Critique du film Ninja Turtles

turtle-ninjas-fox

Dans la longue liste de projets aveuglément recyclés par Hollywood, les tortues ninja allaient bien tomber sur la case reboot. Leur dernière apparition sur grand écran remontait à 2007 pour un film d’animation dans lequel Sarah Michelle Gellar prêtait sa voix à April O’Neil. Pour ce long métrage en prises de vue réelles, c’est Megan Fox qui hérite du rôle de la jeune journaliste pour un blockbuster des plus enfantins.

Justiciers formatés

Pour replacer les Tortues ninja dans la culture populaire, il s’agit à l’origine d’une bande dessinée de Kevin Eastman et Peter Laird, créée en 1984 dans un but parodique des BD à succès de l’époque, comme Daredevil. La formule fonctionne et les tortues ninjas envahissent le petit écran, au travers de séries animées mais aussi de jeux vidéo avant de rejoindre les salles obscures dans une trilogie de films. Alors que de nouvelles séries animées et d’autres jeux vidéo ont continué de voir le jour dans les années 2000, le cinéma avait abandonné les mutants depuis le film d’animation TMNT – les tortues ninja de Kevin Munroe. Dans un contexte où reboot et super-héros font le bonheur des studios hollywoodiens, Leonardo, Donatello, Michelangelo et Raphaelo pouvaient s’attendre à un lifting un jour où l’autre. Réalisé par Jonathan Liebesman (World Invasion : Battle Los Angeles, La Colère des Titans), ce Ninja Turtles – le titre anglais, amputé de « teenage mutant », a étonnement été conservé –, a été produit par Ian Bryce et Michael Bay, soit les deux hommes derrière Transformers. La direction prise par ce film était donc déjà annoncée, seule surprise, la présence dans le premier rôle de Megan Fox, jouant April O’Neil, ironiquement reporter people qui cherche désespérément à se faire reconnaître par ses collègues en dénichant un sujet sérieux. L’hypocrisie est à son comble quand on se rappelle que Megan Fox avait été écartée de Transformers 3 pour des différends avec Michael Bay. Mais qu’importe, puisque dans ce film, la bimbo assure sa partition avec un savoir-faire qui n’a plus à être mis à l’épreuve désormais.

turtle-ninjas

Le film revient sur l’origine des tortues ninja en remaniement cela par le travail de trois scénaristes qui n’accordent que peu d’importance à la mythologie des créatures vivant dans les égouts, à commencer par leurs prénoms. Ici, April O’Neil va donc rencontrer ces mystérieux justiciers, luttant dans l’ombre contre le clan Foot de Shredder (Tohoru Masamune), qui cherche à prendre le contrôle de New York – avec, bien entendu, un traître dont l’identité ne surprendra personne. Posant son cadre mollement, Turtle Ninja se scinde en deux parties, une nocturne où l’on approche les quatre tortues et leur maître Splinter, et l’autre diurne, dans laquelle elles devront redoubler d’effort et de fraternité pour vaincre le mal. Paresseuse et n’exploitant guère sa 3D, la première partie nous introduit donc à ces tortues ninja version 2014, plus massives que jamais, trouvant un design entre l’obésité et la montagne de muscles, le tout, agité par une mentalité adolescente dans l’air du temps – Michelangelo est devenu un piètre dragueur tandis que Donatello fait office du geek de service. Une volonté de modernisation qui introduit la culture populaire contemporaine dans cet univers qui, à l’origine, se développait en vase clos. Désormais, les tortues accros aux pizzas ont pour référence Lost ou encore Star Wars. L’entreprise pourrait être louable si ces tortues ninja n’y laissaient pas leur charme et leur singularité, car peu de choses ne les distingue des super-héros squattant régulièrement les salles de cinéma. La musique de Brian Tyler (derrière Iron Man 3, Thor : le monde des ténèbres) participe aussi à cette action de fusion qui, fondamentalement, n’a rien de surprenant. Peu étonnant de voir aussi Shredder se transformer justement en machine de guerre robotique digne des films de Michael Bay mettant en scène Optimus Prime et ses compagnons. Avec son humour plus ou moins suranné, Ninja Turtles réserve pourtant quelques belles séquences d’action, et en particulier la longue course-poursuite sur un flanc de montagne enneigée ou encore une bataille finale au sommet d’un gratte-ciel. Si la mise en scène est sans éclat, les effets spéciaux et le travail sur la motion capture s’avèrent des plus satisfaisants pour assurer un minimum de spectacle. Et c’est tout ce que pourra offrir le film. A qui s’adresse alors ce long métrage ? Aux enfants ainsi qu’aux adultes aussi indulgents que nostalgiques, qui pourront sans nul doute tirer un certain plaisir de ce blockbuster impersonnel – pléonasme ? –, réussi sur le plan technique. Aux déçus par un tel retour, Nicole Kidman – ou désormais Penélope Cruz –, ne le dirait pas mieux : « What did you expect ? »

2.5 étoiles

 

Ninja Turtles

turtle-ninjas-afficheFilm américain
Réalisateur : Jonathan Liebesman
Avec : Megan Fox, Will Arnett, William Fichtner
Titre original : Teenage Mutant Ninja Turtles
Scénario de : d’après la bande dessinée de Peter Laird et Kevin Eastman
Durée : 101 min
Genre : Action, Aventure
Date de sortie en France : 15 octobre 2014
Distributeur : Paramount Pictures France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

Partagez cet article avec vos amis ou votre communauté :

Twitter Facebook Google Plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Comments links could be nofollow free.

 

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Avant de publier un commentaire, vous devez lire et approuver notre politique de confidentialité.