Premier Contact et autres mea culpa

Alors que sortait ce mercredi 7 décembre le nouveau film de Denis Villeneuve, Premier contact, il est temps pour moi de revenir sur d’autres œuvres chroniquées ici auparavant au travers d’articles loin de leur rendre justice, ou du moins, de refléter leurs qualités. Séance mea culpa avant de venir, dans une optique similaire, sur la première œuvre de science-fiction de Denis Villeneuve en attendant Blade Runner 2 l’année prochaine.

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Seul Nicolas Winding Refn pardonne ?

L’impulsion initiale est la consultation toujours régulière d’articles concernant deux films en particuliers : le premier est Only God Forgives, que j’avais littéralement détesté en le découvrant à Cannes au Grand Théâtre Lumière, à 08h30 le 22 mai 2013. J’étais pourtant prêt, loin d’être épuisé, je me souviens aussi du ciel incertain sur la croisette, de ce beignet au chocolat pris à quelques mètres du temple cannois, de tous ces détails insignifiants pour une critique de film qui témoignent d’un esprit clair et concentré. J’avais rejeté le film en bloc. Peut-être que je recherchais une expérience identique à celle offerte par Drive, mais l’explication est sans doute plus simple : ce n’était peut-être pas le moment idéal pour moi de découvrir le film. Aller au cinéma est une démarche réfléchie, on choisit son film et sa séance – en général ! Un peu comme un repas – qui nourrirait ici l’esprit –, on place dans notre assiette ce qui nous fait à priori envie sur l’instant. En festival, les choses sont différentes, les festivaliers font le choix au travers d’un planning assez strict, d’autant plus que certaines séances sont plus faciles d’accès que d’autres selon le badge que l’on possède. En somme, on programme ses repas de cinéphile à l’avance, avec, forcément, des loupés et des mets repoussés ultérieurement.
Je n’épiloguerai pas sur les raisons difficiles à cerner qui m’ont poussé à écrire (et dire) du mal sur le film de Nicolas Winding Refn, mais grâce à Jean-Christophe Garcia qui écrit parfois ici, j’ai revu ce thriller ultra esthétique avant de retourner sur la croisette pour The Neon Demon et j’ai eu la sensation de redécouvrir le film sous un angle inédit, véritablement. Si bien que le film m’a plu, beaucoup, et que j’ai aussi réussi à saisir la démarche du cinéaste danois cette fois. On ne peut pas dire que le temps, la maturité soient des facteurs dans ce changement de point de vue, car en l’espace de trois ans seulement, ma vision du cinéma et mes goûts n’ont pas évolué. J’ai simplement vu plus de film, découverts de nouvelles réalisatrices, de nouveaux acteurs, des cinéastes de pays alors encore inexplorés. Bref, si j’avais le temps, je reverrai entièrement ma copie sur Only God Forgives mais le film devra se contenter de ces plates excuses ici.

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Révérence à la maison close

Même problématique avec L’Apollonide – Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello, découvert à Cannes en 2011. Le film m’avait plongé dans une sorte de léthargie où je ne saisissais guère la beauté langoureuse et mélancolique du film. Pour ce cas, d’autres raisons sont invocables : déjà, c’était mon premier festival de Cannes, il y avait donc le manque d’expérience comme festivalier, la fatigue, mais aussi, le film a été remonté (je ne saurai dire dans quelle mesure) après le festival. Redécouvert récemment grâce à une diffusion sur Arte, j’ai été charmé par la démarche de Bertrand Bonello. Entre temps j’ai aussi découvert un peu plus son cinéma, le génial Tiresia mais aussi son magnifique Saint Laurent. Peut-être des facteurs influençant mon regard sur ce bordel d’antan. En somme, j’aime aussi ce film désormais, film qui n’a pas été défendu sur cet espace virtuel. Mes plus plates excuses aussi. Au fond, ce qui m’affecte doit aussi jouer des tours à d’autres critiques et cinéphiles, et il est important de revenir sur ses propos parfois. Il n’y a même pas un an, j’avais abordé Star Wars : le réveil de la force non pas au travers d’une critique mais d’un article pesant le pour et le contre, en étalant mes joies et mes doutes jusqu’à revoir le film et publier une chronique conforme à ma vision définitive du film de J.J. Abrams. Aujourd’hui je ne publierai donc pas de critique de Premier Contact et je conseillerai à tout amateur de science-fiction de se rendre au cinéma sans lire (ni voir) trop d’éléments sur ce long métrage. Le plaisir de découverte y sera d’autant plus puissant.

