Critique : Infiltrator

Pablo Escobar continue d’inspirer les cinéastes. Alors que la série Narcos occupe les serveurs de Netflix depuis l’été dernier, suivant le mouvement d’Andrea Di Stefano avec Paradise Lost, Infiltrator permet de s’approcher du célèbre baron de la drogue du côté d’un agent fédéral infiltré pour démanteler le cartel. Dans le rôle principal, Bryan Cranston est brillant, mais on ne peut pas en dire autant du réalisateur Brad Furman.

Inside man

Brad Furman (La Défense Lincoln, Players) adapte les mémoires de l’agent fédéral Robert Mazur, agent infiltré ayant risqué sa vie et celle de sa famille pour atteindre Pablo Escobar. C’est la mère du cinéaste, Ellen Sue Brown, qui s’est occupée du scénario d’Infiltrator, long métrage qui repose surtout sur les épaules de Bryan Cranston, qui, quelques années auparavant, fabriquait de la drogue sur petit écran dans Breaking Bad. Encore rare dans des premiers rôles au cinéma – vu récemment dans le décevant Dalton Trumbo –, Bryan Cranston livre une performance de caméléon assez bluffante, marquée par le stress et la tension d’une double vie ultra dangereuse. Robert Mazur, un homme minutieux jusque dans les moindres détails, à l’inverse de son coéquipier de mission Emir Abreu (John Leguizamo, également très bon), plus sanguin et spontané. C’est au travers du blanchiment d’argent que Mazur, ayant pris pour nom Robert Musella, s’approche des barons de la drogue ainsi que des banquiers aux mains sales. Une mission de longue haleine, qui le conduira autour d’une conversation à hériter d’une fiancée, une nouvelle recrue sans expérience du terrain, Kathy Ertz, campée par une impeccable Diane Kruger. Pour Kruger et Cranston, on trouve un double plaisir de jeu : celui du personnage infiltré, et celui du personnage en civil. Malgré les vingt années qui les séparent, le faux couple fonctionne à merveille, mais Infiltrator déroule son histoire sans aucun éclat.

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L’action se déroule en 1985, et malgré le travail sur la photographie et les effets ajoutés en post-production, le numérique prédomine et confère un aspect « toc » à l’atmosphère rétro du film. Détail esthétique qui rejoint une absence totale de vision dans la mise en scène de Brad Furman, découpant sagement les séquences du scénario. Le doute et les soupçons procédant de l’infiltration sont bien présents dans le texte, et quelques échanges entre les comédiens font monter la tension, mais jamais le cinéaste ne parvient à insuffler de suspense sur la longueur, de tourmenter le spectateur comme devait l’être Mazur dans les instants les plus critiques de l’opération. De même, les maux affectant Mazur, sa vie d’infiltré l’éloignant de sa véritable famille, ne sont que tout juste esquissés. L’écart avec un Martin Scorsese est immense, et même avec le mal aimé American Bluff de David O. Russell, qui, malgré ses défauts, possède une vraie dynamique, indépendante de ses chouettes comédiens. Dans Infiltrator, le rythme est aussi mou que le dénouement n’offre aucune surprise. Certaines scènes clés bouleversent l’électrocardiogramme, mais leur somme n’élève guère ce portrait d’un homme remarquable de bravoure. Pas déplaisant pour autant, on est en mesure d’attendre bien plus lorsque l’on s’attaque à l’un des noms les plus célèbres du milieu de la poudre blanche.

3 étoiles

 

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Infiltrator

Film américain
Réalisateur : Brad Furnam
Avec : Bryan Cranston, John Leguizamo, Diane Kruger, Joseph Gilgun, Juliet Aubrey, Yul Vazquez
Titre original : The Infiltrator
Scénario de : Ellen Sue Brown, d’après un roman de Robert Mazur
Durée : 127 min
Genre : Thriller, Biopic
Date de sortie en France : 7 septembre 2016
Distributeur : ARP Selection

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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Un commentaire

  1. La deuxième saison de Narcos est vraiment moyenne by the way.

    Merci pour le film en tout cas =)

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