Critique : Le Mans 66

Dans Le Mans 66, James Mangold dépeint la rivalité entre Ford et Ferrari pour s’imposer sur le célèbre circuit de la Sarthe. Un face à face de constructeurs automobiles qui souligne avant tout l’amitié et la passion de deux hommes ayant participé à cette confrontation, Caroll Shelby et Ken Miles.

Zone rouge

James Mangold a fait ses adieux au personnage de Wolverine avec Logan en 2017 pour revenir au biopic, le cinéaste ayant brossé le portrait de Johnny Cash dans Walk the line, qui permit à Reese Witherspoon de décrocher l’Oscar de la Meilleure actrice. Le contexte de Le Mans 66 est simple : le groupe Ford voit ses ventes connaître une baisse significative dans un marché de plus en plus concurrentiel, où le constructeur américain montre des lacunes, notamment sur le plan des voitures de sport. Henry Ford II (Tracy Letts) se met en tête de rattraper le temps perdu en marquant un grand coup, à savoir celui de battre Ferrari sur le circuit du Mans où leurs voitures triomphent inlassablement depuis 1960. Si le film montre le bras de fer entre les deux écuries, il se concentre avant tout sur les deux hommes qui permirent à Ford de rencontrer le succès escompté. Il y a d’abord le pilote Caroll Shelby (Matt Damon), vainqueur de la course en 1959 au volant d’une Aston Martin, mais contraint d’abandonner la course pour la conception de voitures à cause de problèmes cardiaques. Lorsqu’il est recruté par Ford, Shelby sait que le budget alloué pour concevoir un modèle hors norme sera vain sans un pilote d’exception derrière le volant : c’est au pilote britannique Ken Miles (Christian Bale) qu’il accorde toute sa confiance, mais il devra tenir tête à des bureaucrates réticents de voir un tel personnage représenter leur marque dans le monde prestigieux de la course automobile.

S’il est inutile de souligner que Le Mans 66 bénéficie de l’aura et du talent exceptionnel de ses deux comédiens principaux, réunis pour la première fois de leurs carrières, il faut souligner ce qui distingue ce film des autres productions où les automobiles sont au premier plan : le souci de réalisme maximal, quand le cinéma se repose de plus en plus sur les effets numériques. Une trentaine de voitures ont été conçues pour la réalisation de ce film absolument bluffant lors de ses séquences de course et d’essais. La soif de vitesse et d’adrénaline des pilotes est parfaitement saisie et projetée sur le spectateur grâce à cette volonté d’éviter un maximum d’effets numériques pour envoyer vraiment ces bolides sur le bitume. Un montage judicieux et des placements de caméra tout aussi forts permettent alors de frissonner lors de virages pris à des vitesses qui dépassent l’entendement. L’amitié que raconte le nouveau film de James Mangold oppose également la passion ardente des hommes de terrain au désir désincarné de réussite de ceux qui n’ont jamais risqué leur vie derrière le volant d’un prototype hautement perfectible. La force de Shelby et Miles réside dans cette propension à toujours dépasser les limites, d’atteindre cette zone rouge où l’intégrité de la machine, et donc la sécurité du pilote, se retrouvent en jeu. Amour de la vitesse et plaisir de la performance, toujours.

Les connaisseurs de la course et de son histoire ne goûteront guère au suspense lors des 40 minutes occupées par la course du Mans de 1966, une longueur exceptionnelle qui permet de traduire la continuité vécue par les pilotes du circuit, mais tout un chacun y trouvera un véritable éclairage sur Miles et Shelby. Prenant plusieurs libertés avec la réalité historique, Le Mans 66 salue la passion tout en relevant les éléments positifs procédant d’une rivalité acharnée mais dénuée d’hostilité. Décoiffant et touchant, Le Mans 66 montre que le grand spectacle traditionnel a encore de beaux jours devant lui, tant qu’il y aura des passionnés pour le concevoir – mais aussi des fonds pour assurer une conception optimale !

4 étoiles

 

Le Mans 66

Film américain
Réalisateur : James Mangold
Avec : Matt Damon, Christian Bale, Jon Bernthal, Caitriona Balfe, Josh Lucas, Noah Jupe, Tracy Letts, Remo Girone
Titre original : Ford v Ferrari
Scénario de : Jez Butterworth, John-Henry Butterworth, Jason Keller
Durée : 152 min
Genre : Drame, Biopic
Date de sortie en France : 13 novembre 2019
Distributeur : Twentieth Century Fox France

 

Article rédigé par Dom

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Un commentaire

  1. Excellente critique, toujours au plus juste de ce qu’il se passe sur l’écran! Bravo

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