Critique : Iris et les hommes

Caroline Vignal retrouve Laure Calamy trois ans après Antoinette dans les Cévennes pour une nouvelle comédie axée autour de l’amour. Cette fois, pas de pérégrinations mais une valse de mâles au travers d’une application de rencontre, afin de combler le vide sexuel qui s’est instauré dans le couple d’une dentiste. Une nouvelle collaboration poilante et pleine de tendresse

Sexe à volonté

Le vibreur d’un téléphone portable aura rarement été aussi drôle que dans la première partie de cette comédie. Bien qu’Iris ne soit pas à l’aise avec les applications de rencontre, cette mère de deux enfants qui ne couche plus avec son mari trouve un succès dingue depuis son inscription sur une application dédiée aux adultères en toute discrétion. Campée par une pétillante Laure Calamy, toujours aussi énergique et drôle, surtout dans la maladresse, Iris cherche à retrouver le bonheur à l’extérieur du foyer sans alerter son mari joué par Vincent Elbaz : c’est donc son activité de dentiste qui en pâtit, au grand dam de son assistante interprétée par Suzanne de Baecque. Des hommes, elle va en croiser une multitude, avec des profils différents, du séducteur sur le tard joué par un désopilant Laurent Poitrenaux à un adepte des pratiques SM (Alexandre Steiger). Surtout, dans cette épopée sexuelle des plus pudiques – les rapports sexuels restent toujours hors-champ –, Caroline Vignal pose un doux regard sur tous ses personnages, Iris évidemment, mais aussi tous ces compagnons d’un jour ou d’un soir – la seule règle que s’impose Iris, ne jamais revoir le même homme, même lorsque le rendez-vous est idyllique. Il n’y a donc jamais de sarcasme mais une exploration bienveillante de la sexualité de tout un chacun, sous le sceau du consentement.

La somme de plaisirs, ce sexe à volonté, conduisent Iris à un état de grâce insoupçonné, une véritable renaissance. Ce qui transparaît dans sa vie de femme et de mère : elle voit sa langue se délier en matière de sexualité, y compris pour en parler frontalement avec une de ses filles. Des accrochages qui mènent à une réflexion salvatrice tandis que le film baisse en régime sur le point de l’humour, mais il conserve toujours la légèreté et la bonhomie présentes dès les premières minutes. À aucun moment il ne sera question de la fin de ce couple, de toucher aux fondements de cette famille qui traverse une crise silencieuse. Vient alors la question du désir lorsque l’on partage le lit d’une même personne depuis tant d’années. Rien de révolutionnaire dans l’approche du sujet ni le déploiement du propos, simplement une comédie se démarquant des sorties les plus commerciales – et les plus lourdes – du genre en France, avec quelques jolis moments cinématographiques comme une séquence musicale enjouée et grisante. Iris et les hommes, un nouveau remède sans effet secondaire pour vaincre un climat maussade.

Merci à Allociné pour la découverte du film en avant première.

Photos du film Copyright CHAPKA FILMS – LA FILMERIE – FRANCE 3 CINEMA