[Critique] Detachment (Tony Kaye)

Tony Kaye, le réalisateur définitivement associé à American History X, livre un drame social dans lequel il met en scène Adrien Brody en professeur remplaçant dans un lycée où les élèves imposent leur loi. Un film moralisateur qui sombre souvent dans les pires travers du mélodrame.

La mauvaise éducation

Si les jeunes américains sont tous à la dérive, c’est la faute de leurs parents, ayant jeté l’éponge sur leur éducation ou ne cherchant pas à comprendre leurs progénitures. Voici ce que ressasse lourdement Detachment qui démarrait pourtant sur une bonne voie, en essayant d’ausculter le déraillement de la société américaine par le biais des professeurs de lycée, confrontés à une jeunesse violente, provocante et cruelle. Tout est attaqué de front ici, sans aucune subtilité. Les comportements désinvoltes et agressifs sont les effets présentés par le manque d’éducation imputables aux parents – les grands absents de ce long-métrage. Le récit évolue autour d’un professeur remplaçant campé par Adrien Brody – plutôt convaincant et touchant malgré la lourdeur du propos qu’il lui incombe de déclamer –, véritable Bon Samaritain qui ferait passer le Gérard Klein de L’instit’ pour un monstre sans cœur. S’adressant directement aux spectateurs pour exprimer son désarroi, ce professeur évangélisateur ira jusqu’à héberger une jeune prostituée pour la reconduire sur le droit chemin. Rien n’est épargné ! Quelques scènes trouvent toutefois une justesse parfaite dans l’expression d’un problème particulier, mais dans sa globalité, le long-métrage s’enlise dans ses archétypes et son caractère fortement moralisateur.

Le scénariste Carl Lund n’est pas l’unique responsable de cet échec, Tony Kaye, derrière la caméra, ne donne aucune cohérence à sa mise en scène. Des plans tournés au grand angle avec une steadicam donnent la main à des plans qui utilisent des focales plus longues, jouant sur les effets de caméra « documentaire » exploitée par un certain cinéma d’action, mouvements secs et zooms intempestifs étant censés communiquer un sentiment de réalisme et de vivacité au spectateur. Ca et là, des séquences animées sur un tableau de classe s’interposent pour illustrer ce qui est déjà rabâché par Adrien Brody. Pour parachever les défaillances formelles, le film est accompagné d’une bande originale des plus larmoyantes, sans aucune recherche musicale.
Malgré de rares séquences salvatrices, notamment avec le prof joué par James Caan, le film finit par suffoquer dans sa propre illustration du misérabilisme. Thématiques sociétales intéressantes, certes, mais traitement horripilant et frontalité abusive font de Detachment un film peu recommandable.

Remerciements : Allocine.

2 étoiles

 

Detachment

Film américain
Réalisateur : Tony Kaye
Avec : Adrien Brody, Marcia Gay Harden, James Caan, Christina Hendricks, Lucy Liu, Sami Gayle, Bryan Cranston
Scénario de : Carl Lund
Durée : 97 min
Genre : Drame
Date de sortie en France : 1er Février 2012
Distributeur : Pretty Pictures

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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Un commentaire

  1. C’est vrai que au vus de la bande annonce le traitement plastique à l’aire assez inabituel . Cela me géne de voir un traitement documentaire et une image si propre

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