En Bref : Soudain seuls

Pour son deuxième long-métrage comme réalisateur, Thomas Bidegain s’essaie au film de survie. Soudain seuls voit un couple réalisant un tour du monde en bateau s’échouer sur une île dans la région Antarctique. Porté par de belles images, le film peine trop souvent lors des interactions entre ses protagonistes pour séduire, au-delà d’un sérieux souci de réalisme.

La météo devait être favorable à une excursion sur une île avant de rejoindre la prochaine destination prévue pour Ben (Gilles Lellouche) et Laura (Mélanie Thierry), mais une tempête les contraints à passer une nuit dans un abri de fortune pour découvrir le lendemain que leur bateau a disparu. Pas de panique initialement : s’ils ne donnent pas de nouvelle au frère de Ben, des recherches devront débuter. Dix mauvais jours à tirer, pas plus. Mais rapidement, l’espoir s’amenuise, il faut tenir pour une durée indéterminée et avec des outils limités. Dès l’introduction, les dialogues entre les deux comédiens se montrent plutôt lourds, mais lorsque les véritables disputes éclatent, on flirte parfois avec le nanar. Il faut dire que le découpage des scènes de Thomas Bidegain, en champ-contrechamp dans ces moments-là, n’aide en rien. Et l’enchaînement de certaines situations touche au ridicule. En somme, on n’aimerait pas être le troisième nigaud sur cette île : plutôt tenter la folie d’une évasion à la nage, en pensant fort aux Jeux olympiques 2024.

Tourné en Islande, Soudain seuls possède un certain cachet au niveau de sa photographie, ses décors minimalistes où la nature a repris ses droits sur d’anciennes installations humaines. On ressent l’hostilité du lieu, ces probabilités croissantes que ce couple ne s’en sorte pas à l’approche d’un hiver épouvantable. Pourtant, quand l’horreur du genre devrait nous saisir, le film oscille encore entre des pôles contraires, stupeur, incongruité et grotesque étant capable de s’entrechoquer dans une même scène – par exemple, lorsque la décision est prise de manger du manchot. Alors que le film approche d’un point de rupture totale, la séparation des deux personnages permet, aussi au travers du silence, de regagner en puissance, à mettre la survie comme un enjeu à la fois primordial et inaccessible. Le propre du genre ! Toutefois, rien n’efface les nombreux écueils traversés. Peu crédible sur de nombreux rouages narratifs, le second long-métrage de Thomas Bidegain se fracasse sur les récifs d’un genre radical et délicat, mais il évite péniblement le naufrage.

2.5 étoiles

Soudain Seuls de Thomas Bidegain, en salle depuis le 6 décembre 2023, avec Mélanie Thierry et Gilles Lellouche

Affiche du film Soudains seuls

 

Photos du film Copyright 2022 TRESOR FILMS – STUDIOCANAL – FRANCE 2 CINÉMA – COOL INDUTRIES – LES PRODUCTIONS DU TRÉSOR – ARTEMIS PRODUCTIONS

Article rédigé par Dom

Partagez cet article avec vos amis ou votre communauté :

Twitter Facebook Google Plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Comments links could be nofollow free.

 

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Avant de publier un commentaire, vous devez lire et approuver notre politique de confidentialité.