[Critique] 47 Ronin, réalisé par Carl Erik Rinsch

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Superproduction confiée à un réalisateur inexpérimenté, 47 Ronin est un impressionnant navet qui n’aidera en rien Keanu Reeves à sortir du gouffre. Courte analyse du désastre.

Mauvais sabre

Dans un japon féodal où tout le monde s’exprime en anglais, production américaine oblige, quarante-sept rônins vont aller à l’encontre de la volonté du shogun pour venger leur maître. Une légende déjà racontée au cinéma, notamment par Kenji Mizoguchi, mais qui se voit ici enjolivée d’une touche de fantastique, le réalisateur ayant pour volonté de rejoindre l’univers de Hayao Miyazaki. Ainsi, nous pourrons admirer dans le film une virulente et gigantesque bête dans la forêt, un renard qui n’est autre que la transformation d’une sorcière, un dragon mais aussi des tengu, créatures qui ont élevé Kaï (Keanu Reeves). Kaï est le mouton noir du groupe, considéré par certains comme un démon mais qui montre pourtant une déférence et une fidélité inébranlables pour le clan du seigneur Asano (Min Tanaka) – et qui en pince un peu pour sa fille avec laquelle il a grandi, Mika (Kô Shibasaki). Asano s’est vu condamné au seppuku à cause d’une sorcière (Rinko Kikuchi, pilote de jaeger dans Pacific Rim) oeuvrant pour le seigneur Kira (Tadanobu Asano). En plus d’ayant provoqué la dissolution du clan, Kira obtiendra la main de Mika après une année de deuil. Trop d’injustice pour les samouraïs et Kaï qui se regrouperont pour un ultime sacrifice, pour l’honneur des leurs. Voilà pour les tenants et aboutissants de ce film qui a vu son scénario évoluer maintes fois, même lors du tournage – mais ce qui ne suffit pas à justifier la laideur de l’entreprise.

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Malgré une photographie et des décors travaillés, des cortèges entiers de figurants en costume, une mise en scène relativement soignée, des effets spéciaux passables, 47 Ronin représente un petit supplice pour tout spectateur amateur de cinéma asiatique. Peut-être que la source du problème ce situe ici, dans cette production américaine grimpant à environ 175 millions de dollars (pour tout juste 40 millions de recettes pour la sortie sur le territoire américain) : s’emparer du cinéma asiatique avec une mauvaise vision d’occidental. Le scénario pondu par Chris Morgan et Hossein Amini se montre d’une pauvreté effarante, des dialogues au développement des personnages, ne donnant aucune matière valable aux comédiens. Ajoutez à cela un manque de charisme spectaculaire des seconds rôles (et même de Tadanobu Asano, terriblement mauvais) et chaque scène dégage le parfum d’une série Z de luxe, accompagnée d’une bande originale fade. Les quelques séquences d’action du film ne présentent aucun intérêt tant elles se cantonnent au minimum syndical. On peut probablement sauver une scène d’assaut proche de la fin où le montage, alternant entre divers personnages, trouve enfin un dynamisme appréciable. Sans une once d’émotion, reprenant une légende nippone avec une lourdeur inacceptable, 47 Ronin rentre dans la catégorie des nanars qui n’ont même pas la chance d’être suffisamment bâclés pour devenir drôles. Dans une tentative de sauvetage des caisses, le film est également exploité dans une 3D inutile. A éviter sans aucun regret.

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47 Ronin

47-ronin-afficheFilm américain
Réalisateur : Carl Erik Rinsch
Avec : Keanu Reeves, Rinko Kikuchi, Hiroyuki Sanada, Ko Shibasaki, Tadanobu Asano, Min Tanaka, Jin Akanishi
Scénario de : , Hossein Amini
Durée : 118 min
Genre : Aventure, Action, Fantastique
Date de sortie en France : 2 avril 2014
Distributeur : Universal Pictures International France

Bande Annonce (VOST) :

Article rédigé par Dom

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3 commentaires

  1. Très dur la note… Je te rejoins pourtant sur l’argumentation, le conflit entre le réal (qui voulait être plus proche du style japonais) et les producteurs (qui eux voulait un truc plus international) a clairement plombé la vision générale… mais finalement ça reste plutôt bien fait, la casse est limité… 2/4

  2. Je pense aussi que vous exagérez, après j’imagine que vous avez du mal à sortir de votre classicisme culturel, tous les acteurs ne sont pas mauvais et certains ont une présence extraordinaire (les acteurs asiatiques que je trouve très bons), tout est loin d’être aussi mauvais, je pense qu’un 2,5-3 /5 n’est pas volé..

  3. @Huruoguy : quel classicisme culturel ? Ici cinéma et éclectisme vont de pair. Il n’est pas non plus écrit que tous les acteurs sont mauvais dans ce film.

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