[Critique] Sinister (Scott Derrickson)

Après un terrifiant remake du Jour où la Terre s’arrêta, il est naturel de voir Scott Derrickson creuser du côté du film d’épouvante. Si son Sinister a le mérite de débuter sur une base solide, le récit s’enlise rapidement dans un semi huis clos sans ambition.

Enquête au point mort

Aujourd’hui, en dehors des remakes, le cinéma d’épouvante peine à s’éloigner du found footage imposé par Le Project Blair Witch et autres Paranormal Activity. Le reste est teintée de comédie et joue la carte du film hybride (comme Rec 3, proposition intéressante mais inaboutie de renouveler une saga sans avenir). Sinister s’essaie aussi au mélange stylistique, non pas pour s’aventurer sur le terrain de l’humour mais celui de l’intrigue policière, guidée par des bobines Super 8 – le found footage n’est jamais bien loin. Ellison Oswalt, écrivain abandonné par le succès, emménage avec sa famille dans la demeure d’une famille assassinée dans des conditions particulièrement atroces, laissant la fille cadette pour disparue. Ellison, campé par un Ethan Hawke convaincant, a évidemment omis de préciser aux siens ce qui s’est déroulé dans leur nouvelle demeure, dans laquelle il se retrouve accueilli froidement par le shérif du comté, peu désireux de le voir fouiner dans la tragédie pour remplacer la police et les voies de la justice. Alors qu’Ellison décortique une collection de massacres documentés sur des films Super 8 retrouvés dans le grenier, l’ouverture sur le surnaturel plonge le film dans un abime dans lequel il ne ressortira jamais.

En confinant Sinister dans la nouvelle maison des Oswlat pour ressortir tous les effets éculés du cinéma d’épouvante, Derrickson et le scénariste C. Robert Cargill s’avouent impuissants sur le terrain de la frayeur. Bruits de pas dans le grenier, apparitions d’animaux hostiles et présence d’un boogeyman aussi redoutable qu’un des guitaristes masqués du groupe Slipknot ne provoquent rien d’autre qu’un profond ennui tandis que l’enquête menée par Ellison et le shérif adjoint piétine sévèrement. Plus question alors d’épouvante mais de torpeur, et le développement de la trame surnaturelle embarque le film vers la pure série Z, sous l’influence de grands films d’épouvantes japonais – comme Kaïro de Kyoshi Kurosawa et Ring de Hideo Nakata. L’imagerie glauque et l’enveloppe sonore troublante de Sinister ne peuvent sauver le projet de la vacuité sidérante siégeant au coeur d’un scénario aussi faible que bancal. Un vrai moment de souffrance cinématographique, qui ferait presque passer le récent Insidious pour une merveille du genre.

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Sinister

Film américain
Réalisateur : Scott Derrickson
Avec : Ethan Hawke, Juliet Rylance, Fred Thompson, James Ransone
Scénario de : Scott Derrickson
Durée : 110 min
Genre : Epouvante, Thriller
Date de sortie en France : 7 novembre 2012
Distributeur : Wild Bunch Distribution


Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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2 commentaires

  1. Dur dur quand même… J’ai été un poil déçu mais pas à ce point-là ! C’est un peu classique, voir sans réelle surprise mais c’est bien fait, très bonne atmosphère et Ethan Hawke y croit, lui… 2/4

  2. Le film en lui même est assez décevant… De mon côté, je n’ai pas apprécié la lenteur du film… L’ambiance par contre était très captivante grâce aux lumières jamais allumées et l’atmosphère très pesante. J’ai aussi trouvé que l’histoire était un peu emmêlée et on ne comprends pas très bien le dénouement de l’histoire.

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