Critique : Brimstone

Le cinéaste hollandais Martin Koolhoven part pour la conquête de l’Ouest avec Brimstone ou presque : animé par le désir de réaliser un western féministe, le réalisateur échoue en plusieurs points pour livrer une œuvre punitive.

Inventaire d’une martyre

Liz (Dakota Fanning) est une mère aimante et pieuse, menant une vie qui semble paisible avec les siens. La jeune femme, muette, voit son quotidien basculer lors de l’arrivée d’un nouveau révérend dans sa paroisse, un personnage ténébreux joué par Guy Pearce. Dans ce premier chapitre, le mari de Liz sera sauvagement assassiné par le révérend, la contraignant à prendre la fuite avec ses deux jeunes enfants. Structuré – ou plutôt déstructuré – en chapitres bibliques, Brimstone fait du destin de Liz une sorte de fresque dans une Amérique misogyne et violente, des éléments cultivés par une Eglise terrifiante et symbolisée par le révérend que joue effroyablement Guy Pearce, maniéré à outrance. La volonté de Martin Koolhoven est aussi claire que louable, dépeindre la condition des femmes dans un genre et une époque où elles sont sous représentées. Mais à les élever ainsi en martyres, sa tentative de western féministe tourne au chemin de croix ridicule pour le spectateur. Il y a déjà un énorme souci dans l’emploi de la musique mélodramatique, qui annihile toute force dans cette entreprise lors de scènes capitales. Guy Pearce déçoit et Dakota Fanning s’avère peu ou prou convaincante selon les chapitres ; c’est d’ailleurs la jeune Emilia Jones, comédienne plus juste dans l’émotion, qui lui pique la vedette pour jouer le même personnage à l’adolescence.

Brimstone reconstruit donc le parcours terrible de Liz, pourchassée sans relâche par un étrange homme de foi. On découvre les tenants et aboutissants dans le chapitre consacré à son enfance, où la mère est jouée par une Carice Van Houten qui, elle aussi, tire son épingle du jeu, à l’inverse de son partenaire dans la série Game of Thrones Kit Harrington qui porte avec lui son étiquette de Jon Snow au beau milieu du front. D’ailleurs, il participe aux scènes les plus ridicules – avec les explosions de violence du révérend –, confinant à l’étrange série B, notamment dans une séquence de pendaison puis de tentative de libération – un ridicule qui procède de choix hasardeux autant dans la mise en scène que dans le montage. A mi-chemin, on comprend que le film de Martin Koolhoven ne pourra que continuer de s’enfoncer dans sa propre boue manichéenne, chose que le réalisateur réussit parfaitement en délivrant un acte final, en deux temps, effarant de sottise. Une longue et pénible diatribe contre les travers de la religion et la violence infligée aux femmes qui manque totalement sa cible.

Remerciements : Allociné pour la projection dans le cadre du Club 300

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A noter : le film a reçu une interdiction au moins de 16 ans pour son exploitation en salle. Le distributeur a exprimé son mécontentement et son incompréhension par le biais d’une lettre ouverte. Pour en savoir plus.

 

Brimstone

Film danois, français, allemand, belge
Réalisateur : Martin Koolhoven
Avec : Dakota Fanning, Guy Pearce, Carice Van Houten, Emilia Jones, Kit Harrington, Carla Juri
Scénario de : Martin Koolhoven
Durée : 148 min
Genre : Western, Thriller
Date de sortie en France : 22 mars 2017
Distributeur : The Jokers / Les Bookmakers

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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