Critique : Deepwater

L’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon est l’une des catastrophes écologiques les plus marquantes de ces dernières années. Le film de Peter Berg retrace les dernières heures de ce monstre des mers dans une œuvre loin d’être ratée mais très maladroite dans sa démarche.

Du pétrole et des larmes

Le 20 avril 2010, la compagnie BP ordonne le forage d’un puits au large des côtes de la Louisiane, et ce, en négligeant des consignes de sécurité afin de rattraper une date de forage initiale dépassée d’une quarantaine de jours. Ce sera la fin de l’immense plate-forme Deepwater Horizon, qui coûta la vie à plusieurs membres de l’équipage et provoqua une désastreuse marée noire. Deepwater conduit le spectateur au cœur de cette catastrophe en suivant le parcours du chef électricien Mike Williams (Mark Wahlberg), dont l’héroïsme et le courage ici tiennent de la réalité. Pour les besoins du tournage, une structure reconstituant 85% de la véritable plate-forme a été construite, conférant au film de Peter Berg une plus-value non négligeable en matière de réalisme. Si la première partie du film amène à comprendre parfaitement ce qui provoqua la catastrophe – sans surprise, le sacro-saint pognon –, la partie tenant purement du film d’action tend à diminuer la force du film. Tout d’abord, on se retrouve perdu dans le déluge de flammes et d’explosions, la collection de plans numériques montrant des parties de la structure cédant sous la pression. Certes, on imagine parfaitement que le but du cinéaste est de plonger le spectateur dans le chaos, mais la démarche semble maladroite et répétitive dans ces scènes où Mike Williams, Jimmy Harrell (Kurt Russell) et Andrea Fleytas (Gina Rodriguez) tentent d’enrayer la tempête de pétrole enflammé tout en sauvant leur peau. C’est du côté du montage, sonore également, que le film se montre le plus impressionnant, notamment lors de l’explosion de cabines et des salles où oeuvraient plus d’une centaine de personnes.

deepwater-walhberg

Relativement didactique pour expliquer son univers au spectateur, Deepwater ne parvient pas à se hisser comme un film catastrophe saisissant. Son penchant réaliste et son respect – louable – pour les victimes le conduit à la simple illustration des faits, certes avec des moyens colossaux, mais quelque part au cours de cette déroute, on en vient à se demander pourquoi avoir choisi de se pencher en particulier sur Mike Williams au-delà de l’acte extraordinaire qui le conduira hors de la bouche de l’enfer ? Hormis le directeur de la plate-forme, Jimmy Harrell, et l’opératrice de positionnement Andrea Fleytas, la figure la plus développée est celle d’un des responsables, d’ailleurs désigné ici comme seul responsable, Donald Vidrine, un superviseur de BP, joué par un excellent John Malkovich. Le film aurait gagné en force et en émotion en se consacrant vraiment à une poignée d’employés, notamment parmi les victimes qui seront saluées dans le générique de fin du film. Dans l’optique de rendre hommage aux disparus, n’aurait-il pas été plus judicieux de réaliser un documentaire plus complet et dense sur la catastrophe ? Evidemment, un tel format implique des recettes plus faibles tandis l’habillage du film catastrophe promet de biens meilleurs résultats au box-office. L’entreprise bancale Deepwater se situe loin des pépites du genre, mais sans trouver sa place parmi les déchets que le cinéma américain engendre régulièrement. Curieux entre-deux.

2 étoiles

 

deepwater-affiche

Deepwater

Film américain
Réalisateur : Peter Berg
Avec : Mark Wahlberg, Kate Hudson, Kurt Russell, John Malkovich, Gina Rodriguez, Dylan O’Brien, Brad Leland
Titre original : Deepwater Horizon
Scénario de : Matthew Michael Carnahan, Matthew Sand, d’après un article de David Rohde et Stephanie Saul
Durée : 107 min
Genre : Action, Drame
Date de sortie en France : 12 octobre 2016
Distributeur : SND

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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