[Critique] Moonrise Kingdom (Wes Anderson)

Film d’ouverture du 65ème Festival de Cannes, Moonrise Kingdom est un Wes Anderson qui, fondamentalement, n’a rien de surprenant : après son film d’animation Fantastic Mr. Fox, la mise en scène du texan touche à la perfection – et c’est loin d’être le seul atout de ce long-métrage débordant d’humour et de poésie.

Un amour de jeunesse

La patte de Wes Anderson est inimitable. Sa marque de fabrique est de proposer des comédies dramatiques portées sur la famille, aux cadres soignés comme des petits tableaux que la caméra parcoure en douceur, où les répliques décalées créent une saveur subtile avec le raffinement déployé dans chaque séquence. Moonrise Kingdom s’inscrit parfaitement dans la lignée de l’œuvre bâtie par Wes Anderson : l’introduction du film, tout en travelling et panoramiques foudroyants provoque le plaisir que l’on aurait à découvrir une maquette de maison aux mille détails. La rigueur militaire des mouvements de caméra atteint son paroxysme dans ce long-métrage qui suit l’idylle d’un boy-scout évadé de son camp avec une jeune fille passionnée de musique et de littérature.

Pourtant, même si Anderson peaufine son style ici, il s’écarte quelque peu des lignes classiques de ses récits : les troubles familiaux, multiples, sont des arrière-plans qui se donnent la main grâce à l’histoire d’amour des deux enfants, provoquant une formidable pagaille au sein des scouts, de la police locale et dans la famille de la petite Suzy (délicieuse Kara Hayward, au visage envoûtant), où l’on retrouve en figures parentales Bill Murray et Frances McDormand. Moonrise Kingdom ravive des souvenirs d’enfance autant qu’il en corrige certains : le garçon solitaire ne prend jamais de raclé de la part de ses camarades et l’amour triomphe sur la rancœur. Au fond, Wes Anderson confectionne un univers enchanteur, où il redéfinit le sens de l’aventure avec un humour fin et irrésistible et où son art de narrer atteint un degré d’excellence inouï – fantastiques échanges épistolaires entre les deux amoureux, qui prend la forme d’un sprint syncopé.

Magistralement mise en scène, drôle et touchante, cette nouvelle aventure pop et délicate est un véritable concentré de bonne humeur. Moonrise Kingdom, l’œuvre d’un cinéaste au sommet de son art, et qui semble prêt à y rester longtemps !

4 étoiles

 

Moonrise Kingdom

Film américain
Réalisateur : Wes Anderson
Avec : Jared Gilman, Kara Hayward, Bruce Willis, Frances McDormand, Tilda Swinton, Bill Murray, Edward Norton, Jason Schwartzman, Harvey Keitel
Scénario de : Wes Anderson, Roman Coppola
Durée : 94 min
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie en France : 16 mai 2012
Distributeur : StudioCanal


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Article rédigé par Dom

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2 commentaires

  1. Je suis entièrement d’accord avec ta critique, quelle magnifique mise en scène … Un vrai plaisir ! Sinon, j’ose me permettre d’ajouter juste quelque chose : il me semble que le film s’inspire quelque peu du superbe Badlands de Terrence Malick (pas dans une mesure aussi radicale que le couple Sheen/Spacek bien sûr ^^) mais plutôt dans le récit, 2 amants qui fuient le monde posé et réglementé de la société, en fuite, qui s’installent dans la nature, avec notamment quelques scène similaires : lorsque les deux enfants dansent sur Le Temps de l’Amour à la plage // Quand Kit et Holly dansent aussi (je ne connais pas le titre du morceau) lorsqu’ils sont cachés dans les bois, l’instant du premier baiser … De plus, un plan des plus explicite pourrait confirmer l’influence (ou le clin d’oeil) : lorsque notre boy-scout fugueur tient sa carabine de la même manière que Martin Sheen dans le film de Malick … A voir …

  2. Je n’ai pas fait le rapprochement entre les deux films, rien que pour la violence du Malick.
    C’est vrai qu’il y a cette notion d’amour en fuite mais chez Wes Anderson tout est ancré dans l’innocence des enfants (opposée à la culpabilité du couple meurtrier chez Malick).

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