Critique : Omar la fraise

Présenté en Séance de minuit au Festival de Cannes 2023, Omar la fraise, premier long-métrage d’Elias Belkeddar – co-scénariste d’Athena de Romain Gavras et de Mes jours de gloire d’Antoine de Bary –, dépeint la nouvelle vie de malfrats réfugiés à Alger. Dynamique et doté d’un esprit joueur, le film prévaut par son duo central campé par Reda Kateb et Benoît Magimel.

La reconversion, c’est du gâteau

Par son esprit gentiment insolent, ses deux gangsters attachants, au langage et aux manières parfois détonantes, ainsi qu’une mise en scène énergique, le passage au long-métrage d’Elias Belkeddar semble prêter allégeance au cinéma de Quentin Tarantino, et ce, sans vouloir le singer – combien de jeunes cinéastes échouent à vouloir rentrer dans les bottes du réalisateur de Pulp Fiction ? On découvre Omar la fraise – pseudonyme dont le mythe sert de fil rouge – et Roger Lhermitte en pleine discussion dans le désert, alors qu’ils s’apprêtent à sceller un dernier deal de cocaïne. Tout juste installés à Alger, les deux bandits, amis de longue date, vont devoir changer de trajectoire : si la France manque à Omar, il ne peut plus y mettre les pieds, à moins de jouer avec la case prison pour de longues années. Il est donc nécessaire de se ranger définitivement pour lui, qui n’a le droit à aucune erreur ici, et son ami Roger compte bien l’aider à rentrer dans le rang. Avec Reda Kateb et Benoît Magimel, Elias Belkeddar compose un duo délectable, leur offrant une matière humoristique qui irrigue parfaitement le quotidien de ces amis en quête d’une nouvelle vie. Mais difficile pour eux de se débarrasser de leur sulfureux passé, réputation oblige.

L’alchimie entre les deux comédiens principaux d’Omar la fraise constitue aussi une faiblesse, car les deux hommes évolueront avec plus de distance dès lors qu’Omar sera placé à la tête d’une usine de gâteaux, où il tombe sous le charme d’une employée, Samia (Meriem Amiar). Dans son jeu de drague assez lourd, le film perd quelque peu de son charme, tout en amplifiant sa position en dehors de toute case : un brin de comédie, quelques traits propre au polar, mais aussi des accès de violence, d’autant plus marquants avec des adolescents des rues qui prennent Omar comme une figure de parrain. La rue : on y déambule avec aisance, parfois caméra au poing, au risque de fragiliser l’esthétique. Sous un soleil de plomb, Omar la fraise trace l’itinéraire d’un salut qui passe par le sacrifice, une reconversion de surface et une vengeance des plus expéditives. Une œuvre à la narration fondamentalement fragile, qui manque d’équilibre, mais pas de caractère.

3 étoiles

 

Omar la fraise

Film français
Réalisateur : Elias Belkeddar
Avec : Reda Kateb, Benoît Magimel, Meriem Amiar, Haroun Attalah, Amani Bentarki, Bilel Bouzidi
Scénario de : Elias Belkeddar, Thomas Bidegain, Jérôme Pierrat
Durée : 92 min
Genre : Drame
Date de sortie en France : 24 mai 2023
Distributeur : StudioCanal

 

Photos du film Copyright Iconoclast, Chi-Fou-Mi Productions, Studiocanal, France 2 Cinéma 2023

Article rédigé par Dom

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