Premier long métrage de Duccio Chiarini, L’éveil d’Edoardo conte les mésaventures rencontrées par un adolescent pour sa première relation sexuelle. Loin des comédies potaches sur le sujet, le film opte pour une chronique familiale douce-amère qui s’écoule le temps d’un été.
Problème de peau
Les problèmes de peau à l’adolescence sont plutôt une affaire de boutons disgracieux envahissant le visage. Pour Edoardo (Matteo Creatini), le problème se situe en-dessous de la ceinture : la peau du prépuce trop courte, il ne peut pas envisager de rapports sexuels, ni même la masturbation, sous peine de violentes douleurs. Délicat d’évoquer le sujet dans la cellule familiale tandis que l’été des premières fois est là, et que son ami Arturo (Nicola Nocchi) le pousse à se jeter à l’eau avec la première venue, voire de faire appel à une prostituée. Bien que la situation se présente à plusieurs reprises, Edoardo ne peut pas, car au-delà du problème de sexe, il y a la belle Bianca (Franscesca Agostini), dont le cœur est libre mais qui a déjà l’esprit à Paris où elle veut poursuivre ses études. Entre la délicatesse des sentiments, le tracas physique et des parents dont le couple vacille, L’éveil d’Edoardo se montre autant drôle que tendre, rarement dans la recherche du gag, préférant le comique de situation et quelques dialogues humoristiques à l’humour grinçant ou potache.
Mené par des acteurs convaincants, le film travaille une mise en scène simple, sans recherche d’affect, dans un certain mouvement naturaliste. Mais le réalisateur italien compose quelques cadres cocasses, comme ce plan d’ouverture où Edoardo, plus jeune, se fait nettoyer le pénis par ses parents, fesses à l’air saluant le spectateur, ou encore cette situation comique avec un poulpe dans la salle de bain, unique élément qui aurait pu être revendiqué par un teen movie à l’américaine. Si le problème de virilité adolescente offre un potentiel humoristique vaste dans lequel pioche sagement Duccio Chiarini, le versant amer est saisi pour contrebalancer le ton de ce long métrage avec un équilibre assez remarquable. A partir du sujet rare où le « sexe fort » expose toutes ses faiblesses et sa fragilité, L’éveil d’Edoardo porte un regard sensible sur l’adolescence, sans succomber aux facilités de résolution convenues. Le charme opère autant par la pureté du regard que la sobriété du dispositif filmique. Une séduisante chronique.
Titre
Film italien
Réalisateur : Duccio Chiarini
Avec : Matteo Creatini, Franscesca Agostini, Nicola Nocchi, Mariana Raschillà
Titre original : Short Skin – I dolori del giovane Edo
Scénario de : Duccio Chiarini, Ottavia Madeddu, Marco Pettenello, Miroslav Mandic
Durée : 86 min
Genre : Comédie
Date de sortie en France : 17 juin 2015
Distributeur : Epicentre Films
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