Critique : Lady Bird

Pour sa première réalisation en solo, Greta Gerwig attire le feu des projecteurs avec plusieurs nominations aux Oscars. Dans Lady Bird, elle dépeint sa jeunesse à Sacramento, entre rêves de côte Est, premiers amours et une relation mère-fille aussi chaleureuse qu’explosive.

Grandir

Christine McPherson (Saoirse Ronan) est une adolescente un peu singulière dans son lycée catholique, rebelle modérée, mais avec ses cheveux rouges, son espièglerie et sa détermination, elle tranche en quelque sorte avec ce cadre rigide mais toujours bienveillant envers sa personne. L’action se déroule en 2002, au Nord de la Californie, dans une Amérique tout juste défigurée par les attentats du 11 septembre 2001, et c’est une œuvre qui permet à Greta Gerwig de raconter son vécu à Sacramento. Derrière la caméra pour la deuxième fois suite à sa co-réalisation de l’insupportable Nights and weekends avec Joe Swanberg, Gerwig fait le choix d’une narration elliptique, où certaines actions se racontent en une poignée de plans courts pour mieux cibler certains épisodes de la vie de celle qui s’est rebaptisée « Lady Bird ». Une élève moyenne qui rêve des universités de la côte Est, où l’artiste qui sommeille en elle pourrait s’exprimer librement. Seulement, il y a le problème de son dossier scolaire ainsi que celui des finances, avec un père tout juste au chômage et une mère jouée par Laurie Metcalf qui trime pour cinq en milieu hospitalier. Au-delà de sa dynamique intéressante et de son esprit indé qui penche plus du côté de John Hughes que de la production actuelle, Lady Bird touche par sa tendresse, par le regard que Gerwig pose sur sa protagoniste, son entourage ainsi que ses amis.

La force de Lady Bird, en plus de son humour, réside dans sa concentration sur la relation entre cette fille qui se transforme, par ses envies, au gré de ses premiers amours, et cette mère aimante qui, derrière sa dureté, masque sa peur de voir l’oiseau s’envoler vers de nouveaux horizons, loin du cocon familial. Mais il y a toujours cette alternance de ton, qui nous fait passer d’une dispute à l’achat d’une robe avec la plus grande complicité. Et c’est en ne s’écartant jamais de cette épine dorsale que cette comédie dramatique se détache des productions du même genre. Malgré ces qualités, la logique narrative nuit rapidement au souffle du récit : la progression d’une scène à l’autre avec un tel style s’oppose à l’incarnation, et bien que Saoirse Ronan se montre convaincante dans ce genre nouveau pour elle, le personnage ne trouve pas l’ampleur attendue d’une telle une œuvre initiatique. Entre 3 Billboards, Phantom Thread et autres Dunkerque, Lady Bird est probablement le plus petit prétendant à l’Oscar du Meilleur film dimanche. Il est évidemment question d’une représentation des réalisatrices, avec une œuvre se portant aussi sur la représentation des femmes, un choix qui, on l’espère, portera ses fruits en matière de production cinématographique afin de voir le cinéma grandir, lui aussi.

3 étoiles

 

Lady Bird

Film américain
Réalisatrice : Greta Gerwig
Avec : Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Tracy Letts, Lucas Hedges, Timothée Chalamet, Beanie Feldstein
Scénario de : Greta Gerwig
Durée : 94 min
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie en France : 28 février 2018
Distributeur : Universal Pictures International France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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