Critique : Assassin’s Creed

Jeux vidéo et cinéma font parfois bon ménage en matière de box-office, mais sur le plan artistique, les adaptations convaincantes manquent cruellement à l’appel. Assassin’s Creed s’inscrit dans la lignée des terribles échecs, pourtant, il y avait pas mal d’arguments pour y croire.

Le Saut de l’effroi

Loin d’être un spécialiste des jeux vidéo de la saga Assassin’s Creed d’Ubisoft – une quinzaine de jeux environ –, n’ayant que traversé la Révolution française dans Assassin’s Creed : Unity, c’est plus en fan de Michael Fassbender que je me porte vers le troisième long métrage de Justin Kurzel. Assassin’s Creed réunit une grande partie de l’équipe de Macbeth, film d’esthète qui forgeait son pouvoir dans l’œuvre de Shakespeare. Ici, le cauchemar visuel côtoie la misère intellectuelle. On retrouve pourtant le chef opérateur Adam Arkapaw, et le final embrumé et cendreux de Macbeth laisse place ici à une inquisition espagnole de pacotille, brouillard numérique tout en contre-jour, et, cerise sur le gâteau, montée au hachoir par un accro à la caféine. Si l’univers contemporain du film se déroule dans un espace clinique standardisé, il offre les seuls moments de répit pour l’oeil du pauvre spectateur ayant choisi ce douloureux spectacle. Dans l’univers des jeux vidéo, Assassin’s Creed mêle l’action et l’aventure à l’Histoire, plongeant le joueur à des époques dans laquelle il doit se fondre dans la masse tout en menant des actions d’infiltration et d’assassinat ciblé. Le socle est une confrontation entre deux clans, les assassins et les templiers. Dans ce film, les templiers désirent récupérer un artefact qui leur permettra d’ôter tout libre arbitre dans le monde, la pomme d’Eden. Pour localiser l’objet, ils doivent « renvoyer » dans le passé les descendants du clan ennemi, grâce à l’Animus. Ainsi, Sofia (Marion Cotillard) et Rikkin (Jeremy Irons) pousseront Cal Lynch (Michael Fassbender) à retrouver les traits de son ancêtre Aguilar dans l’Espagne de 1492.

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Assassin’s Creed est donc, en premier lieu, un échec esthétique. Justin Kurzel se montre bien incompétent en matière de découpage, ses scènes de combat et poursuites sont une collection de plans glanés sans réflexion sur le plateau. Le résultat, aussi brouillon que désagréable, condamne le film en matière d’action. De plus, jamais le film ne mène à un sentiment d’exploration d’un lieu ni d’une époque, d’une part Callum Lynch se contente d’exécuter sa mission une fois de l’autre côté du répugnant miroir – avec, sans raison, des plans de coupe pour mettre en parallèle les mouvements de Lynch dans le centre avec ses mouvements sous les traits d’Aguilar –, d’autre part le réalisateur multiplie les plans aériens et les axes pour une même scène, parfois dans la continuité d’une même action. Une horreur. C’est le cinéma numérique dans toute sa laideur, avec ses artifices les plus rebutants, sans vie aucune. D’un point de vue narratif, le film ne se montre pas plus engageant : la ligne directrice, claire, ne réserve absolument aucune surprise, et il semble même pénible à Marion Cotillard et Jeremy Irons de réciter leur maigre texte, Fassbender et Ariane Labed – dont le personnage échappe à toute caractérisation – ayant toutefois la joie de sauter comme des cabris dans ce marasme. Il faut dire que parmi les trois scénaristes du film se trouvent Adam Cooper et Bill Collage, capable de pondre Le Transporteur : Héritage ou encore Divergente 3 : Au-delà du mur. La quête du libre arbitre pousse alors le spectateur à se poser cette question : dois-je continuer l’aventure jusqu’au générique final ? Oui, après tout, la place de cinéma est chère et me voilà au beau milieu d’une rangée de spectateurs abasourdis. Au bout il y a la pomme – ou plutôt, la boule de pétanque –, puis la sortie, la fin d’une partie infernale manquée par un cinéaste pourtant prometteur. Le saut de la foi aura tourné au saut de l’effroi. Assassin’s Creed, ou la plus mauvaise surprise cinématographique de la fin d’année.

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Assassin’s Creed

Film américain, français
Réalisateur : Justin Kurzel
Avec : Michael Fassbender, Marion Cotillard, Ariane Labed, Jeremy Irons, Denis Ménochet, Michael Kenneth Williams, Charlotte Rampling, Brendan Gleeson
Scénario de : Michael Lesslie, Adam Cooper, Bill Collage
Durée : 140 min
Genre : Action, Science-fiction
Date de sortie en France : 21 décembre 2016
Distributeur : Twentieth Century Fox France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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