Cannes 2017 : Good times, bad times

Cannes 2017, neuvième journée avec la présence de Robert Pattinson pour Good Time et David Lynch pour Twin Peaks. Deux films vus mais un sacré échec pour un fan absolu du réalisateur de Lost Highway.

En festival il y a des hauts et des bas, et c’est terrible lorsque l’on tombe au plus bas pour la séance que l’on attendait le plus, celle de la projection des deux premiers épisodes de la saison 3 de Twin Peaks en séance unique de gala à 19h30 – techniquement il y avait une séance en Bazin à 11h et une reprise au Soixantième le lendemain mais l’intérêt était de voir cet événement sur un des plus beaux écrans en France au Grand Théâtre Lumière. Il aura été impossible de dégoter une invitation pour la fameuse séance qui marque les derniers pas de David Lynch sur le tapis rouge comme réalisateur, lui qui a confié ne plus réaliser de longs métrages il y a quelques semaines. Si quelques mendiants auront obtenu le précieux billet, je n’aurai pas eu cette chance et la longue attente dans la file de dernière minute se soldera par un échec, personne n’entrant dans le temple du cinéma après le passage de David Lynch et Kyle Maclachlan sur la musique mythique d’Angelo Badalamenti. J’aurais même essayé de chercher de l’aide auprès de Thierry Frémaux sur twitter – qui ne tente rien, n’a rien. Mais non, il aura fallu subir le défilé de personnalités et festivaliers chanceux sans rien obtenir à la clé, si ce n’est une profonde et inconsolable déception. D’aucuns ne comprennent pas l’intérêt de voir ces deux épisodes ici, les quatre premiers étant disponibles sur internet depuis lundi – d’ailleurs, l’événement aurait été bien plus fort en organisant cette projection plus tôt à Cannes, avant la diffusion sur Showtime mais il est probable qu’un conflit d’emploi du temps avec la promotion américaine ait conduit à cette organisation. Pas d’au revoir au maître du cinéma onirique et surréaliste, à celui qui aura fait naître en moi un profond amour pour le cinéma.

Une journée perdue, et une soirée perdue, à errer comme une âme en peine de la soirée de clôture de la Semaine de la critique au Silencio, en passant par le casino du Marriott. Non, rien à faire, c’est comme si j’avais été poussé en dehors des festivités, de ce maelström de sons et lumières qui semblent si chétif par rapport à ce qui se déroulait auparavant. Il faut se rendre à l’évidence : la croisette manque de vie, les grands studios américains sont absents, les grands hôtels ne sont même pas défigurés par des affiches de film à venir. Peut-être que quelque chose est brisé depuis le début mais que mon regard s’en est détourné par la joie de voir et revoir Jessica Chastain, de participer à l’événement Le Redoutable et par la découverte de quelques chocs cinématographiques.

La journée avait pourtant débuté sous de bons auspices avec la projection à 8h30 de l’excellent Good Time de Joshua et Benny Safdie, les frangins peaufinant le style déjà impressionnant de Mad Love in New York pour des déambulations jusqu’au bout de la nuit dans un New-york de marginaux. C’est une œuvre qui se vit comme un trip viscéral et hallucinogène, et ce grâce à une bande originale électronique favorisant les nappes et boucles à rendre dingue dès le premier plan, un simple plan aérien sur un building où Nicolas Niklas (Benny Safdie), en séance avec un psychologue, est tiré de là par son frère Connie (Robert Pattinson). Ce film, qui semble répondre au After Hours de Martin Scorsese sur un versant névrotique et fondamentalement dramatique, se déroule à une vitesse haletante, le braquage foireux d’une banque conduisant Nicolas en prison puis à l’hôpital. Connie n’a qu’un seul souhait, ramasser un petit pactole pour vivre avec son frère autiste à l’écart de cette ville grouillante et de ces tristes instituts mentaux. Robert Pattinson, habité, trouve son meilleur rôle, nerveux et désespéré, avec un look à régner dans les quartiers les plus malfamés de la métropole de l’Est américain. Avec une caméra toujours proche des acteurs, de leurs visages, les frères Safdie captent une urgence et une émotion à fleur de peau, attrapant le spectateur par la main pour courir sans relâche et traverser la nuit avec une galerie de personnages étonnants, d’un dealer d’acide à une adolescente loin d’être farouche. Good Time est la preuve d’un style qui a atteint la maturité, par son esthétique de plus en plus séduisante, entre les néons glaçants d’un Nicolas Winding Refn et le caractère charnel des œuvres chérissant toujours la pellicule. Peut-être que Robert Pattinson prend ici la tête dans la course au prix du meilleur acteur, peut-être que les Safdie viennent de prouver qu’ils sont des cinéastes promis à une longue et passionnante carrière. Un singulier et captivant thriller que ce Good time.

Au Miramar à 11h30, la Semaine de la Critique présente son film de clôture, Brigsby Bear de Dave McCary. Dans cette comédie où l’on peut croiser Mark Hamill, Claire Danes ou encore Andy Samberg (le film est aussi une production The Lonely Island), un jeune homme confiné par des parents qui se révèlent être des kidnappeurs fait son éducation au travers d’un show télévisé créé spécialement pour lui par son père « adoptif ». Lorsqu’enfin il découvre le monde réel ainsi que ses vrais parents, impossible pour lui de se détacher de ce show avec pour protagoniste un ours. Il décide alors de réaliser un film à l’aide de sa sœur et ses nouveaux amis. Original, ce long métrage toujours bienveillant avec un humour basé sur le décalage entre notre monde et l’éducation isolée de James (Kyle Mooney) permet d’offrir un regard plein d’innocence et d’envie sur la création artistique, et plus particulièrement le cinéma, avec un sens de la débrouille qui toucherait presque à celui de Michel Gondry, sans jamais l’imiter. Un vrai petit délice qui souligne les pouvoirs du cinéma.

Article rédigé par Dom

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