Critique : Paul (Greg Mottola)

Paul

Film américain, britannique, français, espagnol
Réalisateur : Greg Mottola
Avec : Simon Pegg, Nick Frost, Seth Rogen, Kristen Wiig, Jason Bateman, Bill Hader, Sigourney Weaver, Jane Lynch, Jeffrey Tambor, Blythe Danner
Scénario de : Simon Pegg, Nick Frost
Directeur de la photographie : Lawrence Sher
Monteur : Chris Dickens
Durée : 104 min
Genre : Comédie, Science-fiction
Date de sortie en France : 2 mars 2011

 

 

 

 

La trame :

Deux anglais fans de science-fiction parcourent les lieux mythiques relatif aux extraterrestres dans l’Ouest américain. Un soir, ils rencontrent Paul, un alien sollicitant leur aide pour échapper aux mains des fédéraux.

 

Bande Annonce (VOST) :

 

Critique

Rencontre d’un type indéterminé entre le gang de Judd Apatow et le duo britannique Simon Pegg / Nick Frost. Greg Mottola, metteur en scène du désopilant et potache SuperBad et de la douce mélancolie d’Adventureland, dirige les auteurs de Shaun of the Dead et Hot Fuzz dans un road movie avec un petit homme vert à la voix de Seth Rogen – ou en VF, de Philippe Manœuvre ; une équivalence difficile à saisir. Avec de tels talents de la comédie réunis, Paul s’annonçait comme un projet alléchant. Et pourtant…

Bêtise intergalactique

La recette de la parodie de Pegg et Frost est aussi simple qu’efficace : cerner les codes d’un genre, les tourner à la dérision et incarner deux types sympathiques déclenchant le comique par leur bêtise. Sauf que Paul n’est pas une parodie. Le pitch est calqué sur Starman (John Carpenter) : un alien, poursuivi par le gouvernement américain, a besoin de l’aide d’humains pour retourner auprès des siens. Oubliez le jeu exceptionnel de Jeff Bridges, remplacez l’histoire d’amour par deux geeks des plus stéréotypés, et vous obtenez une vision assez claire du nouveau film de Mottola. Alors que les rencontres avec des extra-terrestres sont rarement abordés d’un point de vue humoristique, Paul possédait un capital de loufoqueries inédit qui n’est pourtant pas exploité. A la sortie du Comic-con de San Diego, la rencontre entre deux geeks et un E.T. américanisé par sa longue présence sur le territoire de Ronald McDonald est le point de départ d’un road movie sans surprise, émaillé de personnages caricaturaux allant des agents du FBI décérébrés aux chrétiens extrémistes. Malgré la débilité suprême qui parcoure Paul, les enjeux ne se détournent jamais d’un premier degré incompréhensible pour un tel projet. A en croire que l’évolution de la carrière de Simon Pegg aux Etats-Unis ait eu raison de sa plume et de celle de son camarade.

Physiquement, Paul est le petit homme vert classique, un choix justifié habilement : cette imagerie de l’alien a été répandue pour que la population s’y habitue, car Paul travaillait secrètement avec les hautes sphères américaines. Il a d’ailleurs conseillé Steven Spielberg pour ses films et il est à l’origine du personnage de Mulder dans la série X-files. Ces délicieuses idées sont trop rares et rabaissées par la pléthore insensée de jurons qui domine le métrage. Les grossièretés sans saveurs sont légions et le comique de répétition est d’une infantilité déconcertante. A la découverte de Paul, Clive (Nick Frost) s’évanouit et mouille son pantalon. Vanne récurrente : Clive a pissé dans son froc – trop fendard !
Au fond, Paul n’a pas grand chose d’un alien, derrière la 3D très réussie se cache un jeune américain moyen, adepte d’une certaine cool attitude, clope au bec et juron facile. Certes, il possède certains pouvoirs, comme l’invisibilité, la régénération ou le partage de sa connaissance, mais tous sont relayés au rang de gadgets alors que l’émerveillement devrait être au premier plan.

Film centré sur deux geeks, film à référence geek. Les classiques de la science-fiction, de la culture pop et nerd sont naturellement mis en avant. Rencontre du 3ème type est le plus souvent cité avec Star Wars, et pour ne fâcher personne, Star Trek est également représenté. En flattant la culture des initiés, Paul compte gagner en sympathie là où les qualités cinématographiques font défauts. Et ça fonctionne : comment un fan de Star Wars ne pourrait pas sourire lorsque dans un bar paumé, les musiciens jouent la célèbre musique de la cantine de Mos Eisley ?
Malgré le contre-emploi relatif des personnages secondaires (Bill Hader n’a jamais été aussi anecdotique), la bonhommie de Simon Pegg et Nick Frost suffit à supporter le manque d’originalité du récit qui réserve quelques pointes d’humour réussies au milieu des âneries. Greg Mottola, plus à l’aise pour mettre en scène l’adolescence américaine, s’efface derrière ce divertissement mal étalonné. La catastrophe est évitée de justesse, mais la collaboration se montre infructueuse. Pour le bien des comédies britanniques et américaines, espérons que Simon Pegg et Nick Frost grimpent dans une soucoupe volante, direction « téléphone maison », la Grande Bretagne.

2 étoiles

Article rédigé par Dom

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7 commentaires

  1. On passe un meilleur moment SF devant ça :

    http://www.youtube.com/watch?v=fMW3W-G43gI

    Cordialement.

  2. Ah … petite déception pour moi …
    Merci pour ta critique 🙂

  3. Moi j’ai bien aimé… Plus que Hot Fuzz et Shaun of the dead. Mais à la base, l’humour de Pegg et Frost ne me fait pas rire. Je ne suis pas fan de ces comédies qui parodient un genre. Ça marche bien sur un sketch mais sur un long métrage ca me lasse toujours très rapidement. Là le duo nous fait une vraie comédie, sans chercher à parodier quoi que ce soit, donc ca marche plus pour moi. Cela dit, ca ne casse quand même pas quatre pattes à un canard. C’est sympa, a fait rigoler pendant 90 minutes mais je me lèverais pas la nuit pour voir ca.

  4. Me doutais bien que c’était pas l’extase ce film…en plus avec la voix de Philippe Manoeuvre pour Paul…bof!!!

  5. @Mat, mouais, je suis pas tout à fait convaincu, et c’est très effrayant.

    @NelsHD & Bruce, eh oui…

    @Pitivier, la première fois que j’ai vu Shaun of the Dead, je n’avais pas totalement adhéré (mais il me semble que je l’avais vu en VF), mais à le revoir, j’ai vraiment aimé sa façon d’intégrer une histoire d’amitié et d’amour dans un film qui a tout d’un Romero détourné.
    Dans le cas de Paul, je trouve que le contraste entre la débilité des dialogues (et situations) et le sérieux de la trame est déconcertant.

  6. Le film est plutôt moyen. Même si le contexte et l’histoire paraît originale, j’ai été très déçu par ce film. De plus, Philippe Manoeuvre n’est pas fait du tout pour faire la voix française.

  7. Paul est un gaulois ringard

    Film lourd.
    Ne fait pas rire.
    Stéréotypes grossiers.
    Scénario convenu.

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