Critique : Antoinette dans les Cévennes

Comédie de la cuvée de la Sélection Officielle du Festival de Cannes 2020 sans festivité, Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal joue avec les sentiers battus de la comédie de couple, offrant à Laure Calamy un premier rôle qu’elle saisit à la perfection. Une savoureuse invitation à l’aventure et à l’introspection.

Thérapie animale

Besoin de rire et de dépaysement en ces temps maussades ? Antoinette et les Cévennes est probablement un remède idéal dans les salles obscures. Il y a évidemment le cadre enchanteur des Cévennes, ces chemins de randonnée escarpés, parcourus avec un animal peu docile et pourtant attachant, un âne prénommé Patrick. Et il y a un premier rôle d’institutrice en vadrouille parfait pour Laure Calamy, brillante partout où elle apparaît, que ce soit sur le petit écran dans la série Dix pour cent de Fanny Herrero ou dans des œuvres comme Nos Batailles de Guillaume Senez, Victoria de Justine Triet ou le méconnu Pour le réconfort de Vincent Macaigne. D’autant plus que la réalisatrice Caroline Vignal n’exploite pas seulement les facettes que l’on connaît déjà de la comédienne, cette ambivalence qui lui permet de jouer sur un fil entre des stéréotypes, d’un côté l’hyper sensuelle un peu cruche et de l’autre une personnalité tenace et intelligente. En plus d’exposer ici une véritable fragilité, qui sert parfois le versant comique, on lui découvre une facette enfantine dans une scène fantastique lors d’une conversation avec la femme de son amant (Olivia Côte) : car la maîtresse, au sens propre comme au figuré ici devra faire face à celle qui partage officiellement la vie et le lit de celui qui occupe toutes ses pensées, Vladimir (Benjamin Lavernhe).

Le plaisir que procure cette comédie qui se démarque des purs produits télévisuels, lourds et prévisibles, souvent ancrés dans un parisianisme rébarbatif et qui squattent les cinémas depuis de nombreuses années se trouve aussi dans ce rapport à la nature, cette collaboration inattendue entre Antoinette et Patrick qui tient quasiment du récit initiatique, sinon de la thérapie animale. Au gré des rencontres, des mésaventures et de la lecture de Voyage avec un âne dans les Cévennes de Robert Louis Stevenson, Antoinette gagne à s’être imposée un tel séjour pour un homme, pour une relation dont le plaisir n’est peut-être qu’artificiel et volatile. Si certains éléments résonnent comme des évidences, d’ailleurs énoncées – le voyage importe plus que la destination –, Caroline Vignal parvient à nous surprendre en se détournant de certaines situations qui auraient pu naturellement procéder de son histoire d’adultère. D’où cet aspect rafraîchissant et sans prétention qui irrigue le film d’un bout à l’autre, sans jamais caler malgré les difficultés de la protagoniste pour progresser d’une étape à la suivante. Mené par une actrice étincelante, ce long métrage qui a le goût de l’aventure simple représente, en somme, une belle bouffée d’oxygène avec un soupçon de romantisme bucolique.

3.5 étoiles

 

Antoinette dans les Cévennes

Film français
Réalisatrice : Caroline Vignal
Avec : Laure Calamy, Benjamin Lavernhe, Olivia Côte, Marc Fraize, Denis Mpunga
Scénario de : Caroline Vignal
Durée : 97 min
Genre : Comédie, Romance
Date de sortie en France : 16 septembre 2020
Distributeur : Diaphana Distribution

 

Article rédigé par Dom

Partagez cet article avec vos amis ou votre communauté :

Twitter Facebook Google Plus

2 commentaires

  1. Sur ce film on est d’accord ! Excellent, charme, fantaisie et émotion avec une Laure Calamy enfin dans un rôle qu’elle mérite. Très bon moment

  2. Pingback :Critique : Iris et les hommes - Silence... Action !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Comments links could be nofollow free.

 

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Avant de publier un commentaire, vous devez lire et approuver notre politique de confidentialité.