Cannes 2017 : Militer !

Samedi 20 mai 2017, une quatrième journée de festival renversante. Il y a le choc qui fait l’unanimité (ou presque) 120 battements par minute (photo ci-dessus), la découverte du court métrage de Kristen Stewart et une première projection à Un Certain Regard avec Wind River de Taylor Sheridan.

Robin Campillo, réalisateur du troublant Eastern Boys plonge dans le militantisme avec 120 battements par minute. Le film prend place au début des années 1990, au sein du groupe Act Up Paris, un mouvement composé d’homosexuels atteints du SIDA – ou, comme nous le dit Thibault (Antoine Reinartz) qui nous présente les enjeux d’emblée, une fois dedans, il est impératif de se faire passer comme séropositif aux yeux des médias. Leur combat : affronter les groupes pharmaceutiques et le gouvernement Mitterrand. Ils reprochent aux premiers le manque de transparence de leurs essais et la lenteur de mise à disposition sur le marché de nouveaux produits pour aider les malades. Au second, ils leur reprochent un manque de sensibilisation de la jeunesse, encore ignorante des modes de contamination. Grâce à une mise en scène très alerte, proche du documentaire, en caméra épaule, le spectateur participe aux actions parfois impressionnantes (les lancées de faux sang) du groupe. Des débats aux actions, deux figures se détachent, un nouveau couple, Sean (Nahuel Pérez Biscayart), militant de longue date, et Nathan (Arnaud Valois), un nouveau, qui n’est pas séropositif. Du cadre général, le film glisse, en douceur, vers la relation sentimentale, où la dégradation de la santé de Sean nous condamne à un final bouleversant. Poignant, le film se détache aussi de son réalisme par des séquences lyriques, notamment lors des fêtes qui se mêlent à des images moléculaires du virus en action. 120 battements par minute est une œuvre d’autant plus importante qu’elle surgit à une époque où la prévention contre le SIDA semble avoir reculée, d’aucuns, parmi les plus jeunes, pensant qu’il est possible de guérir de ce mal aujourd’hui. Cette bataille au sein de la communauté homosexuelle résonne également comme un appel à la tolérance aux heures où certains mouvements en France sont autorisés à manifester contre l’union de deux hommes ou de deux femmes. La somme de qualités du nouveau film de Robin Campillo lui garantit une place au palmarès – et on imagine que la Queer Palm est déjà acquise.

Alors que Clint Eastwood présente Unforgiven en salle Debussy, il y a foule face à la salle Bunuel, au palais, car Kristen Stewart y présente son premier court métrage, Come Swim. Accompagnée par son acteur principal Josh Kaye et son producteur, la comédienne se présente avec un look digne d’une Furiosa de gala de Mad Max : Fury Road !
Come Swim est un étonnant premier film, touchant à l’expérimental. Torturé comme un cauchemar frénétique, il présente un homme rongé par la peur de se noyer – fondée ou non ? Suscitant de nombreuses questions, il aurait été intéressant d’avoir un petit débat avec la jeune réalisatrice à l’issue de la séance, assez malheureuse : ses fans n’étaient venus que pour espérer avoir un selfie avec elle. La comédienne doit lutter pour sortir de la salle, posant toutefois avec les personnes la harcelant littéralement. En quittant le palais par l’entrée des artistes, je me retrouve derrière une légende : Clint Eastwood, s’apprêtant à quitter les lieux ! Et puis, vent de panique, une alerte à la bombe bloque l’accès à la salle Debussy, et si la première séance presse du film Le Redoutable aura été fortement retardée, les équipes de la sécurité auront géré cet incident avec un grand professionnalisme.

L’équipe de « Wind River » à l’issue de la projection

Et la nuit, c’est en Debussy que l’on se rend, pour découvrir Wind River de Taylor Sheridan (sélection Un Certain Regard), son « premier » film – il renie son premier long métrage, mais visiblement, cela ne l’empêche pas pour concourir pour la caméra d’or. Etaient donc présents le jury de la caméra d’or, présidée par Uma Thurman et l’équipe du film, Taylor Sheridan, les comédiens Jeremy Renner, Elizabeth Olsen, Julia Jones et les producteurs du film.

Entre le polar et le western polaire, Wind River nous conduit sur les terres enneigées du Wyoming où une jeune femme de la communauté indienne est retrouvée morte, pieds nus, par Cory (Jeremy Renner), garde forestier, à plusieurs kilomètres de toute habitation. Une jeune recrue du FBI est envoyée sur place, Jane (Elizabeth Olsen), afin de déterminer si une enquête doit être lancée. Derrière les scénarios de Sicario et Comancheria, Taylor Sheridan présente une mise en scène véritablement déplorable, que ce soit dans les cadrages ou le découpage du film, jamais judicieux. On trouve quelques raccords intéressants, mais les bons points s’arrêtent ici. On pourra évoquer une direction d’acteur impeccable, faisant du duo Renner/Olsen une paire fortuite d’enquêteurs assez forte mais c’est insuffisant, car même ce récit, pour lever le mystère sur une mort atroce, peine à séduire. En creusant la figure de Coby, il trouve l’archétype du père meurtri faisant régner la justice lui-même tel un cowboy d’un autre temps. Une déception.

Suite des événement avec The Meyerowitz Stories, How to talk to girls at parties et Le Redoutable.

Article rédigé par Dom

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