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Premier Contact : un rendez-vous manqué

Attention, dans ces lignes, j’aborderai certains éléments clés de l’intrigue de Premier Contact, voici donc les dernières lignes avant de pouvoir prendre définitivement la fuite (non, restez sur le site, lisez par exemple le test blu-ray de En Chair et en os ou encore la chronique du magistral Sully), ou de prendre de plein fouets quelques spoilers. Je n’ai pas découvert le nouveau long métrage de Denis Villeneuve en festival mais au cours d’une séance du Club 300 d’Allociné, le 17 novembre 2016. Pourtant, la séance était particulière pour moi, car le lendemain, j’allais tourner mon nouveau court métrage, Je suis en terrasse, ou plutôt, j’angoissais sur le fait de ne pas pouvoir tourner mon film en cas d’averses sur Paris. C’est donc dans un état d’anxiété mêlée de fatigue que j’ai découvert ce film qui faisait partie de mes plus grandes attentes de l’année, et lorsque la lumière s’est rallumée dans la salle, j’aurai bien été incapable de donner mon opinion sur le film, sinon de relever certains éléments faisant peser la balance du côté du pour et d’autres du côté du contre, éléments que je vais vous présenter dans le paragraphe suivant (dans une liste non exhaustive).

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A divers endroits du globe, des vaisseaux extraterrestres font leur apparition. Pas d’invasion comme dans les blockbusters hollywoodiens, ni même d’exploration de nos contrées de la part des créatures de l’espace : les vaisseaux semblent totalement inertes, en position stationnaire. Dans ce film de science-fiction intimiste, une linguiste américaine, Louise Banks (Amy Adams), est convoquée par l’armée pour tenter d’établir un contact, un dialogue avec les extraterrestres. La question étant de savoir le pourquoi de leur présence. Malgré l’absence apparente de menace, la première incursion au cœur du vaisseau provoque une tension terrible – la musique de Jóhann Jóhannsson, un peu trop proche de celle de Sicario, y joue un rôle. Soudain, les lois de la gravité sont transgressées pour accéder à cette salle obscure et faire à face à un mur translucide et blanchâtre, fenêtre sur l’inconnu. C’est un peu la mise en abyme du spectateur dans la salle de cinéma. Et l’inconnu n’a pas l’apparence d’un petit homme vert mais une forme qui pourrait s’apparenter à une gigantesque main, aux extrémités tentaculaires. Entre la main humaine et la pieuvre, on pourrait même évoquer cette pochette de l’album Year Zero de Nine Inch Nails qui montrait « la présence » :

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La mission de Louise consiste alors à leur faire comprendre notre langue, en l’occurrence l’anglais, et de saisir leur forme d’expression, à base d’idéogrammes à la structure circulaire. Passionnant à ce sujet, le film, baignant dans une forme d’immobilisme qui lui sied parfaitement, prend d’un coup le raccourci de l’ellipse en voix-off : brusquement, la communication est possible – comment ? –, et il faut vite accélérer les échanges alors que la Chine s’apprête à attaquer le vaisseau au-dessus de son territoire. Partagé entre l’intimisme du destin du personnage excellemment campé par Amy Adams, ses problématiques géopolitiques et son mystère linguistique, Premier Contact peine à cristalliser harmonieusement ses enjeux. Si l’expérience s’avère prenante, la déception pointe son nez quant aux révélations si attendues – mais peut-être que l’intérêt du film réside uniquement sur son matériau émotionnel ? Voici en tout cas mes premières impressions, ce qui m’est resté du film après un tournage et le montage d’un court métrage, mais aussi quelques films visionnés entre temps, évidemment. Le souvenir d’un film de science-fiction ambitieux et irrégulier, comme une promesse exprimée d’une voix incertaine. Peut-être que mon premier rendez-vous avec Premier Contact est un véritable raté. J’espère avoir une nouvelle chance prochainement.

N’hésitez pas à donner votre avis sur le film dans la section commentaire.

Article rédigé par Dom

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