Date de sortie en France : 30 octobre 2020
Distributeur : Netflix France

 

Article rédigé par Dom

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Un commentaire

  1. Ce film est un des pires du genre tant il y a une collection inouïe d’invraisemblances et d’incohérences ! Entre être hagard devant tant d’inepties et en sourire devant tant de bêtises j’hésite… Il aurait pu éviter le pire en osant la fresque, 45-60mn de plus n’aurait pas été une sinécure pour étoffer un scénario beaucoup trop fouilli pour 1h55

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