En Bref : Limbo

Quand deux policiers peinent à identifier un tueur en série qui sévit dans un quartier malfamé de Hong Kong, l’un d’eux décide d’utiliser un appât humain, une femme qui tient une place particulière dans sa vie. Avec un noir et blanc renforçant l’aspect crasseux et miséreux des bas-fonds explorés, Limbo de Soi Cheang tient du polar troublant et sordide, multi-récompensé en festivals – notamment à Reims Polar et Hallucinations Collectives.

Dans un quartier malfamé de Hong-Kong, un homme mutile des jeunes femmes en leur sectionnant la main gauche. Ce n’est pas par plaisir sadique, mais avec une intention, qui adoucit d’ailleurs le caractère détraqué de sa démarche. Si Limbo nous place au plus près des enquêteurs, Cham Lau (Ka-Tung Lam) et son jeune et nouveau supérieur Will Ren (Mason Lee, fils du cinéaste Ang Lee), ce polar, adapté du roman The Wisdom Tooth de Lei Mi, nous dévoile au fur et à mesure ce qui se joue aussi du côté du criminel. L’identité du tueur n’est pas une fin, et s’il est bel et bien question de l’arrêter, c’est sur la psychologie de ses personnages torturés que le film se montre prenant, en plus de séduire grâce à une direction artistique soignée. On a besoin d’une douche après avoir passé près de deux heures dans ces ruelles emplies d’immondices, à tel point que l’on se demande si les pluies ardentes sont composés d’eau où d’une mixture infâme, invoquée par un tel lieu. Profondément meurtri par un accident qui a plongé sa femme dans le coma, Cham Lau utilise comme appât la jeune femme qui l’a renversée au volant de sa voiture, Wong To (Liu Cya). À l’issue d’une course-poursuite intense et éreintante, la jeune femme aurait pu prendre le large, mais face au policier aussi dévasté que déterminé, elle accepte de purger une nouvelle peine en prenant part de cette façon sordide à l’enquête.

La mise en scène léchée de Soi Cheang, marquée par quelques plans vertigineux, met l’accent sur l’intensité du jeu proposé par Liu Cya et Ka-Tun Lam – Mason Lee se montrant quelques degrés en dessous de ses deux partenaires. L’intensité du film croît au fil des erreurs commises par le duo d’enquêteurs alors que le tueur, que l’on identifie avant eux, leur semble insaisissable. Si le film aurait pu déraper dans son dernier segment et qu’il n’atteint pas les sommets contemporains d’un cinéma sud-coréen auquel il s’apparente, le chemin de la noirceur emprunté par Limbo l’impose comme un de grands polars de l’année 2023.

3.5 étoiles

Limbo de Soi Cheang, en salle depuis le 12 juillet 2023, avec Ka-Tung Lam, Mason Lee, Liu Cya.

 

Photos du film Copyright capelight pictures OHG

Article rédigé par Dom

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