En Bref : L’Été dernier

Présenté en compétition au Festival de Cannes 2023, L’Été dernier offre un rôle troublant à Léa Drucker en avocate entretenant une liaison avec son beau-fils de 17 ans. Toutefois, si la direction d’acteur de Catherine Breillat conduit les comédiens vers l’excellence, le film peine à convaincre par son esthétique et son développement hasardeux.

À l’origine, il y a un film danois, Queens of Hearts (2019), réalisé par May el-Toukhy. Le producteur Saïd Ben Saïd acquiert les droits et propose à Catherine Breillat, qui n’a plus tourné de long-métrage depuis Abus de faiblesse en 2013, de retravailler ce récit d’inceste, dressant le portrait ambivalent d’une femme pourtant vouée à la cause des abus sur mineurs, le domaine de cette avocate. Anne mène une vie de famille des plus tranquilles avec son mari Pierre – Olivier Rabourdin, capable de se montrer glaçant dans certaines scènes de la seconde partie du film – et leurs deux filles adoptives. Lorsque Théo (Samuel Kircher), issu d’un précédent mariage de Pierre, s’installe chez eux, un climat délétère se propage sous l’impulsion de l’adolescent. Malgré tout, Anne va faire des efforts pour se rapprocher du fils de son mari, et un jeu de séduction les conduit à avoir une relation sexuelle. Et ce qui devait être une simple erreur, un égarement unique, tourne à l’aventure.

Si Léa Drucker étend sa palette de jeu ici, portant littéralement le film avec ses multiples visages, ses revirements émotifs, la mise en scène et la photographie vont constamment limiter la puissance vénéneuse du récit. Les scènes de sexe, filmées en gros plan, s’avèrent terriblement plates, ne proposant aucune opposition entre celles avec le mari et celles avec l’adolescent. La photographie du film, flirtant souvent avec une surexposition inesthétique, interroge, jusqu’à ce que l’on finisse par accepter cette plastique quasiment télévisuelle, quand les équipes vont au rendement journalier. Alors on s’accroche au récit, au virage qu’il prend lorsqu’Anne, qui décide d’arrêter son vicieux manège, doit faire face à la vérité dans les yeux de son mari. Les scènes les plus fortes du film se concentrent sur les suites d’une décision folle de la part de cette femme, celle de mentir, d’utiliser sa position pour dénigrer les mensonges d’un adolescent qui fantasme éhontément. Le film aurait alors pu devenir passionnant, mais il est déjà en fin de course, nous invitant dans des scènes qui manquent alors de crédibilité. On quitte ce long-métrage désarçonné non pas par ce qu’il s’y est joué, mais ce caractère si sec, en manque de vitalité jusque sur le plan sonore, naturaliste et dépouillé. À deux reprises, des morceaux de Kim Gordon avec ses groupes Body/Head et Sonic Youth viennent apporter un éclat abrasif, si éphémère : pourquoi ne pas avoir emprunté cette route avec conviction ?

2.5 étoiles

L’Eté dernier de Catherine Breillat, en salle depuis le 13 septembre, avec Léa Drucker, Olivier Rabourdin, Samuel Kircher.

 

Photos du film Copyright Alamode Film

Article rédigé par Dom

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